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La faute de Bayrou : 
ne pas avoir pris suffisamment 
en compte le courant libéral
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Bayrouzina ?

Et si le candidat démocrate centriste avait trop négligé le libéralisme, tournant le dos précisément là où il était attendu ?

Michel Faure

Michel Faure

Michel Faure est journaliste, écrivain et traducteur.

 
Il est vice-président du Mouvement des Libéraux de Gauche (MLG).
 
Il est l'auteur, entre autres, de Au coeur de l'Espoir (Robert Laffont / avril 2012), co-écrit avec le Dr Eric Cheysson.

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François Bayrou a voulu rassembler le centre sans prendre en compte ce qui désormais le constitue : le libéralisme. Le candidat du Modem a commis la faute de rester dans le “marais” qu’a toujours été son camp depuis l’effondrement d’un courant démocrate-chrétien dont il est l’ultime avatar. Il s’y est embourbé. C’est très dommage, mais c’est bien mérité.

C’est dommage, car Bayrou a prêché des valeurs estimables : la vérité, l’honnêteté, l’effort. Il a été le seul à parler, durant cette campagne, des vrais sujets que sont la dette et les déficits. Mais son échec est aussi mérité car il n’a pas su saisir ni le moment, ni l’occasion qui s’offraient à lui. Il n’a pas vu que la force d’équilibre qu’il recherche, l’axe politique qui aujourd’hui maintiendrait à distance les extrêmes n’est ni le centre-droit, ni le centre-gauche. Ceux-ci n’existent plus depuis longtemps, dissous dans le bipartisme UMP et PS.  Cette force d’équilibre, c’est aujourd’hui le libéralisme et Bayrou ne l’a pas compris. Pourtant, aucune voix libérale ne s’est portée dimanche en faveur de Marine Le Pen, aucune voix libérale non plus pour  Jean-Luc Mélenchon. Peu de libéraux ont voté pour Nicolas Sarkozy, héritier de la tradition étatiste et autoritaire de la droite bonapartiste. Peu de libéraux ont voté pour François Hollande, sachant que le Parti socialiste et ses alliés ont pour habitude de combattre les idées libérales, nées au siècle des Lumières et longtemps socle de la gauche et de la République.

De nombreux libéraux, à l’occasion de ces élections, se sont tournés vers François Bayrou dans l’espoir, qui s’est avéré vain, qu’il les représente enfin.  Certaines organisations libérales, comme le Parti Libéral Démocrate (PLD) ou le Mouvement des Libéraux de Gauche (MLG) ont appelé à soutenir sa candidature car ils ont trouvé chez lui des valeurs qui leur sont chères : le réalisme, l’honnêteté, la mesure. Mais ils attendaient de lui qu’il reconnaisse aussi le poids des idées libérales, diffusées dans l’ensemble de la société française. Ils attendaient que Bayrou reconnaisse leur pertinence en ces moments de crise,  qu’il aille plus loin dans ses propositions d’économies et de réformes, qu’il s’engage davantage en faveur d’une révision de notre système électoral pour y introduire plus de proportionnalité, qu’il redéfinisse le périmètre des actions de l’Etat, défende les acquis européens et notamment les accords de Schengen.  Il n’en a rien fait et peu de libéraux, sans doute, ont voté pour lui.

Bayrou n’est pas un libéral, soit, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il aurait pu, à l’occasion de cette élection, le devenir, comprendre plus vite que d’autres que le libéralisme ne ressemble pas à la caricature grossière dessinée par une gauche longtemps subjuguée par le marxisme et par une droite toujours jacobine et autoritaire. Lui qui se réclame tant de la vérité aurait pu s’approcher de la vérité du libéralisme, laquelle se résume dans la devise de la République – Liberté, Egalité, Fraternité. Il aurait pu deviner, lui le Béarnais, les vertus « girondines » du libéralisme, l’importance de maintenir l’Etat dans ses limites d’arbitre et de régulateur, l’urgence absolue de rembourser la dette et réduire les dépenses de l’Etat afin de libérer les énergies créatrices des Français. Il a choisi d’ignorer cette vérité. Il a préféré tenir son « marais » dépeuplé plutôt que s’aventurer dans une direction qu’il a jugée conflictuelle, audacieuse ou brutale, je ne sais. Il aurait pu voir que les libéraux l’attendaient, espéraient une reconnaissance et une réponse. Il  lui suffisait d’en décider, et le centre devenait une force libérale. Cette force lui aurait donné l’élan qui lui a manqué.

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