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Le président arrogant ? Cette problématique de com' d'Emmanuel Macron qui pourrait bien être rapidement remplacée par une autre… encore plus redoutable
©LUDOVIC MARIN / AFP

Dionysos inversé ?

Selon un sondage Elabe pour BFMtv, Emmanuel Macron serait un président arrogant pour 71% des Français alors que seuls 44% d'entre eux le jugent capable de réformer le pays. (en baisse de 9 points).

Olivier Gracia

Olivier Gracia

Essayiste, diplômé de Sciences Po, il a débuté sa carrière au cœur du pouvoir législatif et administratif avant de se tourner vers l'univers des start-up. Il a coécrit avec Dimitri Casali L’histoire se répète toujours deux fois (Larousse, 2017).

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Atlantico : Au regard de ce sondage, ne peut-on pas estimer que la problématique de communication à laquelle Emmanuel Macron est confrontée risquerait de basculer dans un contexte ou les résultats de son action tardent à voir le jour ? L'arrogance perçue ne risque-t-elle pas de se transformer en quelque chose de plus grave, mêlant l'absence de résultats à l'arrogance d'un président donneur de leçons ? 

Olivier Gracia : Avec des résultats aussi insatisfaisants, tout Président « normal » axerait sa communication sur la discrétion ou la tempérance. Macron, lui, fait le pari du « franc parler » et des coups d’éclat, s’inscrivant dans la droite lignée de son voisin Américain. Alors que les Etats-Unis traversent une période de prospérité assez inédite, avec un taux de chômage historiquement bas et une croissance qui s’accélère, la France d’Emmanuel Macron semble toujours à l’arrêt ! Pour se rassurer Emmanuel Macron fait exactement la même chose que son prédécesseur en arguant de la nécessité d’attendre les bons résultats d’ici cinq ans. 

L’arrogance du Président est alors assez légitimement mal perçue par des Français, qui ne trouvent aucune justification possible à une telle audace, à des mots aussi tranchants ou des phrases assassines. Il y a une forme de décalage entre la communication élyséenne et la réalité du pays. Qu’il s’agisse des chômeurs « fainéants », des grévistes « bordéliques », des assistés qui coûtent « un pognon de dingue », des retraités râleurs, chacun en prend pour son grade ! Emmanuel Macron nous fait parfois penser à un Préfet romain, mandaté par un Empire extérieur à la France, pour évangéliser les « gaulois réfractaires » hostiles aux grands changement du siècle. Le Président Macron est aujourd’hui bien incapable d’avoir une quelconque empathie ou solidarité pour « ceux qui ne sont rien » (mots prononcés par E.Macron à la station F) ou alors seulement s’ils se mettent en marche dans une rigueur germanique et luthérienne. C’est à se demander si le Président ne s’est pas trompé de pays, d’élection ou de culture ! D’ailleurs, le Président se livre et se confie bien plus à l’étranger qu’en France, distillant à ses amis anglo-saxons de savoureuses critiques sur son propre peuple. 

Le Président tient aussi son arrogance de son entourage proche, bien incapable de lui formuler une quelconque critique. Gerard Collomb, lui même, fustigeait le « manque d’humilité » de l’exécutif ! Jupiter a fait ce voeu Louis-Quatorzien de s’entourer de courtisans et de fidèles des fidèles, car lui aussi craint la fronde dans son propre camp. 

Cette même absence de résultats avait pu forger une image d'incompétence à François Hollande, mais sans que ce dernier ne soit accusé d''une forme d'arrogance. En quoi la situation d'Emmanuel Macron est-elle différente, et potentiellement plus problématique ? 

La situation de François Hollande était très différente ! En dépit d’un slogan prometteur « le changement c’est maintenant », François Hollande ne s’était pas élire sur les mêmes promesses d’efficacité ! Le Président Hollande promettait surtout de grandes réformes sociétales et un changement de cap présidentiel pour s’inscrire en rupture avec « l’hyperprésidentialisation » de Nicolas Sarkozy. Si la dimension économique rentrait évidemment en ligne de mire, elle revêtait moins d’importance que sous l’égide d’Emmanuel Macron. Pour les critiques à l’endroit du Président, Hollande ne subissait pas les mêmes reproches. 

Il été accusé de de naïveté, d’incompétence, d’impuissance à réformer le pays tout en diminuant la fonction présidentielle par des excès de normalité. Emmanuel Macron est dans l’extrême inverse de ce schéma en remplaçant la simplicité et la naïveté de son prédécesseur par une arrogance sans retenue, l’incompétence par la technicité, l’impuissance par l’hystérie des réforme et la normalité présidentielle par Jupiter ! Aujourd’hui la situation semble encore plus problématique pour Emmanuel Macron qu’elle ne l’était pour François Hollande. 

Ou en est Emmanuel Macron dans ce processus de construction de son image auprès de la population ? 

Emmanuel Macron est en roue libre ! C’est à se demander s’il a une quelconque stratégie de communication autour de son image. Paradoxalement, on lui connait une affection toute particulière pour la communication avec un début de quinquennat très réussi sur ce plan. 

Aujourd’hui, il est très difficile de percevoir un sens ou une logique à la direction voulue ! En dépit des différentes crises, le Président continue d’utiliser sa franchise et son honnêteté au contact des Français ! Hier encore, le Président nous parlait de « parole rare », on l’attend toujours !

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