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Soirée Atlantico du 2nd tour, avec les réactions de plusieurs de nos contributeurs
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Debrief

Anita Hausser, Eric Verhaeghe, Daniel Tourre, Christian Millau et beaucoup d'autres contributeurs d'Atlantico commentent la victoire de François Hollande.

22h25

Anita Hauser : François Hollande aura-t-il le temps de voir « la vie en rose » que lui promettait en musique  l’orchestre d’accordéonistes  sur la scène de Tulle où le président nouvellement élu est venu saluer les Corréziens et à travers eux tous les Français ? Pas sûr !

Le nouveau Président , qui remporte une courte victoire, est en train de prendre la mesure du poids de sa charge : « ce mandat, il est lourd, il est beau ». François Hollande qui veut axer  son action en direction de la jeunesse et de la Justice , se veut « le  Président de tous ;… « ce soir il n’y a pas deux France, mais une seule Nation» dit-il, « fier d’avoir  été capable de redonner espoir à ses concitoyens ». Il n’a pas esquivé les difficultés puisqu’il a d’emblée évoqué  la question prégnante de la dette, mais aussi affirmé que « chacune et chacun sera traité à égalité des droits et de devoirs »… et qu’aucun « enfant de la République ne sera laissé de coté, abandonné ou discriminé », afin d’assurer une vie meilleure  aux Français.

Une volonté évidente de se démarquer  des discours de Nicolas Sarkozy , auquel il adresse « un salut républicain ». Les deux hommes se sont parlés au téléphone. Pour l’heure on en est aux déclarations d’intention,  à la fête même. François Hollande et les siens savourent l’instant de la victoire . Demain, ou plus précisément au moment de sa prise de fonction,, la semaine prochaine, les ennuis commenceront...

21h40

Eric Deschavanne : Réaction belle et digne de Nicolas Sarkozy. Il faudra faire le bilan de sa présidence, qui ne mérite ni excès d’honneur ni indignité. Sa réélection aurait tenu du miracle. Depuis 1981, les Français votent systématique contre le gouvernement sortant. Les présidents réélus (Mitterrand et Chirac) le furent grâce à la cohabitation, rendue désormais quasi-impossible par le quinquennat. En 1995 et en 2007, les majorités sortantes furent reconduites au bénéfice de la faiblesse de l’opposition et en se rangeant derrière un candidat qui se présentait comme le principal opposant (Chirac et sa « fracture sociale » contre Balladur, Sarkozy et sa « rupture » contre Chirac).

François Hollande est un homme intelligent, lucide et tranquille, qui devrait faire un bon Président. Son élection présente à mes yeux deux vertus. L’alternance, d’abord, qui va permettre à l’opinion de gauche de se confronter au principe de réalité : c’est le prix à payer si l’on veut un jour trouver le consensus nécessaire pour réaliser les réformes difficiles dont le pays a besoin. L’autre motif d’espérance est relatif à l’Europe. Je ne pense pas que, face à Angela Merkel, François Hollande défendra des positions fondamentalement différentes de celles de Nicolas Sarkozy, mais il se présentera avec une légitimité nouvelle, ce qui lui permettra peut-être de faire bouger les lignes. Souhaitons-nous qu’il réussisse à faire progresser l’idée d’une politique économique européenne plus dynamique.

La surprise de la soirée est tout de même l’étroitesse de la victoire de François Hollande face à un candidat que l’on disait plombé par le style de sa gouvernance et/ou par la violence des crises. Le premier tour l’a montré : la gauche est aujourd’hui minoritaire en France. On peut donc légitimement se demander si les législatives seront, comme il devrait, une simple formalité. Les premiers pas seront donc importants : une trop grande arrogance dans la victoire risquerait de provoquer une douche glacée. Pour la droite, le relatif bon score de Nicolas Sarkozy va poser le problème de l’interprétation de la stratégie « droitière » imputée au fameux Patrick Buisson : le président sortant a-t-il perdu à cause ou en dépit de ce choix stratégique ? Le débat est ouvert.

21h10

Anita Hausser : Nicolas Sarkozy a salué l’élection de son successeur avant de s’adresser aux militants UMP réunis à La Mutualité. Il  a lancé un vibrant  « Je vous aime », une déclaration d’amour aux Français, un discours dans lequel  il a assumé toute la responsabilité de cette défaite, loué la grandeur de la France, et redit son attachement au peuple français. Un discours, aux tonalités gaulliennes (comme il n’en a jamais prononcé tout au long de  sa campagne !), dans lequel il n’a pas dissimulé les difficultés qui attendent les Français (et par conséquent son successeur).

Nicolas Sarkozy, à la fois ému et serein, explique qu’il «  restera un des vôtres », mais n’a pas prononcé de paroles définitives, comme Lionel Jospin l’avait fait  le 21 avril 2002. Son discours n’était ni un au revoir ni un adieu. Le flou relatif qu’il entretient sur son avenir lui permettra de voir venir, de faire un retour  le cas échéant dans la politique active après une période « d’abstinence ». Dans  l’immédiat, Nicolas Sarkozy ne sera pas de la bataille des législatives qui se déroulent dans un mois et qui s’avèrent très périlleuses pour la droite. 

21h 

Christophe de Voogd : La victoire de François Hollande était la chronique d’une victoire annoncée. Il y avait une telle constance dans les prévisions qu’on voit mal comment l’inverse aurait pu avoir lieu. Mais la marge est finalement assez faible. Et cette marge va être importante pour le devenir de l’UMP, pour les législatives. Le jeu est-il complètement plié ou pas ?

La seconde chose qui me donne à penser, c’est que Sarkozy parti, l’antisarkozysme va être rapidement dépourvu de nourriture. Très vite –pas tout de suite à cause de la joie de la victoire – apparaitra le problème du facteur de la mobilisation pour le pouvoir. Il n’y aura plus le repoussoir Sarkozy, qui a été le ciment de la victoire. C’est toute l’ambigüité de cette campagne : tous les indicateurs montrent qu’elle ne s’est pas faite pour Hollande ou sur son projet. Mais à partir d’aujourd’hui, il n’y a plus de Sarkozy…

20h30

Eric Verhaeghe : Sarkozy sortira de son quinquennat avec une image grandie par son discours final. L’homme fut haï tant qu’il marchait, mais son départ impose le respect... Chapeau pour cette grandeur d’âme, qui se révèle une fois l’échec consommé.

20h10

Anita Hausser : Fin de partie (pour le moment ) pour Nicolas Sarkozy. Le président de la République, battu à l’élection présidentielle, a réuni son état major politique à l’Elysée ; il a annoncé qu’il ne mènera pas la bataille des législatives qui s’ouvre dès demain et leur a demandé de rester unis. "Ne vous divisez pas, restez unis", aurait-il déclaré à ses amis.

20h 

Anita Hausser : La place de la Bastille bloquée dès la fin de l’après-midi et une Place de la Concorde quasi déserte. A Paris le doute n’était plus permis. Avant même  la fermeture des bureaux de vote, on devinait que François Hollande serait le prochain Président de la République. A 57 ans, il devient de le deuxième président de la République socialiste de la 5e République.  Avec un score oscillant entre 51,5 et 52% des suffrages, son score avoisine celui de 1981 lorsque François Mitterrand avait battu Valéry Giscard d’Estaing.

Même si la défaite est honorable, elle n'en est pas moins cinglante pour le président sortant qui avait mis toutes ses forces dans la bataille pour être reconduit à la tête de l'Etat. Mais Nicolas Sarkozy était arrivé en deuxième position au premier tour, ce qui n'était jamais arrivé sous la 5e République, et il n'avait guère de réserves de voix pour le second tour. François Hollande, avec 28,64,%  des suffrages obtenait le meilleur score jamais obtenu par un candidat socialiste au premier tour. Il a bénéfécié du désistement des écologistes, du Front de Gauche, et à titre personnel du soutien de François Bayrou. Et surtout il a su créer un effet "rassemblement" que Nicolas Sarkozy n'a pu obtenir.

Christian Millau : Primo ,un grand merci à Marine Le Pen qui, par son vote blanc, apparemment suivi par nombre de ses fidèles, a fait le lit de la  très boiteuse coalition PS-Verts-Extrême gauche. Peu iui importe la France, pourvu qu'elle ramasse les miettes. Secundo, après le troisième tour - les législatives - il y en aura un quatrième, encore plus cruel : celui des réalités. Elles tomberont sur la tête de Flamby et de son équipe, mais c'est aux Français qu'elle feront le plus de mal si les enragés du socialisme "à la française" persévèrent dans leurs folies dépensières.

Daniel Tourre : Un socialiste de gauche remplace un socialiste de droite pour accompagner le modèle français vers la faillite… Ca ne changera pas grand-chose. En 1981, la gauche a eu 18 mois d’état de grâce pour faire n’importe quoi. En 2012, elle aura 18 minutes si elle a de la chance. Comme Chirac avant lui, durant son mandat Sarkozy a trahit son électorat libéral au profit de l’étatisme et de l’air du temps. Pour beaucoup de libéraux, c’était la trahison de trop.

Eric Verhaeghe : Curieuse victoire que celle de François Hollande. D’un côté, un chiffre manifestement indiscutable: autour de 52%, ce qui, pour une première candidature, restera dans les annales. Si l’on se souvient que VGE n’avait pas atteint les 51% en 1974, le nouveau président pourra se revendiquer d’un score jamais atteint par un homme qui se présente pour la première fois à ce scrutin, au demeurant sans avoir jamais été ministre ni exercé de pouvoir réglementaire au niveau national.

À l’issue d’un quinquennat qui demeurera dans la mémoire des Français pour les contrastes en tous genres qu’il a portés, la gauche se trouve aujourd’hui aux principaux leviers de commande: à l’Élysée, au Sénat, dans les collectivités locales. François Hollande avance donc sur un tapis de velours comme aucun de ses prédécesseurs ne l’avait rêvé.

En même temps, des signaux faibles donnent un sentiment étrange à cette victoire. D’abord, le nombre de bulletins blancs est une inquiétante fêlure dans notre façade démocratique. Un arrière-goût d’inquiétude nous prend à la gorge. Si l’on admet que le rejet de Nicolas Sarkozy compte pour beaucoup dans cette victoire, l’élection de l’impétrant prend peu à peu le visage de ces victoires introuvables, celles qui reposent plus sur un concours de circonstances et n’emportent pas avec elles l’élan de légitimité nécessaire au relèvement du pays.

Les premiers jours du quinquennat donneront un bon indicateur de la suite. Car François Hollande n’aura guère de répit pour habiter la fonction, comme ses prédécesseurs avaient pu en avoir. La situation financière et la campagne des législatives vont produire un feu nourri qu’il faudra soutenir dès demain. Une étrange atmosphère.

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