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En permettant l'élection de François Hollande, François Bayrou et le Modem se sont exclus eux-mêmes de la famille du centre et de la droite
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Balle au Centre ?

François Bayrou avait annoncé qu'il voterait François Hollande au second tour de la présidentielle. Le patron du Modem - autant que Marine Le Pen - est comptable de la défaite. L'heure des comptes est venue.

Maël de  Calan Matthieu Schlesinger et Pierre-Emmanuel Thiard

Maël de Calan Matthieu Schlesinger et Pierre-Emmanuel Thiard

Maël de Calan, militant UMP dans le Finistère, travaille dans le secteur privé. Enguerrand Delannoy, militant UMP dans la Vienne, crée son entreprise. Matthieu Schlesinger, militant UMP dans le Loiret, est haut fonctionnaire. Pierre Emmanuel Thiard, militant UMP à Paris, est haut fonctionnaire.

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Les réalités politiques, comme les faits, sont têtues. Comme en 2007, François Bayrou n’a pas fait le nouveau président de la République : la majorité des électeurs Modem a voté, au second tour, en faveur de Nicolas Sarkozy. Mais, il aura contribué à la défaite du président sortant : il a manqué 500 000 voix pour faire basculer l’élection.

Ainsi, François Bayrou ne commence pas une nouvelle traversée du désert, mais sort de la vie politique française. Qui peut croire un instant qu’en 2017, Bayrou âgé alors de 66 ans, candidat pour la 4e fois à l’élection présidentielle, puisse incarner autre chose que l’amertume, le ressentiment et l’échec?
François Bayrou est comptable de cette défaite. Tout autant que Marine Le Pen. Tous deux ont choisi pour 5 ans un président qui a le visage de la place de la Bastille, des drapeaux rouges et étrangers, de la dépense publique, du matraquage fiscal des classes moyennes, du communautarisme et de l’arrogance.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Trois facteurs se sont combinés pour conduire à ce naufrage : une dérive personnelle, un mirage idéologique et la faiblesse de l’UMP.
La faute, d’abord, à Bayrou lui-même. Rarement un homme se sera autant renié pour servir une ambition. Qu’est devenu le défenseur de l’école libre, l’apôtre de la rigueur budgétaire et le partisan de la construction européenne ? Il a asservi à une aventure personnelle, les héritiers d’un courant de pensée respectable, les entraînant dans une fuite en avant.
La faute, ensuite, au mirage du « centre » indépendant. En 20 ans, le béarnais aura « refondé » quatre fois le même parti politique : le CDS, Force Démocrate, la nouvelle UDF et le MODEM. Avec toujours la même idée : jeter les bases d’un grand rassemblement du centre. Après chaque dissolution, il est revenu avec moins d’élus et moins d’électeurs (mais toujours Marielle de Sarnez). L’expérience s’achève. La quatrième dissolution aura été la bonne : il ne reste plus rien.
La faute, enfin, à l’UMP qui n’a pas tiré toutes les conséquences de sa propre création. Les dirigeants successifs de la majorité ont eu tort de permettre à la petite boutique bayrouiste de prospérer, laissant croire qu’il existait une force de centre-droit à l’extérieur de la majorité. En 2002, en n’empêchant pas la constitution d’un groupe à l’Assemblée. En 2008, en permettant au Modem de conserver, avec les voix de la droite, le contrôle de quelques collectivités territoriales. En ne coupant finalement jamais les ponts avec François Bayrou, contribuant ainsi à maintenir la confusion au centre.
Quelles leçons ?
En premier lieu, François Bayrou et le Modem n’appartiennent plus à la famille du centre et de la droite. L’élection présidentielle a tracé hier une ligne de partage claire entre deux camps. Le premier a permis la victoire de François Hollande et de son programme. Le second s’est battu jusqu’au bout pour défendre une France forte, renforcer notre compétitivité, restaurer nos comptes publics, rétablir l’autorité à l’école et maîtriser l’immigration. François Bayrou a choisi de défendre le même candidat que Jean-Luc Mélenchon, Dominique Strauss-Kahn et Eva Joly. Il est des choix qui engagent.
En second lieu, il incombe aux élus du Modem de choisir un camp. Etre indépendant, ce n’est pas refuser de choisir entre droite et gauche ; c’est dire clairement avec qui on s’allie. De ce point de vue, le message est clair à présent. On ne peut pas être de droite en province et de gauche à Paris. A eux de définir la forme politique que cela doit prendre : création d’une nouvelle organisation ou regroupement au contraire, au sein d’un parti existant. C’est le prix de la clarté, de la transparence et de l’honnêteté. C’est d’abord cela la moralisation de la vie politique.
En dernier lieu, l’UMP a le devoir d’inventer un nouveau langage politique. Il ne s’agit pas de « recentrer » ou de « rééquilibrer » le discours. Il n’y a qu’à Libération, Marianne et Médiapart, et chez ceux qui ne cessent de trahir notre camp, qu’on croie ou qu’on a voulu faire croire, que la droite courrait derrière les idées du FN. Pendant quatre mois, nous avons défendu nos valeurs : la Nation, le travail, l’effort et le mérite. 17 millions de Français s’y sont reconnus. A nous de construire, la plateforme politique du nouveau rassemblement.

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