Pourquoi le golf n’est plus un sport de riche<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Sport
Pourquoi le golf n’est plus un sport de riche
©JEFF HAYNES / AFP

Golf GTI

Troisième événement sportif le plus suivi au monde la Ryder Cup met en lumière un paradoxe. Sport très populaire, il souffre pourtant d'une image élitiste que la Fédération Française de Golf entend bien gommer dans l'Hexagone.

Christophe Muniesa

Christophe Muniesa

Christophe Muniesa est le Directeur général de la Fédération française de golf. Il commente également les tournois de Golf sur les antennes du Groupe Canal

Voir la bio »

Atlantico : Derrière l'image, le golf est-il réellement un sport élitiste ?

Christophe Muniesa : Aujourd'hui, la réponse qu'on peut faire c'est non. Non pour des raisons strictement économiques qu'il faut mettre en perspective. Jouer au golf en France coûte moins de 1000€ par an pour 46% des gens qui y jouent régulièrement et moins de 1500€ pour 76% des golfeurs de manière générale. La première leçon qu'on peut en tirer c'est qu'aujourd'hui, si indéniablement la pratique du golf ne correspond pas à la pratique la plus modique des activités sportives si on la compare à la course à pied ou à la natation, ce n'est en tout cas plus une pratique inaccessible au niveau économique. Les chiffres que j'évoquais sont des chiffres à l'année mais si vous voulez jouer au golf aujourd'hui dans un club traditionnel, le prix moyen à la journée est de 42€. Si vous allez dans un des 100 petits équipements que nous avons créé tout au long de la période de candidature et d'accueil de la Ryder Cup, le prix tombe à 20€. En ce sens, on ne peut pas considérer que ce soit aujourd'hui un sport élitiste et inaccessible d'un point de vue économique. Cette image qui nous colle à la peau vient du fait que, oui, c'était une réalité jusqu'au milieu des années 70. Le golf était indéniablement en France – moins dans d'autres pays – une activité sportive relativement coûteuse et si l'on devait raisonner en euros, on peut considérer qu'à l'époque il aurait fallu débourser de l'ordre de 5000€ en moyenne pour jouer au golf. On voit bien que c'est devenu beaucoup plus abordable aujourd'hui. 

A l'inverse d'un sport comme le football où un ballon suffit à jouer n'importe où, le golf nécessite pourtant un environnement précis et dédié, loin d'être économique.

Oui c'est très juste. Et d'ailleurs on peut s'interroger sur ce qui fait que le golf est plus cher que le foot ou encore la natation ? Ca ne vient pas du fait que l'équipement coûte moins cher en tant que tel. Construire une piscine représente un investissement très significatif. Construire un stade de foot en centre-ville au niveau foncier est là aussi très cher. Simplement, dans le modèle d'organisation du golf, en comparaison de ces disciplines plutôt historiques, c'est le pratiquant qui paye l'accès à infrastructure. Dès lors que vous êtes sur une pratique subventionnée par la collectivité, ce qui est le cas pour la plupart des sports traditionnels, ça crée évidemment une différence dans le coût d'accès au sport. Le fait que les équipements de golf soient financés exclusivement par les pratiquants eux-mêmes a un impact sur le coût de la pratique et donc l'accès à la pratique.

Est-ce que cette image élitiste est une particularité française ?

Non ça n'est pas une particularité française. Si l'on compare par exemple avec l'Italie, sur une population  presque similaire, ils ont 100 000 golfeurs. Donc ils ont un taux de pratiquants plus faible que chez nous où nous avons 400 000 licenciés et 800 000 golfeurs recensés. Si l'on se compare à l'Espagne aussi qui possède 300 000 joueurs, nous sommes mieux lotis. Par contre par rapport à la Suède, où il règne une vraie passion pour le golf, ils ont 600 000 golfeurs pour 9 millions d'habitants. Et la Suède est justement un contre-exemple de l'argument du lien entre climat et golf puisqu'ils ne peuvent jouer que 6 mois par an mais en hiver ils vont jouer en Europe du Sud, au Maghreb ou en Turquie.

Que faudrait-il faire pour casser cette image ? Mieux subventionner le golf ?

Le soutien des collectivités et de l’État est fondamental. Il nous a permis de créer de très nombreux petits équipements. Un parcours traditionnel s'étend sur une surface de 40 à 50 hectares de plus à l’extérieur des villes. Dans une société de plus en plus urbanisée, cela créé une difficulté pour l'accès à la pratique. En revanche pour les petits équipements qui bénéficient également du soutien des collectivités et de l’État, 5 hectares suffisent. Sur la période 2008/2018, nous avions l'ambition d'en créer 100, nous en avons créé 98. L'offre de pratique est déterminante pour rendre le golf le plus accessible dans tous les sens du terme car il y a une vraie logique entre offre et demande. Nous nous sommes inspirés du modèle irlandais où on trouve beaucoup de parcours qu'on appelle « pitch and put ». Ce sont des équipements avec une petite emprise foncière qui se sont développés de manière historique en Irlande et en Irlande du Nord et c'est ce qui explique en grande partie le succès du golf dans ce pays.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !