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Brexit : un accord possible pour éviter le chaos en Grande Bretagne et fracturer la majorité qui soutient encore Theresa May
©EMMANUEL DUNAND / AFP

Atlantico Business

Selon Michel Barnier, le négociateur européen, un accord est possible, mais cet accord va définitivement fracturer la classe politique britannique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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D’un côté, on a Michel Barnier et Theresa May qui se seraient enfin mis d’accord sur un projet de divorce à l’amiable. 

De l’autre, une opposition politique des partisans d’un hard Brexit, menée par Boris Johnson de plus en plus violent avec comme conseiller de l’ombre, le lobbyiste américain Stephen Bannon, l’ancien conseiller politique de Donald Trump. 

Selon Michel Barnier, le négociateur de la Commission européenne sur le dossier du Brexit, la première phase du Brexit pourrait aboutir à un accord dans le courant du mois de novembre : "Je pense que, si nous sommes réalistes, nous sommes capables de parvenir à un accord sur la première étape de ces négociations, à savoir le traité sur le Brexit, dans les six ou huit semaines".

D’où un sommet extraordinaire au début du mois de novembre.

Avec un peu d’effort, le calendrier pourrait donc être respecté « puisque le Royaume-Uni a décidé de partir en mars de l'année prochaine, le 29 mars, a-t-il rappelé, en tenant compte du processus de ratification, de la Chambre des communes d'une part, du Parlement européen et du Conseil d'autre part " a ajouté Michel Barnier.

Peu probable d’arriver à un accord avant le 18 octobre, date initialement prévue pour un sommet des chefs d'État et de gouvernement de l’UE à Bruxelles, mais Michel Barnier pense que ça serait jouable pour le début du mois de novembre.

La principale question en suspens entre l'UE et le Royaume-Uni reste celle de la frontière entre la province britannique d'Irlande du nord et l'Irlande, membre de l'UE, personne ne souhaitant le retour de cette frontière. Par conséquent, cette affaire se soldera pour l’Irlande par le maintien du statut quo, seul moyen d’éviter de créer un foyer de désordre et de violence à la frontière.

Pour le reste, on aurait un embryon d’accord de principe sur une indemnité de divorce de 39 milliards d‘euros, avec des facilités de paiements et surtout le maintien d’un accord commercial de libre échange entre la Grande Bretagne et l’Union européenne, dont les conditions seraient très proches des conditions antérieures.

Pour Theresa May, cet accord pour lequel elle s’est engagée est le seul moyen d’éviter un chaos économique et social de la Grande Bretagne. Elle, qui défendait le scénario d’un Brexit dur, s’est aperçue qu’elle ne parviendrait pas à trouver très rapidement avec les Etats-Unis des marchés qui lui auraient permis de compenser la perte des marchés européens, elle s’est aperçue qu‘elle courait un vrai risque de voir l’industrie financière se vider de ses emplois, elle s’est aperçue qu‘il y avait une menace réelle de désordre très grave avec la gestion des populations résidentes mais étrangères qui se seraient retrouvées abandonnées. Idem pour les britanniques résidant sur le continent.

Enfin, les services de sécurité britannique ont publié des analyses très alarmantes sur les atteintes à l’ordre public en cas de Brexit sans accord en avril ou en mai.

Pour toutes ces raisons, Theresa May avait donc abandonné le scénario d’un Brexit dur, pour une version plus soft.

Son problème, c’est qu’une partie de sa majorité, emmenée par l’ancien négociateur Boris Johnson, continue de militer pour un divorce absolu. Boris Johnson en a fait son cheval de bataille politique et se pose désormais en challenger de Theresa May à la tête du gouvernement.

"A chaque étape des discussions, Bruxelles obtient ce que Bruxelles veut".

"Nous avons placé une veste-suicide sur la Constitution britannique - et donné le détonateur à Michel Barnier" a soutenu Boris Johnson dans une tribune publiée dans le Mail on Sunday. Il regrette que le Royaume-Uni adopte une attitude de "béni-oui-oui" face à l'UE.  "Jusqu'ici, à chaque étape des discussions, Bruxelles obtient ce que Bruxelles veut. Nous avons accepté le calendrier de l’UE ; nous avons accepté de remettre 39 milliards de livres, sans rien obtenir en retour.... Maintenant, avec la proposition de Theresa May nous sommes prêts à accepter leurs règles - pour toujours - sans avoir un mot à dire sur ces règles" a-t-il poursuivi. "C'est une humiliation". Boris Johnson a également dénoncé comme "totalement inacceptable" la solution de "back stop" (ou "filet de sécurité) qui maintiendrait la province britannique d'Irlande du Nord au sein de l'union douanière et du marché unique européen, faute d'autres solutions pour empêcher le rétablissement de contrôles frontaliers avec l'Irlande, membre de l'UE, après le Brexit.

Boris Johnson serait conseillé par Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, qui voit dans le Brexit la première étape d’un démantèlement de l'Union européenne, son but principal aujourd’hui. Steve Banon, dont on rappelle qu’il avait été déjà à la manœuvre lors du referendum qui a tout déclenché, a aussi ses entrées au sein du gouvernement italien et d’une façon générale suit de très près tous les courants populistes qui se développent en Europe.

Cette influence et ce poids là n'auraient pas été étrangers à la décision de la Commission européenne d’abandonner une position très radicale et de négocier un compromis acceptable avec Londres pour éviter une aggravation de la rupture.  Eviter de créer une situation qui aurait pu être systémique au reste de l’Europe et au final assez catastrophique en terme de conséquences socio-économiques.

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