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"Des paroles et des actes" : 
Nicolas Sarkozy pugnace, 
François Hollande calme et ferme
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Plateau télé

François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient ce jeudi les invités de l'émission politique de France 2 "Des paroles et des actes". Dernier grand rendez-vous pour les finalistes de la présidentielle avant le débat d'entre-deux tours.

Christian Delporte

Christian Delporte

Christian Delporte est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin et directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines. Il dirige également la revue Le Temps des médias.

Son dernier livre est intitulé Les grands débats politiques : ces émissions qui on fait l'opinion (Flammarion, 2012).

Il est par ailleurs Président de la Société pour l’histoire des médias et directeur de la revue Le Temps des médias. A son actif plusieurs ouvrages, dont Une histoire de la langue de bois (Flammarion, 2009), Dictionnaire d’histoire culturelle de la France contemporaine (avec Jean-François Sirinelli et Jean-Yves Mollier, PUF, 2010), et Les grands débats politiques : ces émissions qui ont fait l'opinion (Flammarion, 2012).

 

Son dernier livre est intitulé "Come back, ou l'art de revenir en politique" (Flammarion, 2014).

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Atlantico : François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient les invités ce jeudi de l’émission politique des « Paroles et des actes » sur France 2. Face aux questions des journalistes, lequel des deux candidats avez-vous trouvé le plus convaincant ?

Christian Delporte :Ils ont été plutôt bons tous les deux, dans des registres différents, car l’un est favori et l’autre challenger. Hollande a revêtu l’habit présidentiel, en jouant sur le calme, la fermeté et, ce qui est peut-être plus nouveau, le volontarisme. On l’a vu notamment dans son échange sur l’Europe avec François Lenglet, sans doute la séquence la plus convaincante sur la forme. Il s’est adressé d’abord à l’électorat de gauche, mais aussi à l’électorat centriste (on l’a vu notamment à propos de la moralisation de la vie publique ou sur la question du cumul des mandats. Comme toujours, le favori ne se « découvre pas ». Sarkozy, désormais challenger, s’est montré pugnace, combatif, fidèle à l’image de l’homme qui ne renonce jamais. Il a pris l’ascendant sur ses interviewers, ce qui ne lui était pas arrivé depuis le début de la campagne. C’est ce qu’attendait son électorat. Son objectif était de le mobiliser jusqu’au bout et, à cet égard, la mission est remplie. Il s’est d’abord adressé aux électeurs de Marine Le Pen : on l’a vu sur les questions d’insécurité ou d’éducation. Je pense que les partisans de l’un comme de l’autre n’ont pas à rougir de la performance de leur champion. Un détail cependant m’a frappé : le contraste physique entre le visage reposé de Hollande et le visage marqué de Sarkozy ; là aussi apparaissait la distinction entre le favori et le challenger.

Les derniers sondages affichent un net avantage de François Hollande au second tour de l'élection présidentielle. Selon vous, cette tendance devrait-elle se confirmer ou s'infirmer suite à l'émission ?

Je ne crois pas qu’une telle émission change quoi que ce soit aux intentions de vote. A ce stade, ceux qui regardent un tel programme sont les plus convaincus. Si les lignes bougent, ce sera sur les thèmes de campagne ou les évènements inattendus qui s’imposeront dans les jours qui viennent. Le défi de Sarkozy est énorme : regagner 4 ou 5 points en dix jours, cela ne s’est jamais vu dans une élection présidentielle. Cela dramatisera d’autant plus le rendez-vous du 2 mai qui devrait être très suivi par les Français. Mais, pour que l’issue du scrutin annoncé soit remis en cause, il faut absolument que Sarkozy ait regagné du terrain d’ici-là pour créer une dynamique et faire douter l’adversaire. Aucun débat d’entre-deux-tours, en effet, n’a jamais changé la donne. Le Président-candidat est bon à la télévision, c’est
incontestable. Mais il aurait tort de sous-estimer Hollande, rompu à l’exercice du face-à-face. Surtout, le statut de favori donne, dans ces circonstances, un avantage psychologique indéniable.

Pour chacun des deux candidats, quelles propositions marquantes retenez-vous ?

Aucune, à vrai dire. A cet égard, les questions posées (exception faite – et encore – de celles de François Lenglet) étaient assez affligeantes. Le format de l’émission est sans doute spectaculaire, donne du rythme, évite l’ennui, mais il ne permet pas de poser des problèmes de fond. L’interview-zapping dessert les candidats qui, peut-être aussi, peuvent s’en réjouir parfois. Reste qu’après tant de mois de campagne, les Français ont eu le temps de s’informer. Du coup, c’est l’actualité qui s’est invitée dans les questions et, à cet égard, l’ombre de Marine Le Pen a plané toute la soirée.

Les réservoirs de voix pour le second tour se situent au sein de l'électorat centriste et du Front national. Des deux candidats, qui a selon vous su répondre le mieux aux préoccupations de ces différents électeurs ?

Sarkozy a joué le FN et Hollande le centre. Rien d’étonnant à cela. Le premier, compte tenu de son retard, peut difficilement miser sur les deux tableaux. On l’a vu, ces derniers jours, il a choisi. Du coup, Hollande profite de l’espace abandonné par Sarkozy et vise l’électorat centriste. On comprend mieux, alors, pourquoi il était si important pour Sarkozy d’arriver en tête, le soir du premier tour. L’émission a montré l’impossibilité du grand écart, même si on a noté sa volonté de convaincre les centristes sur la question économique. Hollande, lui, a mis en avant les « valeurs » pour les attirer à lui. On le voit aujourd’hui dans les sondages : les électeurs bayrouistes sûrs d’aller voter se répartissent en deux grands groupes : ceux qui privilégient l’économie, ceux qui mettent d’abord en avant les valeurs.Ni Sarkozy ni Hollande ne peuvent capter les uns et les autres à la fois.L’émission d’hier soir le montrait.

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