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LECTURES D’ÉTÉ : Notre sélection des meilleurs livres des 10 derniers mois
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Nous les filles de nulles part : Violent et brûlant. On n'en sort pas indemne

Olivia Tripault pour Culture-Tops

Olivia Tripault pour Culture-Tops

Olivia Tripault est chroniqueuse pour Culture-Tops. 

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). 

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NOUS LES FILLES DE NULLES PART
de Amy Reed
éd. Albin Michel
RECOMMANDATION
            EN PRIORITE
THEME
« Aidez-moi. Tuez-moi, je suis déjà morte. » Ces mots griffés sur le mur de sa nouvelle chambre ébranlent Grace. Nouvelle arrivée dans la ville de Prescott, elle n’est pas au courant que la précédente locataire de sa chambre, Lucy, a accusé trois adolescents de viol l’année dernière. Personne ne l’a écoutée. 
Rapidement, Grace réalise que quelque chose cloche dans cette ville, et surtout dans son lycée. Les hommes ont tout pouvoir : ils commentent le physique des filles, draguent à tout va et se permettent des réflexions blessantes sous prétexte que telle fille couche ou non avec eux. 
Le blog « Les vrais mecs de Prescott » est le summum de cette violence : on y apprend que les femmes sont des objets, qu’il faut faire boire jusqu’à la limite du coma éthylique les collégiennes pour prendre leur virginité et qu’en vérité toutes les filles rêves d’être soumises par un mâle puissant et tyrannique. 
Révoltée, Grace et ses nouvelles amies décident de lutter contre cette injustice. Elles envoient un mail anonyme à toutes les filles du lycée pour réveiller les consciences en signant « Nous les filles de nulle part ». Peut-être que quelqu’un répondra ?
POINTS FORTS
 Violent. Les hommes, la ville, les secrets, la plume d’Amy Reed, tout est violent dans ce roman. Surfant sur une actualité féministe très contestataire où les #balancetonporc et #metoo révèlent des crimes atroces et quotidiens, Nous les filles de nulle part donne aux lecteurs une vision à la fois sombre et nécessaire de la lutte des adolescentes. On tombe dans une arène où les mentalités rétrogrades et sexistes sont d’une brutalité féroce. 
Témoignant du harcèlement et de la culture du viol, on réalise en tant que lecteurs à quel point les adolescents sont mal éduqués concernant la sexualité et le respect mutuel. Pas seulement les garçons mais également les filles. Les premiers pensant qu’un attouchement est de la drague et les secondes croyant que ce genre d’actes est tout à fait normal. 
Au fil des témoignages, beaucoup d’adolescentes découvrent qu’elles ne sont pas juste une source de plaisir individuel masculin et que « non » peut être prononcé à n’importe quel moment. Même si c’est ton amoureux, même si tu es étiquetée « salope » du lycée, même si tu es ivre jusqu’à ne plus tenir sur tes jambes. 
Peignant un paysage adolescent très détaillé, Amy Reed parle de sexisme, mais également de problèmes familiaux, de maladie, de racisme, de foi, de quête de soi et de toute forme d’amour. 
Les personnages ne sont pas manichéens, toutes les femmes ne sont pas pleines de bonnes intentions, et tous les hommes ne sont pas des monstres.
POINTS FAIBLES
Gros risque d’écœurement durant la lecture de certains passages. Lecteur, arme-toi de patience et de courage, tu ne ressortiras pas sain et sauf de ces pages.
EN DEUX MOTS
Si les propos du livre sont durs, ils sont néanmoins nécessaires à découvrir et surtout à comprendre. Nous les filles de nulle part, en plus d’être un excellent roman sur l’adolescence, apporte une vraie réflexion sur la culture du viol et les problèmes de société qui en découlent et qu’on ne parvient pas toujours à reconnaître quand on y est confronté pour la première fois.
UN EXTRAIT
Ou plutôt deux:
-,« Qu’est-ce que ça peut foutre, qu’une fille ait été violée ? ajoute Rosina, amère et sarcastique. Elle ne comptait pas. Aucune de nous ne compte. Elle est partie. On n’a plus qu’à l’oublier, c’est tout. »
- « Comment est-ce qu’on peut déjà être aussi flinguées ? s’interroge Margot d’une voix tendue, où l’émotion dément son assurance habituelle. On n’est encore que des ados ! »
L’AUTEUR
Titulaire d'un MFA de New College of California, Amy Reed a commencé à publier des romans de Young Adult en 2009. S’inspirant de l’affaire américaine du violeur adolescent Brock Turner, elle écrit The Nowhere Girls. C’est ce premier livre qui est aujourd'hui traduit en français, aux éditions Albin Michel, sous le titre Nous les filles de nulle part.

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