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Les trois raisons pour lesquelles l’ambition protectionniste de Trump ne peut pas aboutir. Son projet est purement politique
©SAUL LOEB / AFP

Atlantico-Business

Trump peut dérégler le commerce mondial, oui, mais les forces de rappel politique et économique sont tellement fortes qu’il sera obligé de faire machine arrière.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les milieux d’affaires n’excluent pas un risque de dérapage protectionniste ou d’escalades verbales qui pourraient générer une décision catastrophique et systémique. Mais ils restent cependant très pragmatiques, donc calmes. Le pire n’étant jamais sûr, les marchés financiers, d’ordinaire si nerveux dès que l’équilibre des business sont en jeu, restent sereins et rivés sur les tendances lourdes de l’économie mondiale.

Ils lisent comme tout le monde les tweets du président américain, ils écoutent les bruits de fond qui nous arrivent de Pékin, mais ils ne fuient pas pour autant leur ligne stratégique.
Les milieux d’affaires, comme la plupart des économistes, reconnaissent que la mondialisation a pu avoir des effets pervers pour certaines catégories de population déclassés ou dépassées. Ils savent que la globalisation à transférer une part des activités et des centres de décision vers des régions émergentes au détriment de l’Occident. Ils sont parfaitement conscients que cette phase d’émergence pour plusieurs milliards d’humains dans le monde pose un certain nombre de problème d’adaptation et de gouvernance. Mais tous sont intimement convaincus que la multiplication des échanges est un formidable progrès pour le plus grand nombre et surtout un exceptionnel moyen de
diffuser le progrès et de paix.
Alors, pour les chefs d’entreprise, si l’ambition de Donald Trump peut s’expliquer pour des raisons de politiques à court terme, elle est, à moyen terme vouée à l&#39;échec. Pour trois raisons.  
La première raison est que cette guerre commerciale déclarée par le président américain va toucher très rapidement les américains eux-mêmes et particulièrement les électeurs de Donald Trump. Les consommateurs américains de la classe moyenne pauvre ont besoin de produits pas chers pour protéger leur pouvoir d’achat. Ils ont besoin de voitures low cost, ont besoin d’articles textiles fabriqués en Chine. Ils ont besoin de consommer. Or, 20 à 40% de leur consommation portent sur des produits importés qui vont devenir plus chers. Quant aux exportations qui seront pénalisées par les réactions européennes, elles portent sur des produits emblématiques de l&#39;identité américaine et sur des produits agricoles (bœuf, poulet, soja) qui sont issus de régions très favorables à Trump.
Logiquement, les républicains seront touchés dans leur électorat pauvre par cette guerre commerciale.
La deuxième raison est encore plus simple. Si la guerre commerciale touche les pays émergents, si l’Amérique de Trump cherche à rapatrier une partie de l’industrie, on va assister à une pression sur les prix d’abord et une pression à la frontière avec le Mexique compte tenu des risques de migrants. L’équation est simple, si les pays d’Amérique du sud perdent leurs usines, les populations vont perdre leur travail. Ils monteront dans le nord. Le mur que Donald Trump veut construire ne tiendra pas.
La troisième raison tient à la fragmentation des chaines de valeur comme disent les « savants ».Un avion Boeing qui sort des ateliers de Seattle ou de Houston contient près de 50% de sa valeur en composants étrangers.
Une voiture américaine ou de marque allemande fabriquée en Caroline du Nord, contient près de 60% de valeur importée.
Mais on pourrait faire la radiographie d’un iPhone, pur produit de la Silicon valley et constater qu’ils se compose de 30% de valeur chinoise, de 40% de valeur européenne (dont 5% d’origine française), de 5% de valeur canadienne sans parler des pays d’Amérique du sud qui travaillent aussi dessus. Comment éclater cette chaine dans le cas d’une ambition protectionniste? Tous les économistes savent que la restauration d’industrie nationale n‘a pas d’intérêt mais qu’en plus chaque nation serait incapable de fournir sa demande interne. 
Les conditions d’exploitation n’existent plus, le savoir faire non plus.
Le problème dans la démarche de Trump, c’est qu'il peut dérégler les mécanismes du commerce mondial, fissurer la confiance, voiler la visibilité de l’investisseur. On n’en est pas là. Son problème est de montrer à son électorat qu’il décide de faire ce qu’il leur avait promis de faire, restaurer l’industrie.
Mais quand ils constateront que ce programme va à l’encontre des intérêts de ses « clients », il fera machine arrière. Pragmatisme oblige.

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