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Hollande et Sarkozy : 
la peste et le boulet de canon
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Littérature

François Hollande et Nicolas Sarkozy sont encore en lice pour le deuxième tour de l'élection présidentielle. Qui choisir ? Et si, comme l'écrivait Honoré de Balzac l'honnêteté ne servait à rien ?

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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« Savez-vous comment on fait son chemin ici ? Par l'éclat du génie ou par l'adresse de la corruption. Il faut entrer dans cette masse d'hommes comme un boulet de canon, ou s'y glisser comme une peste. L'honnêteté ne sert à rien. »


Honoré de Balzac, in « Le Père Goriot »

 On ne finira jamais de célébrer cet immense génie que fut Balzac, dont la tentative réussie pour décrire et interpréter son époque lance à chaque écrivain un défi, lui jette un gant si difficile à relever.

Au risque de surprendre nos lecteurs, nous appliquerons la citation de Balzac sus-reproduite à Messieurs Hollande et Sarkozy, auxquels le mot de génie semble difficilement correspondre mais à qui il fallut pourtant bien du talent pour parvenir à la dernière étape de cette course en sac nationale nommée élection présidentielle.

Alors, Sarkozy ou Hollande, Hollande ou Sarkozy ? Lequel choisir ? La peste ou le boulet de canon ?

Car Hollande est bel et bien une peste glissée dans l’univers faussement cordial et terriblement compétitif du socialisme de parti. Louvoyant, évitant les obstacles, surfant sur l’adversité, attendant que des corps et tempéraments plus robustes que lui se blessent ou s’étiolent, il a fini par fondre sur l’organisme malade de la gauche pour la soumettre. Il est en passe d’emporter celui de la société française, bien atteinte elle aussi. Elle n’en mourra pas, se rassurent les optimistes. Le jour venu, guérie de cette ultime assaut de mensonges forgés dans la démagogie des bons sentiments et le prétexte de la solidarité, elle sera de nouveau vigoureuse, prête à affronter le monde moderne, la vie. Peut-être … Mais entretemps, il faudra à tout le moins s’arranger de fortes fièvres et de maux disgracieux.

Sarkozy, pour sûr, est un boulet de canon. Il renversa jadis des murs nommés Pasqua, Juppé, Chirac, Villepin, Royal et bien d’autres encore, sans dévier de sa course. Mais aujourd’hui, face à la peste, il poursuit sa trajectoire dans le vide, son élan faiblit et il s’apprête à tomber lourdement dans un champ où l’on ne lui fera pas l’honneur du choc qu’il recherchait.

La typologie des grandes ambitions balzaciennes fonctionne donc parfaitement pour décrire les deux personnalités qui vont se livrer à l’ultime affrontement de la joute républicaine cuvée 2012.

Quels sont les risques que court la France, confrontée à ces deux caractères ?

La peste va contaminer alentour, le refus français d’accepter la discipline européenne pouvant gagner des peuples voisins, fatigués eux-aussi des vains efforts que leurs dirigeants veulent leur imposer. Ce serait sans doute une bonne chose si le mal était circonscrit à une poussée de fièvre inflationniste qui n’euthanasiait que les rentiers.

Mais, dans un monde où les rentes sont légion, ultimes protections de corps anémiés par quarante ans de langueur, ce pourrait être une peste noire, celle qui fait mine de s’attaquer aux puissants et qui, en définitive, fauche tant de pauvres gens qu’un pays met des décennies à s’en remettre. Car la peste ne choisit pas ses victimes. Elle tue plus de faibles que d’opulents et connaît peu de remèdes quand elle est déclarée. Sa propagation comme son cantonnement sont hors de contrôle et ceux qui en sont les vecteurs ne peuvent eux-mêmes la combattre.

Le boulet de canon a déjà servi, pour ce qui le concerne. Il en est à son second tir. Le premier fut accompagné d’une très forte détonation. Elle promettait d’emporter les murailles des conservatismes, de mettre à bas les vieux bastions. Las ! Ce ne fut pas tout à fait un pétard mouillé, plutôt un tir dévié. Les vieux murs sont toujours debout. Les vrais possédants, corporatistes de tout genre, ont eu plus de peur que de mal, ce qui ne les a naturellement pas empêché de beaucoup crier. Réintroduit dans le fût du canon, promettant de ne pas, cette fois, manquer sa cible, le boulet est fragile, endommagé de fêlures visibles. Le projectile ne risque-t-il pas de faire exploser le lanceur et ses soldats ?

Alors, Hollande ou Sarkozy, Sarkozy ou Hollande ? Égarer de bonnes intuitions, décevoir de bonnes idées est plus vivement ressenti que d’en professer de mauvaises. On en veut davantage au boulet qu’à la peste, dont on sait qu’elle agit sournoisement. Pourtant, souvenons-nous, au moment de sacrifier au rituel électif, que les tirs se corrigent plus aisément que les épidémies ne s’endiguent. Et donnons, même s’il est sans doute trop tard, une dernière chance au canon.

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