L'heure de vérité : la réforme ou le déclin<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
L'heure de vérité : 
la réforme ou le déclin
©

EDITORIAL

Dans un environnement européen dégradé, les candidats à l’élection présidentielle défendent leur pré carré, et refusent de remettre en cause les « droits acquis ». Pourquoi ne parviennent-ils pas à faire certains compromis et à avoir une vision globale de la situation inquiétante du pays ?

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

Les Français ont vécu la campagne électorale avec une sourde angoisse dans un brouhaha médiatique inconnu à ce jour par son intensité. Ils ont été bombardés de chiffres, de jugements aussi péremptoires que contradictoires, tandis qu’internet faisait une entrée fracassante dans la campagne via les réseaux sociaux qui ont troublé le jeu traditionnel, en insufflant un vent nouveau susceptible de modifier le comportement des électeurs.

Le débat ne s’en est pas trouvé clarifié, mais plutôt obscurci. Loin de souligner les points de convergence, il a plutôt fait apparaître les divergences, soulignées par une place excessive prise par les opinions extrêmes, dans un pays enclin aux particularismes et à l’individualisme.

On comprend dès lors que le mot de « rassemblement » ait été si souvent prononcé, pour conjurer un sort qui met plutôt en relief les divergences.

Alors que la conjoncture économique déprimante issue de la crise actuelle ne laisse que d’infimes marges de manœuvre, le réalisme pousserait au rapprochement des points de vue sous peine de rester dans un statu quo générateur de déclin. En Allemagne, si souvent citée en exemple, la gauche et la droite sont parvenues à plusieurs reprises dans le passé à des compromis, sous forme d’une « grande coalition ». Pareille situation est impossible en France en raison de la puissance des extrêmes alors que la campagne électorale a permis de faire apparaître entre les deux formations politiques dominantes certaines convergences dans plusieurs domaines tels que la nécessité de réduire la dette, de recourir à une politique de croissance au niveau européen, de lutter contre la désindustrialisation, d’améliorer la formation professionnelle.

Mais dès que l’on veut passer aux actes, les obstacles se font jour sur la méthode, en débouchant sur l’inaction. Car chacun prétend défendre son pré carré, en refusant de remettre en cause les « droits acquis », alors que l’Etat n’a plus les moyens de se montrer généreux pour autrui. C’est ainsi que depuis quarante ans, la France n’a jamais attaqué au fond le problème du chômage au nom d’un sacro-saint modèle social qui prend eau de partout. Les querelles se multiplient avec un débat qui tourne en rond, parce que l’on refuse de mettre à plat l’ensemble du dossier. On multiplie les consultations d’experts qui ont l’art de compliquer la recherche de solutions. Alors qu’il faudrait avoir une vision globale avec des projets à long terme, qui font malheureusement défaut chez nos politiques.

Le risque majeur, dans un environnement européen dégradé, est la poursuite d’une évolution cahin caha, où le village gaulois sera de plus en plus tenté par le repli sur soi, alors qu’il ne peut plus rester à l’écart d’un monde extérieur dont il est de plus en plus dépendant avec un appareil de production incapable de satisfaire la demande, et générant un déficit des échanges abyssal.

Aujourd’hui, le temps est compté. Si la France ne reprend pas rapidement son destin en mains, elle s’en remettra de plus en plus à l’Europe et aux marchés pour décider à sa place, en glissant peu à peu sur la voie de la vassalité.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !