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Pourquoi le maintien de la croissance implique d’entrer dans le dur des réformes
©JOEL SAGET / AFP

Edito

La France continue à se transformer avec lenteur alors que le monde évolue à la vitesse d’un cheval au galop.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le sport au secours de la croissance. Le délire footballistique qui s’empare des populations du monde entier est un merveilleux dérivatif aux angoisses générées par la multitude des conflits et aux craintes qui s’expriment sur la pérennité de la croissance depuis quelques semaines. Après avoir loué le fameux alignement des planètes en vertu duquel tout se conjuguait pour favoriser un développement harmonieux de l’économie grâce aux taux d’intérêt très bas et à une énergie bon marché qui favorisaient l’envolée du commerce international, le sentiment prévaut désormais qu’on assiste à un dérèglement général : le loyer de l’argent est reparti à la hausse, les Etats-Unis favorisant le mouvement par une quatrième hausse des taux d’intérêt cette semaine, le pétrole a doublé ses cours en quelques mois, la politique à la hussarde de Donald Trump en privilégiant le repli sur soi de son pays commence à désorganiser les échanges , alors que la loi du dollar met en difficulté de nombreux pays en développement.

Le changement est perceptible en particulier au sein de la locomotive européenne, l’Allemagne, où le pessimisme gagner les milieux d’affaires, devenus la cible favorite de Donald Trump. En France, la confiance du monde de l’entreprise n’est pas encore ébranlée, mais les autorités monétaires commencent à se montrer plus circonspectes comme si l’année 2017, avec son rythme de croissance de 2, 3 % constituait un record qui ne pourrait être conservé. La Banque de France vient ainsi de ramener sa prévision pour 2018 à 1,8% seulement, qui se prolongerait à 1,7% l’année suivante et à 1,6% en 2020 sur la trajectoire présente. Il ne s’agit pas aux yeux des responsables de l’institut d’émission d’un retournement du cycle, mais tout simplement d’une situation que notre pays a maintes fois connue dans le passé : la croissance se fait toujours avec retard par rapport à nos principaux partenaires et elle est souvent moins vive ; inversement, le ralentissement y est moins prononcé. La raison en est claire pour le gouverneur de la Banque de France. Le pays manque de la liberté de mouvement indispensable en raison de l’abondance des freins qui forment une sorte de corset à son développement. Il ne profite pas pleinement des périodes de reprise, alors qu’il conserve un chômage trop élevé qui ne se résorbe pas suffisamment lorsque les moteurs de l’expansion sont allumés. Pour sortir de cette situation la solution est bien connue : il faut opérer les réformes indispensables pour éliminer les freins. Et c’est là que le bât blesse. Car tous les projets élaborés par le gouvernement se trouvent rognés par l’intervention des groupes de pression qui sont toujours très efficaces pour tenter de maintenir leurs statuts et leurs privilèges. On se contente seulement de petits pas, comme on l’a vu pour la réforme du droit du travail, la réforme de la SNCF, trop modeste et qui s’étalera dans le temps, alors qu’on ne s’est pas encore attaqué à la transformation de l’administration et au maquis des barrières administratives et bureaucratiques qui sont une entrave permanente à la liberté du commerce et de l’industrie. La France continue à se transformer avec lenteur alors que le monde évolue à la vitesse d’un cheval au galop.

Conséquence de cette situation : les déficits qui s’étaient un peu résorbés grâce au surplus de croissance enregistré l’an dernier risquent de resurgir, alors que le pouvoir continue de buter contre le mur des dépenses publiques comme s’il s’agissait d’un obstacle infranchissable.

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