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Emmanuel Macron : "Ayez confiance en moi, je ne m’y prendrai plus de la même manière... mais pour faire la même chose"
©LUDOVIC MARIN / AFP

Remaniement

Ce ne sont pas le mots employés par Emmanuel Macron dans son allocution enregistrée dans l'après midi et diffusée dans les journaux télévisés de 20H mais c'est ce qu'il leur a dit en substance er. Au lendemain du remaniement ministériel, un autre, plus discret, mais non moins important se prépare, celui de la direction du parti présidentiel, La République en Marche.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Costume noir, chemise blanche, ton grave, débit volontairement lent, et décor dépouillé, le Président de la République, en a rajouté dans la modestie et la solennité  pour "parler directement aux Français" dans une séquence mi-autocritique, mi-remise en perspective de son action. 

Le souci d'humilité va jusqu'au choix du cadre-dépouillé, (-son bureau), et la présence devant lui de feuillets raturés, est le signe de son application dans la préparation du discours... Cette non mise en scène avait pour but de clore une mauvaise séquence démarrée en juillet avec l'affaire Benalla, qui s'est poursuivie à la rentrée avec les démissions des Ministres  emblématiques du gouvernement, Nicolas Hulot et Laura Flessel d'abord, Gérard Collomb ensuite; le remaniement intervenu hier matin  au terme d'une longue gestation et le discours-mise au point devaient solder cette série de "péripéties"qui s'apparentaient fort à une crise politique. 

J'entends les critiques

"Par ma détermination, comme mon parler vrai, j'ai pu déranger et choquer certains. J'entends les critiques", a déclaré Emmanuel Macron pour  rassurer son auditoire et rappeler: "Il y a un an, combien nous disaient que les réformes de l'école, de l'Université, de l'apprentissage, du travail, de nos entreprises , de nos chemins de fer étaient impossibles ? Pourtant nous l'avons fait" , avant d'ajouter " Il y a de l'impatience  et je la partage mais le temps que nous prenons est celui de nos institutions" . Une discrète mise en garde à ceux qui voudraient bloquer la réforme des institutions annoncée pour janvier 2019 .( La réforme  a dû être  reportée à cause de la crise provoquée par l'affaire Benalla l'été dernier). Or, précise Emmanuel Macron, "il n'y a ni tournant ni changement de cap", mais "une volonté d'action qui n'a rien perdu de son intensité" et de promettre "une puissance éducative sociale et environnementale" qui reste à définir..." Je n'ai pour ma part qu'une boussole; c'est la confiance que vous m'avez donnée en mai 2017", déclare Emmanuel Macron. Cette confiance s'est sérieusement effritée depuis, et il  lui faut impérativement la restaurer s'il veut réussir ses réformes et ne pas subir un cuisant échec lors des futures élections européennes: "L'Europe bascule presque partout dans les extrêmes et cède à nouveau aux nationalismes. Je ne m'y résous pas " déplore-t-il, en se voulant rassurant pour les électeurs tentés d'exprimer leur inquiétude de voir la France perdre son identité en se fondant dans un vaste ensemble mal défini dont le contrôle leur échapperait : "la France doit conserver la maitrise de son destin... Je suis dépositaire du fait que nous ne sommes pas 66 millions d'individus séparés, mais bien une Nation." Une invitation aux électeurs à rejeter les extrêmes ( de droite et de gauche), et à se ranger du coté des " progressistes" dont il est  le chef de file.

Il en faudra sans doute davantage pour que cette confiance dont Emmanuel Macron se réclame, soit à nouveau perceptible dans les sondages et, plus concrètement dans les urnes, au printemps prochain. Seule l'amélioration du quotidien des Français y contribuera. Car ce ne sont pas les "Institutions" qui pèsent sur le pouvoir d'achat des retraités ni sur le prix des carburants, mais les décisions gouvernementales entérinées par le vote de la majorité au Parlement...Et c'est l'exécutif qui a manqué d'anticipation en décrétant une baisse de la taxe d'habitation, sans prendre en compte qu'une partie de cet impôt est définie par les communes, rendant ainsi nulle dans bon nombre de localités, la réforme tant vantée. Cette polémique est en tous cas l'illustration du fossé qui s'est creusé au fil des mois entre le " pouvoir" parisien et les collectivités locales, au bord de la révolte . A cet égard la création d'un Ministère des Collectivités territoriales et de deux secrétariats d'Etat rattachés, montre que l'avertissement a été entendu " en haut lieu", et traduit la volonté du gouvernement de mettre fin au conflit qui l'oppose aux maires, aux départements et aux régions, et qui ajoutait inutilement aux divisions du pays...

Remaniement à La République en Marche

Le remaniement ministériel a pour conséquence immédiate un changement de direction d’un parti présidentiel. Car, aussitôt nommé au Ministère de l'Intérieur, Christophe Castaner a démissionné de sa fonction de délégué général de La République en Marche, fonction qu'il cumulait avec le secrétariat d'Etat aux Relations avec le Parlement, et qu'il avait acceptée ... faute de candidats. Dans sa lettre aux militants , il écrit d'ailleurs :"Je n’avais jamais été un homme de parti, d’appareil. Ce n’était pas mon histoire...c’est par devoir que j’y suis allé, pas par ambition". Aujourd'hui ce n'est pas par devoir que les candidatures se dessinent mais par vocation, parce que les tenants du nouveau Monde ont compris que pour soutenir l'action présidentielle, il fallait structurer le parti, et travailler sur un corpus  idéologique :" le macronisme , ce n'est pas que du pragmatisme", dit l'un des "papabile", le jeune député LaRem Pierre Person, (- fondateur des Jeunes avec Macron),  qui est l'un des favoris, et qui précise que le successeur de Christophe Castaner sera forcément" quelqu'un qui était là depuis le début...La concurrence de Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discrimination, se profile également . Emmanuel Macron s'est peu préoccupé du Parti pendant la première année de son mandat. Alors que se profilent des scrutins européens et municipaux, et que les difficultés politiques lui imposent  plus de collégialité, il sera sans plus attentif à la vie de son parti. Comme l'ont été, avant lui, tous les présidents de la 5e République.  

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