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Conseil national de LREM : ce que les Français (et les adhérents) attendent vraiment d’un nouveau secrétaire général
©BERTRAND GUAY / AFP

Feuille de route

La direction de la République en marche est vacante depuis la nomination de Christophe Castaner place Beauvau. Philippe Grangeon a été désigné pour assurer l'intérim, en attendant l'élection d'un nouveau chef... qui aura la lourde tâche de définir une feuille de route pour le parti.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : La République En Marche tiendra son Conseil national ce dimanche 21 octobre, avec en toile de fond la question du remplacement de Christophe Castaner à la tête du parti. Du point de vue de l'opinion, quelle serait la feuille de route du prochain dirigeant de LREM ?

Jérôme Fourquet : Je ne suis pas convaincu qu’il y ait une feuille de route qui soit spontanément adressée par l’opinion publique à LREM puisque, comme souvent sous la 5ème République, il y a toujours un problème de positionnement pour le parti présidentiel qui doit trouver la bonne distance vis à vis du pouvoir exécutif. C’est d’autant plus vrai dans un quinquennat marqué par la présidence jupitérienne. Les Français n’attendent donc pas forcément grand chose de la République en Marche. Ils attendent des choses de la part du gouvernement et de la majorité mais pas forcément du parti en tant que tel.

Cela d’autant plus que -autre différence par rapport au quinquennat précédent- ce parti est très peu identifié, très peu incarné par des personnalités et très peu enraciné sur le territoire. LREM reste donc encore un parti relativement abstrait. On se souvient des difficultés de l’UMP sous Nicolas Sarkozy et du PS pour François Hollande, mais ici c’est d’autant plus fort parce que le parti est tout récent : il n’avait pas d’existence propre avant les élections. Or, on peut penser que l’année et demie qui vient de s’écouler depuis les élections n’a pas été l’occasion pour le parti de prendre forme auprès de l’opinion publique.

Si l’on pousse le raisonnement plus loin, on peut néanmoins faire l'hypothèse que ce parti pourrait avoir comme fonction de permettre une de reconnexion entre le pouvoir et les élus locaux. L’un des objectifs du récent remaniement était de faire entrer au gouvernement des personnalités plus implantées sur le territoire. Or, on pourrait faire l’hypothèse que la structuration de LREM sur le terrain pourrait faire office de canal de transmission visant à faire remonter les attentes et les doléances du terrain d’une part, et d’autre part d’accroître la visibilité du parti afin qu’il puisse défendre, en terme de pédagogie, la politique gouvernementale.

Ca pourrait être, comme toujours, l’une des fonctions d’un parti majoritaire. Fonction, dont on aurait d’autant plus besoin aujourd’hui puisqu’il y a ce procès en déconnexion, notamment vis à vis du président de la République à l’égard des territoires.

Courroie de transmission ascendante ou descendante ? Les deux ayant leur utilité, il y a sans doute des attentes de ce côté-là. Mais y-a-t-il des attentes du côté programmatique ? On voit que c’est très compliqué, mais ce n’est pas propre à En Marche, c’était le cas sous tous les quinquennats précédents. On a en tête la fin de non recevoir que Macron a brutalement signifiée à Castaner lorsqu’il était encore à la tête du parti, entre autres, lorsqu’il a pris la liberté de faire des propositions sur la modification de la fiscalité des droits de succession.

On voit bien que la marche de manoeuvre du parti pour donner un catalogue de mesures sur certains projets et pour mettre en musique le macronisme à côté de Macron lui-même est compliquée. Macron ne semble pas vouloir concéder une part de pouvoir ou de surface sur ces questions-là.

Ainsi, c’est plus sur une fonction d'accompagnement et de présence sur le territoire que les choses pourraient être faites, ce qui ne perturberait pas l’équilibre.

Peut-on percevoir des différences importantes entre l'orientation des cadres et celle des sympathisants du parti ?

Les sympathisants seraient assez preneurs d’une formation politique plus dynamique et qui relaierait davantage la politique qui est menée. Et qui leur donnerait aussi des outils pour qu’ils puissent à leur tour la défendre et la comprendre.

Je pense que les sympathisants sont assez en osmose avec les idées défendues par le parti. Lorsqu’on regarde les notes faites par la Fondation Jean Jaurès et Terra Nova, on se rend compte que les cadres dirigeants LREM et leurs sympathisants sont assez proches. Ces derniers soutiennent un agenda de réformes libérales, la valorisation de la méritocratie, la priorité à l’éducation, un fort engagement européen.

On en revient ensuite au même point : Emmanuel Macron a son propre agenda et a décliné sa propre communication politique et son propre positionnement en décidant de rejouer l’affrontement progressistes contre populistes et en choisissant Orban et Salvini comme têtes de turcs favorites.

Quelles seraient les personnalités les plus "fortes" pour représenter une telle feuille de route ? Ce dimanche, Marlène Schiappa fait part dans le JDD de sa volonté d'être candidate...

On peut effectivement citer, entre autres, Marlène Schiappa qui défend des thèmes très marqués qui se rapportent à sa sphère de compétences telle que l’égalité femmes/hommes, par exemple. De par ses thèmes de prédilection, elle n’est pas plébiscitée par l’ensemble des Marcheurs (notamment parce que 68% sont des hommes).

Mais si les thématiques qu’elle défend sont importantes, elles ne peuvent pas être la colonne vertébrale d’un parti présidentiel. On a parlé, par exemple, de la construction européenne qui est au coeur des préoccupations des sympathisants et des adhérents et qui est bien plus structurante. Or, Marlène Schiappa ne touche pas à cette thématique, ni aux questions de sécurité, d'aménagement de la ville, de flux migratoires… 

L’autre problème, c’est qu’hormis Marlène Schiappa, peu de personnalités se dégagent au sein du parti. Il y a très peu de personnalités identifiées par le grand public. Ce nouveau monde est encore en gestation et a du mal à s'incarner, se structurer, se stabiliser. 

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