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Révolution et transformation : à la veille de son nouveau discours au Congrès, les deux premiers bilans d’Emmanuel Macron
©ludovic MARIN / AFP / POOL

Un an plus tard

Cet été marque la fin de la première année du quinquennat d'Emmanuel Macron, mais aussi les deux ans de son mouvement politique, qui promettait "Révolution et Transformation".

Yves Bardon

Yves Bardon

Yves Bardon, ancien Elève de l’Ecole Normale Supérieure, est en charge du développement international du Cahier de Tendances Ipsos Flair (Brésil, Chine, Colombie, France, Inde, Indonésie, Thaïlande…) pour le Ipsos Knowledge Centre. Consultant Senior, il conseille et accompagne les stratégies des dirigeants et des entreprises pour Ipsos Advise. Il prend part aux campagnes électorales (Présidentielle, Législatives, Municipales) en tant qu’expert de l’opinion. En parallèle, il enseigne à l’Institut d’Etudes Politiques (Sciences-Po Paris).

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Juillet 2018, deux bilans. Celui de la première année d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, largement commenté. Celui du lancement d’un nouveau mouvement politique, le 6 avril 2016, avec deux promesses, Révolution et Transformation.

 A l’époque, il n’était question que de volontarisme, de jeunesse, d’énergie, d’une France qui allait retrouver son rang, sortir de sa léthargie et de son pessimisme, avoir confiance dans son destin. Souvenons-nous : « La France est un pays irréformable. Mais nous ne proposons pas de le réformer. Nous proposons une transformation complète, radicale. Un changement de logiciel sur beaucoup de sujets. Nos concitoyens […] attendent une transformation radicale sur beaucoup de sujets. Le cœur de [mon] projet, […] ; c’est de proposer à chacune et chacun de prendre sa part dans ce changement, d’y occuper pleinement ses responsabilités. » (Emmanuel Macron, 2 mars 2017). Pour de nombreux commentateurs, une sorte de frémissement s’emparait du pays ; il allait s’exprimer dans l’élection présidentielle et se confirmer avec les Législatives où trois-cent-huit députés donnaient à La République en Marche une majorité absolue. Il allait encourager l’envie d’y croire, comme l’étude d’Ipsos, What Worries the World, le montrait en juillet 2017. Enfin, les Français étaient un peu moins nombreux à penser que « les choses vont dans la mauvaise direction », un peu plus à imaginer une éclaircie économique dans les six mois et à rejoindre les opinions publiques des pays qui croient au progrès.

A l’époque, il était aussi question d’une nouvelle manière de considérer les citoyens, de les associer à une réflexion collective, de les remettre au cœur de la vie politique ; comme disait Ségolène Royal quelques années avant, d’écouter les Français comme « des experts de leur vie » pour améliorer l’action publique, proposer des lois, connecter réformes et humanité. En sont nés les centaines de milliers de Marcheurs, les comités locaux, les Kiosques, toutes celles et ceux qui se sentaient reconnus et enthousiastes à l’idée d’un Projet qui leur ressemble.

Plus de deux ans après le lancement d’En Marche, quel bilan ?

Comme l’avait souligné Emmanuel Macron, la France est « le seul grand pays européen qui, depuis trente-cinq ans, n’a pas réussi à résoudre le problème du chômage de masse. » L’emploi reste en effet en tête des préoccupations des générations qui se succèdent, comme une sorte de fatalité qui fait partie du paysage national : une phrase (malheureuse), celle de François de François Mitterrand il y a vingt-cinq ans, « Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé », garde donc son utilité, malgré – entre autres – la transformation du Code du travail, pour commenter sa remonté à 9,2% au premier trimestre, ce qui positionne la France au vingt-cinquième rang des vingt-huit pays de l'Union européenne. Très logiquement,  le même « What Worries the World » d’Ipsos de mai 2018, prend acte de la désillusion : 69% des Français estiment que leur pays va « dans la mauvaise direction », un score supérieur de onze points à la moyenne des vingt-huit pays de l’échantillon.

Sur le plan de la méthode et du style de gouvernement, ils semblent loin de ce qui avait fait l’intérêt et le succès de la campagne. Ordonnances, posture Jupitérienne, mise en scène à l’américaine de la signature des lois, ou réflexions cinglantes lors de visites ou de déplacements, le temps de l’écoute participative serait-il révolu ? A en croire le discours du Président de la République au Parlement européen le 12 juin, absolument pas : les consultations citoyennes, organisées au niveau national, restent la condition de la transformation de l’Europe. Les Français ne semblent pas partager cet optimisme ni ce volontarisme, mais voient plus une manière régalienne d'agir, assez loin de la disruption promise, et fidèle à un pouvoir top-down auquel Versailles offre son cadre idéal.

Alors Révolution et Transformation ? Tant que l’action restera dans le monde des images, des signes et des symboles, tant que les Français n’en verront pas les résultats tangibles et positifs descendre dans leur vie quotidienne (emploi, pouvoir d’achat, sécurité, progrès social, confiance dans l’avenir) on répondra « pas encore » et la France sera toujours l’un des pays les plus pessimistes du monde.

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