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Pourquoi vous devriez envisager d’acheter des porsches ou autres voitures de luxe vintage si vous avez beaucoup de cash à placer
©DOMINIQUE FAGET / AFP

Pensez à l'avenir

Les banquiers allemands recommanderaient à leurs clients de diversifier leurs investissements, dans un marché contraint par des taux d'intérêts au plus bas, dans le secteur de l'automobile de collection, notamment sur d'anciens véhicules des marques nationales, Porsche principalement.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Ce phénomène peut-il également s'observer en France ?

Philippe Crevel : Le banquier allemand est allemand et préconise donc d’investir dans vieilles Porsche. Il n’a pas complètement tort car le risque sur ces voitures sont faibles tout comme pour les Ferrari.  

Porsche est la marque dont les prix ont le plus progressé de 2000 à 2014. Une 911 S/T 2,3l « Rallye » de 1970 a été acquise pour plus de 905.900 euros, en 2014. Le record du prix d'une voiture de collection a été atteint en 2016 en France, pour une Ferrari 250GTO vendue à 68 millions d'euros.

Depuis une circulaire du 8 septembre 2014, un véhicule automobile est considéré comme un objet de collection s’il répond aux conditions suivantes :

·         Etre âgé de plus de 30 ans ;

·         Se trouver dans son état d’origine sans modification substantielle du châssis de la carrosserie, du système de direction, de freinage, de transmission ou de suspension ni du moteur ;

·         Correspondre à un modèle ou à un type dont la production a cessé.

Peuvent être considérés comme des véhicules de collection, ceux ayant participé à des évènements historiques ou ayant participé à des compétitions automobiles nationales ou internationales et possédant un palmarès sportif significatif.

Un véhicule de collection perd son statut juridique de « véhicule d’usage » et gagne celui d’« objet patrimonial ».

Le marché des voitures d’occasion ne s’arrête pas aux prestigieuses voitures de luxe allemandes ou italiennes. Il est possible d’investir sur des modèles bien moins chers dont certains sont d’origine française. Les DS, les 504 cabriolets, les premières R5 sont aujourd’hui recherchées. Depuis une dizaine d’années, ce marché se développe en France comme dans le reste de l’Europe. La nostalgie des années 60 et 70 favorise la multiplication des ventes et des évènements tournant autour des voitures de collection.

Quels sont les risques et les avantages d'un tel marché ? Quelles sont les plus-values attendues de ce type de marché ? N'est-il pas trop risqué d'investir dans de tels placements non générateurs de revenus, mais uniquement pourvoyeur potentiel de plus-values ?

Nous sommes dans le monde des placements en biens divers. Il ne s’agit pas d’un marché organisé avec une structure de régulation comme cela est le cas pour les actions. La valeur des véhicules de collection est très subjective. Elle est fonction de l’aura du modèle et de la rareté des véhicules en état ainsi qu’éventuellement de leur histoire. Comme il ne s’agit pas d’un marché organisé, la revente d’un véhicule de collection peut mettre du temps. Il faut trouver l’acheteur. Certes, il est possible de mettre en vente en salle de marché. Mais, il n’est pas rare que des voitures soient retirées faute de demande.

Une voiture de collection nécessite de l’entretien. Or, les pièces détachées peuvent être rares et chères. Il faut trouver des spécialistes pour les réparer à défaut d’être bricoleurs. En outre, il faut prévoir un garage destiné à accueillir les dites voitures. Mais côté avantage, les assurances sont moins chères de 40 % à 70 % par rapport à celles appliquées pour des voitures normales de même puissance. Les assureurs estiment que les propriétaires de ces véhicules roulent moins et qu’ils en prennent soin

A la différence des actions ou des obligations, du Livret A ou du PEL, la voiture de collection ne génère aucun rendement régulier. Le placement ne vaut qu’au moment de la réalisation de l’éventuelle plus-value.

La cote des voitures de collection est détachée des fluctuations des marchés financiers. Elle n’en est pas néanmoins complètement déconnectée. En cas de krach financier, la baisse du patrimoine et des revenus financiers peut influencer les marchés des biens divers. Le marché des voitures de collection est un marché de passionnés. Logiquement, cela limite un peu les mouvements purement spéculatifs. Mais, de 2008 à 2015, les prix ont fortement augmenté pour certains modèles au point que pour certains experts le marché de la voiture de collection est devenu un cher. En une dizaine d’années, pour certains modèles, Porsche notamment, les prix ont plus que doublé. De ce fait, comme pour tous les marchés, un retour à la raison n’est pas inconcevable. 

Avant d’investir dans ce type de produits, il faut donc être conscient de tous les risques liés aux placements atypiques. Il faut évidemment se méfier des bonnes affaires, un véhicule de collection à faible prix peut cacher une arnaque. Pour effectuer de bons placements sur ce créneau, il faut être un minimum initié voire passionné.

Qu'en est il de la fiscalité française sur de tels placements ?

Les ventes de voitures de collection sont soumises au régime des plus-values à partir du moment où elles excèdent 5000 euros. Cet assujettissement au régime des plus-values diffère la vente de ces voitures des voitures d’occasion classiques qui en sont exonérées.

Pour les plus-values, deux options. Le vendeur peut s’ils disposent de tous les documents d’acquisition opter pour le paiement d’un impôt fixé à 36,2 % (prélèvements sociaux compris) sur le montant de la plus-value. Des abattements en fonction de la durée de détention sont applicables pour la partie fiscale (19 %). Le montant est réduit d’un abattement de 5 % par année de détention au-delà de la deuxième, d’où une exonération totale après 22 ans de détention du bien cédé. Les frais d'acquisition et les frais de restauration et de remise en état s’ajoutent au prix d'acquisition, pour leur montant réel diminuant le montant de la plus-value.

Si le particulier vendeur n’est pas en mesure de prouver la date et le prix d’acquisition du bien cédé, ou s’il ne souhaite pas être imposé sur la plus-value, il peut opter pour une taxe forfaitaire de 6.5 % (6 % CSG + 0,5 % CRDS) du prix de vente du bien cédé.

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