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Qui à l'Elysée le 6 mai prochain ?
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EDITORIAL

Le face à face qui s'est déroulé ce mercredi entre François Hollande et Nicolas Sarkozy a-t-il touché les Français ? Rien n'a été dit sur la santé, pas un mot sur le logement, pas d’idée nouvelle, convaincante sur le pouvoir d’achat. Et pourtant 2h50 de débat...

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Dans ce genre de débat, je ressens souvent la même frustration : nos dirigeants parlent des problèmes de la France, moins des problèmes des Français. La dette, la réforme des institutions, la moralisation de la vie publique, le vote des étrangers aux élections municipales, la règle d’or, la renégociation des traités européens ; sur tous ces thèmes, Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont rien lâché. Mais rien sur la santé alors que nos hôpitaux devraient être une priorité pour le Président et son challenger. Pas un mot sur le logement quand la crise de la location frappe surtout les plus défavorisés. Pas d’idée nouvelle, convaincante sur le pouvoir d’achat alors qu’il est censé être la préoccupation numéro un des électeurs. Et quand François Hollande et Nicolas Sarkozy abordent l’Education, ils restent sur les grandes masses, le budget, les effectifs, mais ne s’aventurent guère sur la qualité de l’enseignement, les contenus, les programmes, les infrastructures qui nécessiteraient quasiment un plan d’urgence.

A l’inverse, quand les animateurs ont orienté la discussion sur la politique étrangère, on s’est mis à s’occuper des Français –nos otages, nos soldats en Afghanistan- et à se désintéresser de la France ! Notre pays sortirait-il du commandement intégré de l’OTAN avec François Hollande ? Deviendrions-nous moins atlantiste ? Faut-il une intervention militaire en Syrie ? Défendent-ils, l’un et l’autre, des options différentes sur le règlement du conflit israélo-palestinien ? Après presque trois heures de confrontation, aucun de ces sujets qui font chaque jour la une de la presse internationale n’a été effleuré.

Au fond, ces débats de l’entre-deux tours ne servent qu’à une chose : révéler la nature profonde des deux candidats, leur tempérament respectif. Hier soir, on a vu un drôle de match. Un boxeur, Nicolas Sarkozy, face à un pongiste, François Hollande. Quand le premier, bien protégé, préparé comme un champion, dur au mal, cherchait à coincer son adversaire dans un coin du ring pour le mettre KO, le second renvoyait systématiquement la balle plus vite qu’elle n’était partie grâce à un sens étonnant de la répartie. Que retiendra-t-on dans dix ans de ce rendez-vous de 2012 ? Le moment où Nicolas Sarkozy a sorti le document de Terre d’asile dans lequel son rival, visiblement déstabilisé, affirmait que les centres de rétention devaient être « l’exception » ? Ou l’attaque frontale de François Hollande dénonçant le Président partisan qui se rend au Bristol pour une opération de collecte de fond de l’UMP ? Je prends le pari qu’a posteriori, il sera décrété, comme après chaque élection présidentielle depuis 1974, que le vainqueur du grand débat de l’entre-deux tours aura été le gagnant du second tour.

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