"Des paroles et des actes" : ce que la gestuelle des deux candidats trahit de leur personnalité<!-- --> | Atlantico.fr
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Le comportement gestuel, postural, et d'expression faciale est heureusement très explicite.
Le comportement gestuel, postural, et d'expression faciale est heureusement très explicite.
©Reuters

Plateau télé

François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient ce jeudi les invités de l'émission politique de France 2 "Des paroles et des actes". L'analyse d'un comportementaliste.

Maxence Brulard

Maxence Brulard

Maxence Brulard comportementaliste, spécialiste de la communication non-verbale. Il exerce en Suisse et a notamment écrit Une caractérologie universelle (Dunod, 1998).

 

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Le comportement gestuel, postural, et d'expression faciale est heureusement très explicite.

Explicite car l'un est fondamentalement, c'est à dire structurellement organisé sur un mode de comportement réactionnel, en priorité François Hollande, et l'autre sur le mode impulsionnel : Nicolas Sarkozy.

Cette situation intrinsèque à chacun est donc la base de ce qui est, ou sera, le caractère permanent de l'un ou de l'autre en exercice de leur fonctions, au-delà des adaptations obligées ou du rôle à tenir dont ils sont ou seront investis.

Comme en management, François Hollande ne fonctionne pas par objectif, même s'il le fait croire ou que ses coach pallient ce déficit central pour parvenir à l'ultime pouvoir. Il fonctionne par opportunité et ses objectifs sont flous. C'est contre Nicolas Sarkozy et donc de lui qu'il attend l'opportunité pour tenter de le pourfendre et de se placer en l'homicidant politiquement parlant.

Nicolas Sarkozy a le talent en revanche de présenter des objectifs à tour de bras et de chercher même des objectifs multiples qui valident son temperament d'arriver à ses fins ou à atteindre ses buts coûte que coûte quelque soient les opportunités qu'il pliera à ses volontés d'une maniere directe ou tactique, avec préférence pour l'affrontement.

Dans le débat, François Hollande est stabilisé dans sa posture mais il aussi un peu guindé avec une économie gestuelle de fonctionnaire comptable qui vient au rapport. Sarkozy a repris ses tics à haute fréquence ce qui signifie son épuisement moral profond. On note la reprise de son geste de réassurance préféré : secouement des épaules à chaque situation vécue intérieurement comme pénible (il y en a eu beaucoup hier soir, les médias ne sont pas tendres avec lui).

Rappelons que le haussement d'épaules rejette symboliquement une charge pesante dont on veut se débarasser exprimant soit un doute sur la responsabilité dont on veut l'accabler, soit un scepticisme sur l'argumentation qu'on lui fait valoir. Dans tous les cas, c'est un geste d'impuissance face à une situation donnée.Ajoutons que le corps se recroqueville souvent, exerce des gestes de latéralité gauche et droite cherchant à son insu un peu de soutien moral ou affectif dans l'entourage. Il tente donc de réagir courageusement par la parole à une sensation d'abattement général.

Mais cela a l'avantage de le montrer authentique, humain, et démuni de l'atttitude formelle de la présidence plus cassante et rigoriste et qu'il sait utiliser à son avantage aussi. Plus vulnérable donc et plus sympa dirons-nous .

A l'inverse exactement, François Hollande se formate et se formalise de plus en. Il  réduit au maximum tout signe de sa nature identitaire personnelle. Cette dépersonnalisation est savamment orchestrée pour ne prêter le flanc à personne (normal) et ainsi à plaire à tous les normaux qui adorent les icônes royales ou la pompe de l'autorité rassurante du droit à la place de la conviction pour laquelle on le sollicite sans succès.

On a donc deux candidats qui opèrent une trajectoire inverse pour obtenir pourtant un même avantage.L'un révèle son anxiété et la perte de la grandeur d'Etat qu 'il incarne encore fonctionnellement en se montrant vulnérable et l'autre préfere se mordre la lèvre inférieure et supérieure en tirant la langue subrepticement plutôt que de perdre le costume auquel il s'identifie.Hélas l'habit virtuel qu'il porte ne fait pas le moine, et l'artifice finit par devenir ennuyeux .

Car lorsqu'on s'identifie à la fiction de soi-même à ce point avec le secours d'une idéologie humaniste, on peut se demander ce que va acheter le français consommateur du futur président ? L'habit blanc de l'angélisme dans son rôle plein de soi, et d'une modeste suffisance de bon aloi ? C'est à dire l'inconsistance bien vêtue? Cette attitude est toujours plus dangereuse quand on est au pouvoir car le naturel ressort toujours au triple galop et sans contrôle quand on le réprime à ce point si la République est en danger .

On pourra dire tout ce qu'on veut sur ces vétilles de pouvoir destinées à casser Nicolas Sarkozy. Mais ce qu'on ne peut pas dire c'est qu'il n'est pas transparent et qu'il ne s'abrite que bien peu derrière le paravent de la fonction. C'est le mousquetaire au front  face au toréador des Français...

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