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Economie : ces atouts français qu'on oublie trop souvent de valoriser
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Optimisme

La France a de nombreuses cartes à jouer pour booster son économie. Dans une note publiée fin avril, la banque du Crédit Agricole passe en revue les points forts sur lesquels notre pays devrait s'appuyer pour doper sa croissance. Deuxième partie.

Banque Crédit Agricole

Banque Crédit Agricole

Souvent appelé la Banque verte du fait de son activité d'origine au service du monde agricole, la Banque Agricole est un réseau français de banques coopératives et mutualistes qui est devenu depuis 19902 un groupe bancaire généraliste international.

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A lire aussi, la première partie de cette synthèse sur les atouts français

Il a été beaucoup question dans les débats récents des faiblesses structurelles de l’économie française : taux de prélèvements obligatoires élevé (particulièrement pour les cotisations sociales employeurs) ; lourdeurs administratives (code du travail notamment) ; poids des dépenses publiques dans le PIB ; faible niveau de compétitivité prix et qualité des produits exportés ; fragilité des PME, dont la plupart disposent d’une taille et d’une solidité financière insuffisantes.

Si corriger ces 
points faibles ne peut qu’aider à renforcer la compétitivité du pays et à rehausser son potentiel de croissance, la France peut aussi chercher à s’appuyer sur ses points forts et à valoriser ces nombreux atouts :  des grandes entreprises performantes au savoir-faire reconnu internationalement ; des infrastructures de grande qualité et une main-d’œuvre qualifiée ; un soutien renforcé à la Recherche Développement ; une croissance démographique relativement dynamique.

Un soutien public fort et renforcé au niveau de la R&D 

Lancée en 2000 à l’échelle de l’Union européenne, la stratégie de Lisbonne avait pour objectif d’atteindre un taux d’investissement public et privé dans la R&D équivalent à 3% du PIB pour chaque État membre (cf. graphique). Si la France n’a pas réussi à respecter cet objectif, les années 2000 ont cependant marqué un tournant avec la volonté affichée des pouvoirs publics de développer et d’encourager l’innovation et la connaissance. La recherche et l’innovation sont, on le sait, des enjeux majeurs, puisque la faiblesse de la compétitivité des produits français tient pour partie à des facteurs hors prix. Le positionnement milieu de gamme des produits français associés à des marges en déclin (sur fond de compétition féroce) serait notamment responsable de la part limitée des investissements des entreprises en R&D. Un soutien public dans ce domaine doit aider à pallier ces faiblesses, en encourageant les entreprises à investir pour se déployer sur de nouveaux marchés pour s’adapter à la demande et aussi monter en gamme. Au cours des années 2000, plusieurs réformes et mesures ont été entreprises en ce sens. Parmi elles, on peut notamment citer : le lancement des pôles de compétitivité (2005), la réforme du crédit d’impôt recherche (2008) et les programmes d’investissements d’avenir ou « Grand emprunt » (2009).


Les pôles de compétitivité
ont été lancés en juillet 2005. A la suite de fusions et ajouts de pôles, leur nombre est actuellement de 71 contre 67 à la date de leur création. Ils regroupent des entreprises, des laboratoires de recherche ainsi que des centres de formation et se divisent en trois catégories : les pôles mondiaux (7), les pôles à vocations mondiales (10) et les pôles nationaux (54). La participation financière publique à ces pôles se fait sous formes de subventions publiques et via un régime fiscal de faveur (exonérations ou allègements de charges...). Au-delà d’un simple financement public axé sur les projets de R&D, ces pôles ont pour objectif d’encourager la concentration géographique des acteurs d’un même secteur d’activité pour favoriser les économies d’échelle, réduire les coûts de transaction entre acteurs d’un secteur spécifique et encourager l’innovation et l’accumulation de savoir-faire. 

Le crédit d’impôt recherche, mis en place dès 1983, est un dispositif de réduction d’impôt visant à soutenir les investissements des entreprises en R&D. Depuis 2008, seul le volume des dépenses engagées est pris en compte dans le calcul des allégements et ceux-ci ne sont plus plafonnés. L’allègement équivaut à 30% du montant des dépenses de recherche inférieures ou égales à 100 millions d’euros et à 5% au-delà. Sous certaines conditions, les entreprises n’ayant pas bénéficié de ce crédit d’impôt au cours des 5 dernières années bénéficient d’une majoration de ce taux à 50% pour la première année et 40% pour l’année suivante avant de revenir au taux de 30%. Avec la réforme de ce dispositif, l’effort public en faveur de la R&D a nettement augmenté. L’OCDE a calculé qu’en France, pour un euro de dépenses en recherche, 0,37 euro avait été subventionné en 2008 contre seulement 0,06 en 2001 (cf. graphique). Contrainte budgétaire oblige, le dispositif a été légèrement resserré en 2011. Les taux majorés mentionnés ci-dessus ont notamment été réduits à 40% et 35% pour la première et la deuxième année respectivement. 



Les programmes
d’investissements d’avenir ou « Grand emprunt » regroupent l’ensemble des projets qui ont bénéficié ou qui bénéficieront d’un fonds public de 35 milliards d’euros spécialement destiné à « investir pour l’avenir ». Pour l’essentiel (22 milliards), ces fonds sont levés par l’Agence France Trésor sur les marchés financiers. Pour le reste (13 milliards), ces financements publics proviennent du remboursement des fonds prêtés par l’Etat aux banques au moment de la crise de 2008 – 2009. Les programmes d’investissements d’avenir sont regroupés autour de cinq axes stratégiques : l’enseignement supérieur et la formation (11 milliards alloués), la recherche (7,9 milliards), les filières industrielles et les PME (6,5 milliards), le développement durable (5,1 milliards) et le numérique (4,5 milliards). Ces fonds sont transférés à plusieurs institutions publiques (des « opérateurs » comme la CDC ou Oséo), chargés de sélectionner les projets. A fin août 2011, 400 projets avaient ainsi été sélectionnés (engagés) représentant un montant de 12 milliards d’euros (dont 3 milliards contractualisés et 1,5 milliard effectivement décaissés). 

Dans l’ensemble, ces réformes contribuent positivement au développement de l’innovation en France et à l’attractivité du territoire. La formation et le renforcement de la concentration géographique d’entreprises (effets de clusters) ainsi que leurs associations avec des centres de recherche et de formation doivent favoriser l’émergence de projets de recherche innovants. L’efficacité de ces dispositifs pourrait néanmoins être améliorée en concentrant les aides publiques sur un nombre plus limité de projets et en simplifiant les procédures administratives souvent jugées complexes et lourdes. 


Une croissance démographique dynamique 

Le dynamisme démographique français est également un vrai atout. La France dispose en Europe du taux de fécondité le plus élevé après l’Irlande avec 2,03 enfants par femme contre une moyenne de 1,6 pour l’Union européenne (en 2010). La France semble, en effet, avoir échappé à la « seconde transition démographique » post baby-boom avec une baisse du taux de fécondité moins marquée qu’ailleurs. La France reste ainsi l’un des rares pays à être à peu près en mesure de « renouveler ses générations ». En effet, le taux de fertilité de 2,03 enfants par femme (en moyenne de 1,95 sur les 10 dernières années) y est très proche du « seuil de remplacement des générations » de 2,11 (cf. graphique). Ce seuil correspond au « nombre d’enfants qu’une femme doit mettre au monde pour être remplacée par une femme parvenue à l’âge moyen de fécondité ».


L’hypothèse centrale de projections de la population de l’Insee table sur un taux moyen
de 1,95 enfant par femme de 2015 à 2060. Aussi, si la France, comme tous les autres pays européens, devra faire face à un phénomène de vieillissement de sa population (allongement de la durée de vie, générations plus nombreuses arrivant à des âges avancés), elle sera moins impactée en termes relatifs (cf. graphique). Le ratio de dépendance de la France (mesuré par la part des 65 ans et plus sur celle des 15-64 ans) actuellement à peine en deçà de la moyenne de l’Union (25,7% contre 25,9%) progresserait moins rapidement et passerait à 45,5% à l’horizon 2050 contre 50,2% au niveau européen (58,2% pour l’Allemagne). Un des avantages directs est donc une pression relativement moins élevée par rapport au financement des retraites étant donné un potentiel de population active stable et non pas déclinant comme dans la plupart des autres pays européens. La France conserverait, en effet, un même nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans sur les 40 prochaines années. Cette population se stabiliserait à hauteur de 40 millions alors qu’elle diminuerait de 37 millions d’individus à l’échelle de l’Union entre 2010 et 2050.

Au-delà d’un avantage relatif au niveau du financement des retraites, le maintien à un niveau équivalent de la population potentiellement active contribuerait surtout à soutenir la croissance potentielle française (qui très schématiquement est le produit de la croissance de la main-d’œuvre et de celle de la productivité). Ce dynamisme de la population française, par contraste avec le reste de l’Europe, pourrait devenir un élément discriminant en termes d’attractivité. Le marché français du fait de la croissance prévisible de sa population (73 millions d’habitants en 2050 contre 65 actuellement) conserve un potentiel, là ou ailleurs en Europe, il sera davantage question de déclin.

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