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Retour ou recours… : à quel jeu politique Nicolas Sarkozy s’adonne-t-il ?
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Il faut tourner la page

Alors que Nicolas Sarkozy avait déclaré, lors de son intervention sur TF1 du 22/03 dernier "La politique c'est fini, mais la France, ça ne sera jamais fini", l'ancien président vient de signer un discours très politique ce 17 septembre, à l'invitation du consistoire israélite de Marseille.

Samuel Pruvot

Samuel Pruvot

Diplômé de l’IEP Paris, rédacteur en chef au magazine Famille Chrétienne, Samuel Pruvot a publié "2017, Les candidats à confesse", aux éditions du Rocher. 

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Atlantico : Comment interpréter cette "occupation du terrain" politique par un Nicolas Sarkozy qui affirme pourtant en avoir fini avec  ?

Samuel Pruvot : Dans certains cercles, la popularité de Nicolas Sarkozy est intacte. C’est particulièrement le cas dans la communauté juive de France. Cela explique l’enthousiasme que l’on a pu observer à Marseille où il répondait à l'invitation du Consistoire israélite, à la veille de Yom Kippour. Ce n’est pas d’abord l’intervention qui a été plébiscitée mais sa personne (même si sa défense très explicite de l'héritage judéo-chrétien est une ligne qui "paye" à l'heure du terrorisme islamiste.)
Une petite anecdote récente qui remonte au 4 septembre dernier quand Emmanuel Macron est venu présenter ses vœux de Rosh Hashana, le Nouvel an juif, à la communauté juive. Dans la grande synagogue de la Victoire à Paris, l’assemblée compacte attendait l’arrivée du chef de l’État. Un frémissement a traversé toute la foule et certains criaient déjà bravo en applaudissant... J’étais avec la presse, coincé dans un bas-côté, l’incapacité de voir celui qui entrait ainsi triomphalement. Ce n’était pas Emmanuel Macron qui franchissait le seuil mais bien Nicolas Sarkozy. Il faut rappeler que Sarkozy, depuis ses premiers pas politiques à Neuilly, a toujours joué la carte de la proximité avec la communauté juive (cf Le mystère Sarkozy – Samuel Pruvot, le Rocher). Il s’est présenté comme un ami de l’État d’Israël et a fait l’objet de multiples attaques antisémites. Il faut dire qu’il a un grand-père et un petit-fils juifs.
En ce qui concerne sa retraite politique, tout le monde a du mal à y croire. Lui en premier ! Du point de vue rationnel, me rapportait un très proche, Nicolas sait qu’il a été battu en 2012. Il mesure l’ampleur du désamour entre lui et une bonne partie des Français. Mais le principal moteur de la politique n’est pas d’ordre rationnel… Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Quand Nicolas Sarkozy explique qu’il a une relation à la vie à la mort avec la France, il faut prêter l’oreille (même si cet avocat a l’art de plaider sa cause par opportunisme et flatter les oreilles de ses interlocuteurs.) La France, chez lui, c’est une affaire charnelle plus qu’intellectuelle. Il n’a pas vraiment de plan B. Sinon il aurait pu s’inventer une carrière européenne, s’exiler en Italie avec Carla voire aux Etats-Unis. Contrairement à l’image qui lui colle à la peau, il n’est pas un homme politique cosmopolite contrairement à un Manuel Valls qui va chercher fortune ailleurs que dans l’hexagone.

Faut-il y voir une perception, par l'ancien chef de l'État, que la situation politique actuelle pourrait aboutir sur le besoin d'un "recours" qu'il pourrait incarner ? 

Nicolas Sarkozy s’est rêvé en « homme providentiel » en 2012. Et le choc en retour a dû être immense. Peut-être est-il toujours sur la même ligne. Selon ses proches, il garde désormais le silence sur la vie politique française. Même en privé. Il entretient le mystère. Comme s’il voulait regagner une grandeur perdue lors des primaires. Il est parfaitement conscient que la droite gaulliste fonctionne ou dysfonctionne en vertu du charisme de son chef. Aujourd’hui, cette droite est complétement traumatisée par sa défaite de 2017. Pour les militants, la défaite de 2012 n’en était pas vraiment une. Elle avait quelque chose de noble - le graal était à portée de main. On ne refait pas l’Histoire mais on se console avec des ‘si’… Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy a 62 ans. Il jouit d’une popularité extraordinaire auprès des sympathisants de droite qui le placent en tête à 83% selon un sondage récent publié par le JDD. Pour six Français sur dix, il est l’homme qui « incarne le mieux la droite ». Face aux élections européennes, LR semble partir à hue et à dia entre souverainistes et fédéralistes. Au risque de verser dans le fossé des urnes. Nicolas Sarkozy a cette autorité naturelle qui manque cruellement. Il faut un chef charismatique non pas pour choisir une ligne et exclure mais pour faire tenir ensemble des courants contraires.

Que peut révéler cette occupation du terrain concernant la relation entre Laurent Wauquiez et Nicolas Sarkozy alors que ce dernier occupe encore le sommet du classement de popularité auprès de l'électorat de droite ?  

La relation entre Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez est très complexe. Ce n'est pas un mauvais remake de l'affrontement Copé/Fillon. En clair, il ne s’agit pas d’une simple rivalité politique pour obtenir un poste – si grand soit-il. Il y a ici une relation filiale épineuse entre un père spirituel et un fils. Dans l’ombre, Sarkozy continue sans doute de coacher Wauquiez. Même s’ils ne sont pas d’accord sur tout. Le principal reproche de Sarkozy à l’encontre de l’actuel chef de LR est son incapacité à rassembler. Laurent Wauquiez est clivant – une faiblesse que Nicolas Sarkozy connaît bien lui-même… Sauf que Nicolas Sarkozy avait réussi en 2007 ce miracle de fédérer toutes les trois droites : bonapartiste, orléaniste et légitimiste. Pour l’heure le miracle n’arrive toujours pas. LR ressemble de plus en plus à un grand corps malade alors que débute le marathon des élections européennes.

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