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SIRHEN, ou comment on a encore enterré un logiciel inadapté (qui nous a coûté cette fois-ci la bagatelle de 320 millions d'euros)
©BERTRAND GUAY / AFP

Immense gâchis

320 millions d’euros d’argent public dépensés en 11 ans pour un projet mis à la poubelle. C’est ce que vient d’annoncer Jean-Michel Blanquer en déclarant la fin du projet SIRHEN, le logiciel censé moderniser la gestion RH de l’Education Nationale. Un projet qui n’a jamais vu le jour et qui n’a jamais atteint ses objectifs.

Adrien Pittore

Adrien Pittore

Adrien Pittore est journaliste, photographe et pigiste. Il a notamment participé au recueil « Les Photos qu’on peut voir qu’au niveau district – Tome 2 » publié le 17 novembre 2017 aux éditions Petit à Petit.

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Il sera difficile de ne pas dire que ce projet est un échec total. Aussi bien car il n’a jamais pu atteindre les objectifs fixés mais aussi parce qu’il s’agit d’un véritable gouffre financier !

Pour rappel, le projet SIRHEN soit le système d’information des ressources humaines de l’Education Nationale, devait lancer la modernisation des ressources humaines de près d’un million de personnes.

Jean-Michel Blanquer dit stop

Initialement lancé en 2007, le projet est définitivement abandonné en 2018. Et pour cause, il aurait dû atteindre ses résultats en 2012, soit six ans auparavant. A l’origine, le système RH est complexe, mal organisé et sont plus orientés sur la gestion que sur un pilotage à plus grande échelle. 
Le SIRHEN devait alors permettre de n’avoir qu’une seule base de données centralisée. Mais le projet lancé sous Jacques Chirac va accumuler les déconvenues. D’abord, son budget explose. Initialement, il s’agissait de débourser 60 millions d’euros. En 2018, la note est de…320 millions d’euros !
Et encore, Jean-Michel Blanquer, l’actuel ministre de l’Education, n’a pas validé le budget prévisionnel qui devait s’élever à 500 millions d’euros ! En 2016, le budget était déjà de 250 millions d’euros. 
Echec financier, le SIRHEN est aussi un échec puisqu’il n’atteint pas du tout les objectifs fixés. Sur le million de personnes que le logiciel devait gérer, il n’en gérerait, en réalité, qu’à peine 18 000 soit 2% des effectifs nationaux. Il s’agirait uniquement des personnels de direction de l’Education Nationale. Les 850 000 enseignants ne se seraient pas pris en compte. 

Des barouds d’honneurs mal gérés

Que serait un projet mal géré sans des solutions tout aussi mal-gérées ? En somme, le projet SIRHEN a reçu de nombreux coups de pouce. On pense évidemment aux nombreuses rallonges budgétaires, aux larges dépassements dans les dates de livraisons.
Mais on peut aussi noter le changement de direction. En 2015, alors que le budget a déjà explosé et que les objectifs sont loin d’être atteints, l’Education Nationale choisi d’injecter des méthodes agiles et de créer une usine à logicielle. Ce qui permit, à l’époque, de défendre le projet.
En complément, c’est la Direction Interministérielle des Systèmes d’Information et de Communication, Dinsic, qui s’empare du dossier. Le résultat est une revue à la baisse des ambitions puisque le projet ne doit plus que concerne l’enseignement du premier degré. 
11 ans. Il aura fallu 11 ans au gouvernement pour mettre fin à un projet qui ne fonctionne pas, qui ne fonctionnera probablement jamais et qui était un vrai gouffre financier. Dans une période de vache maigre, où les efforts demander aux citoyens sont de plus en plus conséquents, la décision risque d’être appréciée.
Toujours étant que 11 ans de développant pour une application numérique représente une éternité. On regrettera aussi que ces 320 millions d’euros dépensés soient de l’argent public, on donc, qu’il n’y a aucune chance de les revoir dans nos portefeuille.
Une telle annonce permettra maintenant au gouvernement de faire le point sur l’affaire Bennalla. 

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