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Remaniement : pourquoi le nom du successeur de Stéphane Travert à l'agriculture n'a aucune importance
©ALAIN JOCARD / AFP

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Depuis le départ de Gérard Collomb de l'Intérieur, les rumeurs vont bon train quant à un remaniement gouvernemental. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert est donné sortant dans bien des analyses, apparemment au profit du député Modem Marc Fesneau. Mais finalement peu importe, car quel que soit le nom du successeur, il lui faudra suivre la ligne tracée depuis l'Elysée.

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey est journaliste et auteur de « Tu m’as laissée en vie, suicide paysan veuve à 24 ans ».

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WikiAgri est un pôle multimédia agricole composé d’un magazine trimestriel et d’un site internet avec sa newsletter d’information. Il a pour philosophie de partager, avec les agriculteurs, les informations et les réflexions sur l’agriculture. Les articles partagés sur Atlantico sont accessibles au grand public, d'autres informations plus spécialisées figurent sur wikiagri.fr

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S'il est logique que des ministres soient nommés pour appliquer une politique gouvernementale, doivent-ils pour autant être inféodés à la maison-mère ? N'ont-ils pas aussi la mission induite de recueillir les remontées du terrain, de les confronter aux feuilles de route reçues, et le cas échéant d'émettre quelques propositions de leur cru pour rapprocher une analyse générale des réalités du terrain en question ?

Le ministre de l'Agriculture du gouvernement Macron - Philippe reçoit une mission essentielle : mettre en oeuvre la promesse électorale de l'ancien candidat, à savoir faire en sorte que les états généraux de l'alimentation soient une réussite, qu'à leur terme les producteurs agricoles aient obtenu une construction du prix telle qu'ils soient sûrs d'être rémunérés correctement, parallèlement à quelques efforts supplémentaires (mais cela ils en ont l'habitude) en direction de la qualité sanitaire ou encore de l'environnement. Il reste bien sûr à définir ce que l'on met derrière chacun de ces mots, et aussi, tout de même, à répondre à toutes les autres questions qui taraudent le monde agricole français... Un exemple entre de nombreux autres, si la carte des zones défavorisées établie par les services administratifs se révèle en contradiction avec la définition de ces aides européennes par rapport aux caractéristiques des terres, alors il faut savoir la réviser... Clairement, ça n'a pas été le cas en plusieurs lieux, dans l'Aude comme WikiAgri l'a suivi de près (et où Stéphane Travert s’est déplacé, mais dans la seule préfecture, pas vraiment le meilleur endroit pour vérifier la pertinence sur le terrain des choix faits sur le papier), ni dans les Deux-Sèvres, ni dans plusieurs autres départements.
Le moins que l'on puisse écrire est que Stéphane Travert présente un bilan plus que mitigé sur son passage au 78 rue de Varenne. Les états généraux de l’alimentation ne suscitent pas le moindre engouement, et pour personne, ni dans le monde agricole, ni pour ceux qui souhaitaient y intervenir pour l’inciter à aller vers davantage de vertus environnementales ou autres. Ils ont même réussi l’exploit d’une forme d’unanimité contre eux, pas pour les mêmes raisons selon les horizons. 45 députés seulement (sur 577) étaient présents dans l’hémicycle au moment du vote de la loi qui en a découlé, preuve de l’absence totale d’enthousiasme pour le texte, quel que soit le camp politique, y compris le majoritaire.
Parallèlement, le ministre « sortant » (si l’on en croit les rumeurs les plus récentes), s’est montré particulièrement aux ordres et obéissant. Sans doute était-ce le ton donné par l’Elysée, de contrôler ainsi (notamment) ce secteur. Pour autant, un peu moins d’obséquiosité et davantage d’initiative (évidemment dans la consultation) n’aurait certainement pas fait de mal. Mais pour cela, il fallait aussi se déplacer au-delà des salons préfectoraux, quitte à enfiler parfois une paire de bottes...
Le prochain ministre de l’Agriculture est visiblement choisi d’abord en fonction des équilibres politiques avant de penser à l’immense tâche qui l’attend dans un secteur en crise profonde dans plusieurs de ses filières, et cela depuis plusieurs années. Je ne m’autorise évidemment aucun procès d’intention envers ce successeur, qu’il s’agisse de Marc Fesneau ou d’un autre. Mais une chose sûre : si le mode de fonctionnement n’évolue pas, si les desiderata de l’Elysée restent considérés comme des ordres qu’il faut surtout se garder d’interpréter au risque de perdre son poste, alors rien n’évoluera pour l’agriculture française. Dans toute politique, le juste équilibre vient lorsque les programmes sont mis à l’épreuve de la réalité. Et puis, finalement, à regarder de près l’exemple de Travert, l’obséquiosité poussée à son extrême n’empêche pas de se voir remercié...

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