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Sommet social :  ces fausses bonnes idées qui semblent se profiler pour la réforme de l’assurance chômage
©POOL / AFP

Volte-face

Emmanuel Macron recevra mardi 17 juillet les principaux leaders syndicaux et patronaux pour définir l'agenda social. L'occasion d'aborder la réforme de l'assurance-chômage.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : De ce que l'on sait aujourd'hui concernant cette réforme, que reste-t-il des promesses de campagne sur le chômage faites par Emmanuel Macron il y a un an ? Quel changement dans son discours a-t-il opéré ?

Philippe Crevel : Il y a un an pendant la campagne, nous étions sur le principe du régime universel de l'assurance-chômage. Tous les actifs devaient pouvoir compter sur une indemnisation en cas de non-activité. Avec comme conséquence que les travailleurs indépendants et les démissionnaires de leur emploi devaient pouvoir être couverts par l'assurance-chômage. Ces principes demeurent, mais ont été revus à la baisse que ce soit en termes de conditions pour les démissionnaires pour accéder à ce régime ou pour les travailleurs non-salariés. Le poids des contraintes, les principes de réalité budgétaire s'imposent au gouvernement de plus en plus. D'autant que la croissance ralentit.

D'autre part, le régime universel tel qui l'avait été imaginé était l'étatisation de l'assurance-chômage qui remettait en cause un de ces principes fondamentaux qui est le paritarisme. Le gouvernement est forcé de faire marche arrière.

Quelles en sont les difficultés politiques auxquelles le président de la République fait face concernant cette réforme ?

Premier problème, la contrainte budgétaire, ouvrir les actifs à un coût. Or, la croissance se fait plus rare. Il est donc forcé de revoir la voilure à la baisse.

Deuxièmement, il ne peut se permettre d'ouvrir un nouveau front syndical avec l'assurance-chômage. Il a réussi à passer plus ou moins sans encombre le volet SNCF et il a devant lui le chantier très important de la retraite (un chantier très dur). Donc le gouvernement n'a certainement pas envie d'avoir un clash avec les partenaires sociaux sur l'UNEDIC qui est un organisme de droit privé et un des derniers grands symboles du paritarisme à la Française. Je pense qu'il y a une ligne rouge que les syndicats ont placés sur l'assurance-chômage et il était difficile pour le gouvernement de la faire voler en éclats.

Quels sont les risques de voir une telle réforme aboutir à une version édulcorée ne réglant que partiellement les réelles difficultés posées par le système actuel ?

Les risques sont pluriels.

Premier risque, c'est un downsizing de l'assurance-chômage telle qu'on la connait et ce serait les cadres qui en feraient les frais (en réduisant le montant d'indemnisation qui peut profiter aux cadres en tant que tels). Cela a déjà été le cas dans le passé avec les délais de carence et ça pourrait l'être de nouveau avec le plafonnement du montant de l'indemnisation.

Deuxième risque, un risque de non-respect des promesses faites. En ne couvrant que très imparfaitement les travailleurs indépendants qui sont de plus en plus nombreux avec le développement de l'emploi à la tâche. Il y a une population de moins en moins bien couverte face à un risque de non-activité. Il pourrait y avoir une désillusion sur le côté gauche de la majorité d'Emmanuel Macron.

Enfin, la promesse sur les démissionnaires, qui est une promesse hasardeuse qui est très difficile à mettre en œuvre (pour éviter les abus de droit). Il y a un risque également de désillusion vis-à-vis des salariés surtout les plus jeunes qui sont très sensibles à cette disposition.

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