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La fronde des actionnaires réussira-t-elle à encadrer les rémunérations invraisemblables des patrons du CAC 40 ?
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Tremblez puissants !

Grâce au « say on pay », les actionnaires de la banque Citibank ont créé la surprise le 17 avril dernier en refusant de valider le plan de rémunération des dirigeants. Une pratique sur le point d'arriver en France. Révolution ou gadget ?

Michaël Duval

Michaël Duval

Michaël Duval est conseil en communication intégrée chez Capitalcom

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Atlantico: Popularisé par Citibank et la fronde des actionnaires qui ont fait baisser le salaire de l’équipe de direction de la banque, le « say on pay » aurait semble-t-il traversé l’Atlantique. Il est, d’ailleurs, l’un des points marquant d’une étude récente de Capitalcom. Pourriez-vous nous en révéler les points forts ?

Michael Duval : Nous avons interrogé des entreprises du Cac40. Nous voulions avoir l’opinion de leurs actionnaires afin, notamment, de savoir si le say on pay était une priorité ou non. Rappelons que le say on pay est la possibilité pour l’actionnaire de pouvoir s’exprimer au travers d’un vote consultatif sur la rémunération de son dirigeant. Et donc d’approuver ou d’infirmer les conditions de revenus du dirigeant. Cette pratique est issue du scandale Enron dans les années 2000 où il s’est agi de réformer la gouvernance d’entreprise. Elle est peu à peu inscrite dans la loi.

82% des actionnaires du Cac40, approuvent le say on pay, ce « vote consultatif sur la rémunération des dirigeants ». La plupart font la corrélation entre cette possibilité offerte et une façon d’exprimer sa confiance envers les dirigeants pour gérer les résultats de l’entreprise au mieux de la performance.

Nous avons posé douze questions plus ou moins corrélées sur l’avenir de l’actionnaire et de son opinion. L’avenir de l’actionnariat est corrélé à la possibilité de l’actionnaire d’interpeler le dirigeant. Le say on pay, étant un vote consultatif, il est un outil d’interpellation et de communication de plus entre l’actionnaire et le dirigeant. Mais il n’est pas un vote sanction. C’est un moyen de s’exprimer sur ce thème bien spécifique de la rémunération du dirigeant et sur laquelle l’actionnaire peut s’exprimer de façon assez marginale dans le cadre des conventions réglementaires – mais cela reste quand même un thème assez inaccessible.

Le « say on pay » est-il un contrepouvoir ou simplement un moyen d’interpeler les dirigeants lors des assemblées générales ?

Ce n’est pas vraiment un contrepouvoir car c’est consultatif. C’est un moyen d’expression pour se faire entendre. Rappelons que le vote du package est proposé par le conseil d’administration. Les actionnaires, finalement, ne peuvent dire que oui ou non. C’est une sorte d’avertissement. Pour des raisons pratiques, il serait difficile que l’actionnaire propose lui-même des rémunérations.

En France, le "say on pay" a été approuvé pour les assemblées générales de grands groupes ?

Non, le sujet a émergé il y a deux ou trois ans mais il n’est pas en vigueur pour le moment en France.Mais Capitalcom, qui assiste à l’intégralité des assemblées générales du Cac 40, a constaté que le débat prenait de l’ampleur, cette année en particulier. On a relevé sur la dizaine d’assemblées générales qui a déjà eu lieu que, quasiment systématiquement,  la question des actionnaires –tant les actionnaires individuels que les associations d’actionnaires – abordait la mise en place du say on pay au sein de l’assemblée générale. Les réponses, en général, sont assez évasives… Mais les consciences s’y préparent et on peut s’imaginer que cela devienne quelque chose de plus courant.

C’est une bonne nouvelle pour les actionnaires français ?

Il y a une forme de repli de l’actionnariat individuel français qui est lié aux mauvaises performances de la bourse. On observe qu’il y a plus de maturité chez l’actionnaire. Le say to pay serait une petite prise de pouvoir mais aussi une façon de s’impliquer davantage dans la gestion de l’entreprise.

Pensez-vous que les dirigeants du Cac 40 soient inquiets par ces revendications et craignent pour leur rémunération ?

C’est intéressant car à l’assemblée générale d'Axa, l’une des réponses apportées à la question du say to pay de la part de l’entreprise a été de dire que la moyenne des rémunérations dans les entreprises qui pratiquaient cette mesure, avait dans l’ensemble, une rémunération au-dessus de la moyenne ! Je n’ai pas vérifié ! Mais le say to pay ne se fait pas forcément au détriment des dirigeants. Il y a certes un risque de voir les actionnaires refuser telle ou telle rémunération. Mais au fond, on ne sait pas si les résolutions toucheront tout ou partie de la rémunération et on ne sait pas encore quel impact cela pourrait réellement avoir…

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

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