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Macron contre LR : une nouvelle manche de la bataille pour gagner le coeur des entrepreneurs s’engage
©ETIENNE LAURENT / POOL / AFP

La revanche

Wauquiez est un haut fonctionnaire sans expérience du secteur privé, il devrait essayer de compenser ce manque

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Laurent Wauquiez était à Argenteuil pour défendre les PME. Le président des Républicains a dénoncé les "mauvais signaux" lancés aux entreprises. Il a demandé au président "d'éviter les nouvelles contraintes" mais concrètement quel est la stratégie de Wauquiez pour séduire les entreprises ?

Eric Verhaeghe : Pour ne rien vous cacher, la stratégie de Wauquiez et des Républicains vis-à-vis des entreprises laisse un peu perplexe, dans la mesure où elle est totalement fantomatique. Il suffit d'aller sur le site des Républicains pour s'apercevoir que Laurent Wauquiez ne donne pas le sentiment d'avoir une doctrine claire sur le sujet. C'est d'autant plus dommage que le parcours personnel de Laurent Wauquiez, qui est un haut fonctionnaire sans expérience du secteur privé, devrait pousser le leader républicain à compenser sa méconnaissance des entreprises par une attention accrue aux acteurs du privé. Plus globalement, ces lacunes soulignent bien la particularité majeure de la droite française: celle d'être étatiste plutôt que libérale. Regarder l'affaire des emplois aidés: les élus républicains sont dans les premiers à réclamer un maintien des dépenses publiques. Or, s'il existe bien des dépenses contestables, ce sont celles consacrées aux emplois aidés, qui consistent à utiliser l'impôt pour payer les cotisations sociales de travailleurs précaires qui concurrencent directement des entreprises. C'est absurde. En période de maîtrise des dépenses, et même de réduction nécessaire des dépenses, défendre la mécanique des emplois aidés n'a pas de sens, sauf si on n'est pas libéral, bien entendu. En dehors de quelques postures, je vois donc mal quelle est la stratégie de Laurent Wauquiez vis-à-vis-vis des entreprises. 

Le même jour Edouard Philippe était présent à l'Université d'été du Medef. Le Premier ministre a déclaré que le gouvernement ne reviendra pas sur ses engagements et rappelle qu'il "croit en l'entreprise car on n'a rien trouvé de mieux pour créer de la valeur et de l'emploi". Est-on en train de s'acheminer vers une guerre entre le gouvernement et la droite pour gagner le cœur des entreprises ?  

Pour le coup, je crois surtout que Laurent Wauquiez a fini par s'apercevoir du bien-fondé de ce que certains lui répètent depuis plusieurs mois: il ne peut pas laisser Macron avoir le monopole du discours pro-business. Sa réaction paraît d'ailleurs assez tardive et ne forgera pas l'image d'un candidat profondément convaincu par l'intérêt d'une politique de l'offre au sens large. Wauquiez combat donc ici sur un terrain qu'il n'a pas choisi, et selon un timing qui n'est pas le sien. Pour le reste, on peut avoir quelques doutes sur l'issue du combat. Le discours très eurolâtre de Roux de Bézieux à l'université d'été du MEDEF a souligné combien Wauquiez et ses postures plus souverainistes était en décalage avec une certaine élite patronale. Sur ce point, il faut être mesuré, car Wauquiez est dans des postures, et nombre de patrons sont beaucoup dogmatiques que le président du MEDEF. Mais, sur la question européenne, le milieu des entreprises risque de préférer Macron à Wauquiez pour un bon bout de temps encore. 

Concrètement qui gagnerait ? Quels sont les qualités et les défauts de chacun dans cette bataille des coeurs ?

J'ai un peu de peine à croire que, en l'état, les Républicains puissent remporter le morceau. Au-delà des postures ponctuelles, personne ne connaît leur programme en matière économique. Et ce qu'on en voit de loin en loin fait froid dans le dos. Je pense à des prises de position comme celles de Daniel Fasquelle qui dénonce régulièrement la libre concurrence et se fait l'apôtre de l'économie administrée. Ces gens-là sont dangereux, dans la mesure où ils rendent inutile un François Hollande ou une Martine Aubry pour déconstruire les soubassements de l'économie française. Dans ces conditions, et par défaut, on continuera à préférer un Macron, qui est au pouvoir et qui n'affiche pas de réflexe permanent hostile à la libre entreprise. C'est assez dommage, car colle à Macron l'image du grand bourgeois ami de la banque et de la finance qui ulcère une grande partie des entrepreneurs. Wauquiez pourrait donc jouer sur du velours en captant à son profit le mécontentement de ces entrepreneurs vis-à-vis de leur banque qui ne leur fait jamais de cadeau et qui nourrit une armée de colonels très souvent issus de la fonction publique. Pour que Wauquiez arrive à ce résultat, il faudrait qu'il désapprenne ses réflexes de haut fonctionnaire… Et sur ce point, il est à égalité avec Macron.  

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