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"Ocean's 8" : racoleur mais efficace
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Que des femmes puissent devenir des héroïnes de films de gangsters, ce n'est peut-être pas la plus belle illustration de la promotion de la femme mais, en l'occurrence, ça donne un film qui a du peps. Alors..

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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CINEMA
Ocean’s 8
de Gary Ross
avec  Sandra Bullock, Cate  Blanchett, Helena Bonham Carter, Sarah Paulson, Rihanna, Mindy Kalling, Anne Hathaway…
RECOMMANDATION
           EXCELLENT
THEME
 Lorsqu’on a la cambriole dans les gênes, que fait-on quand on croupit en prison? Bon sang, c’est évident! On planche sur son prochain casse !  Pendant les cinq années de son incarcération, en digne sœur de son frère  Danny - incarné par George Clooney  dans la trilogie des Ocean’s -, Debbie Ocean (Sandra Bullock) a donc mitonné ce qu’elle pense être le « coup du siècle », le vol d’une rivière de diamants estimée à 150 millions de dollars.
A peine sortie de taule, elle s’enquiert de recruter son « équipe ». Conseillée par sa meilleure amie, une drôle de pétroleuse, aussi, celle-là (Cate Blanchett), elle engage une orfèvre faussaire (Mindy Kaling), une arnaqueuse pickpocket (Awkwafina), une receleuse (Sarah Paulson), une hackeuse (Rihanna) et une styliste de mode (Helena Bonham Carter). Une fois sa bande formée, en avant pour un briefing sur son plan délirant: le collier convoité sera dérobé au cours d’un des galas newyorkais les plus courus de l’année. On le trouvera au cou d’une star stressée (Anne Hathaway). 
Mis au point avec une minutie machiavélique, ce braquage sans précédent se doublera (comme dans les précédents Ocean’s) d’une vengeance personnelle, Debbie s’étant arrangée pour que son casse soit imputé, à son ex, un méchant marchand d’art qui l’expédia en prison.  Mais…
POINTS FORTS
- George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon… Excusez du peu ! Pour la trilogie  des Ocean’s, Hollywood s’était offert la crème du star-system masculin. Tant pis pour l’explosion du budget « cachets » ! Les producteurs avaient  compris  que faire interpréter de géniales histoires de casse par les acteurs les plus cool et sexy de la planète pouvait rapporter gros ! Bingo!... Chacun des épisodes avait rapporté six fois la mise… Mais Steven Soderbergh qui les réalisait s’était lassé. Fin du filon ? C’était sans compter sur l’imagination des scénaristes. Et si Danny avait une sœur? Il n’y eut plus qu’à tirer le fil et reprendre la recette de la trilogie d’origine, l‘élaboration d’un casse spectaculaire et audacieux, mais cette fois-ci, concocté exclusivement avec des stars féminines.  Avec le déferlement de la vague féministe, l’idée tombait à pic !
- Voici donc aujourd’hui sur les écrans une version « filles » d’une saga qui avait tétanisé les publics du monde entier. Si Steven Soderbergh apparaît encore à son générique, ce n’est plus en tant que réalisateur - il a passé la main à  son copain Gary Ross - mais en  tant que producteur. Comme il est malin, il est allé débaucher parmi les plus « glamour » des actrices d’aujourd’hui, parmi les meilleures aussi.
- En tête de distribution, dans le rôle de Debbie, Sandra Bullock. Prêtant  à son personnage de reine de la cambriole, son charme et son élégance, cette comédienne éclectique et sexy est plus qu’épatante. A ses côtés, interprétant sa meilleure amie, Cate Blanchett, impressionnante de beauté, d’intelligence et d’énergie. Et puis, les six autres  comédiennes de cette distribution : Mindy Kaling, Héléna Bonham Carter, Rihanna, Anne Hathaway, Sarah Paulson et enfin, la révélation du film Awkwafina, une jeune new-yorkaise prénommée Laura, mais qui a choisi un nom de scène impossible.
- Et puis, et puis encore, au milieu de ce casting huit étoiles, des apparitions  surprises de personnalités, telles qu’en elles-mêmes dans leur propre rôle, comme Anna Wintour, Kim Kardashian. ou Serena Williams.
- Rien que des « filles » ou presque, au générique de cet Ocean’s 8 ? C’est ça qui est nouveau sur une affiche de film américain. Et tant mieux  puisque ces « filles » démontrent que questions rythme, talent et empathie, elles peuvent autant bluffer que les hommes, surtout, lorsque comme ici, elles évoluent dans des décors et des costumes qui en jettent !
POINTS FAIBLES
Reprendre  une formule qui a marché  en se contentant de changer le sexe des participants est un peu court… Les scénaristes  auraient dû prendre la peine de la remanier de fond en comble. Cela aurait évité cette impression de déjà vu.
EN DEUX MOTS
Une version 100% féminine d’un Ocean’s ? L’idée était formidable, novatrice et bienvenue, en ces temps de vague féministe ! On regrette que les dialogues aient été écrits « à la paresseuse », sans cette auto-dérision  qui faisait le sel des épisodes signés Soderbergh. 
Restent, heureusement, l’élucubration du casse en lui même (abracadabrantesque), les décors, l’efficacité scénaristique, le rythme (d’enfer); et surtout la distribution, réjouissante, surprenante, excellente: un régal !
UN EXTRAIT
« La figure du hors-la-loi est au cœur du cinéma américain depuis ses débuts, mais à de rares exceptions près, ces « hors-la-loi » sont toujours des hommes. Je me disais qu’il pourrait être intéressant qu’un groupe de femmes dures à cuire puissent s’imposer dans ce genre qui leur avait jusqu’ici semblé interdit. Et puis, j’ai toujours aimé les films de braquage ». (Gary Ross, réalisateur et scénariste).
LE REALISATEUR
Fils du réalisateur Arthur A. Ross, Gary Ross, né le 3 novembre 1956 à Los Angeles, est un homme de cinéma complet puisqu’il est à la fois scénariste, producteur, réalisateur et acteur.
Contrairement à nombre de ses  confrères, il n’a pas fait d’école de cinéma. Il a commencé à gagner sa vie comme pêcheur, avant de travailler sur des campagnes d’hommes politiques, notamment celles de Ted Kennedy, puis de Bill Clinton. 
Au début des années 90, il se lance dans le roman, puis devient scénariste. Son premier script, Big, co-écrit  avec Anne Spielberg, la sœur de Steven Spielberg lui vaut d’être nommé à l’Oscar du meilleur scénario original en 1989. Il obtiendra cette même nomination en 1994 pour Président d’un jour d’Ivan Reitman.
Entre ses scénarios originaux et ses réalisations, comme Hunger games  (2012) ou Pleasantville (1998) dont il signe aussi l’écriture des scripts,  Gary Ross s’est imposé comme un artiste qui s’intéresse  à la part d’ombre et de lumière de l’être humain.
Ce sont ses amis Steven Soderbergh et George Clooney qui ont pensé à lui pour mettre en scène Ocean’s 8, film « spin-off » (dérivé) de la trilogie Ocean débutée en 2001 avec Ocean’s Eleven.
 Ocean’s 8  est le sixième film de Gary Ross en tant que scénariste-réalisateur.
ET AUSSI
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- Le Cercle littéraire de Guernesey de Mike Newell - avec Lily James, Michiel Huisman, Jessica Brown Findlay…
Dans un Londres qui commence à revivre  doucement au lendemain de la seconde guerre mondiale, la jeune et jolie romancière Juliet Ashton (Lily James) est en panne d’inspiration. Un jour, elle reçoit une lettre en provenance de Guernesey, signée d’un homme se réclamant d’un mystérieux « Cercle de littérature de Guernesey », créé sur l’Ile pendant  l’Occupation. Très intriguée, l’écrivaine, pourtant fiancée, décide de s’y rendre, pour en savoir plus sur son interlocuteur, un charmant fermier prénommé Dawsey (Michiel Huisman, la séduction faite homme). Ce qu’elle va finir par découvrir changera le cours de son existence…
Inspiré du Cercle littéraire des amateurs éplucheurs de patates, un best-seller paru en 2008, traduit dans plus de vingt langues, et qui raconte comment des amoureux de la littérature ont tenu tête aux nazis pendant la guerre, ce film, signé Mike Newell, réalisateur, entre autres, de Quatre mariages et un enterrement, a une séduction assez irrésistible. Il brille par sa profondeur romanesque, dit les ravages (psychologiques) de l’Occupation sur une microsociété endogame, et aussi, célèbre la beauté d’une île qui a su résister à l’appel des sirènes du tourisme de masse. Il est, en plus, porté par la pétulante et ravissante Lily James, une comédienne qui monte, qui monte, et qui n’est pas pour rien, non plus, dans le charme qu’il distille.
                                      RECOMMANDATION: EXCELLENT
- Désobéissance de Sebastiãn Lélio- avec Rachel Mcadams, Rachel Weisz, Alessandro Nivola…
Après des années d’exil à New York, Ronit, photographe de son métier  (Rachel Weisz) revient à Londres pour assister aux obsèques de son père, un grand rabbin respecté de tous. Mais quand la jeune femme arrive, sa sérénité est mise à mal. Non seulement elle se heurte à l’hostilité de  la communauté juive orthodoxe dont, en femme libre, elle avait fui le dogmatisme, mais elle est incapable de résister à son attirance pour Esti  (Rachel Mcadams), l’amie d’enfance qu’elle aima jadis et qui, ayant renoncé à son homosexualité, est désormais mariée à Dovid, un homme très pieux (Alessandro Nivola)… La liaison entre les deux jeunes femmes  va, bien sûr, faire tanguer le couple Esti-Dovid, mais, au delà, ébranler Dovid, jusqu’à, finalement, lui faire renoncer au rabbinat…
Pour son premier film en anglais, initié et produit par Rachel Weisz, le cinéaste chilien Sebastiãn Lelio - Oscar 2018 du meilleur film étranger pour Une femme fantastique - signe une œuvre superbe, bouleversante, captivante, troublante, à la fois physique et cérébrale, qui montre que  la passion charnelle est capable de faire vaciller toutes les certitudes, même celles forgées aux dogmes les plus rigoureux. Sebastiãn Lelio filme ses personnages à la fois  avec pudeur et sensualité, et surtout sans jamais les juger. Cela donne de la hauteur à son Désobéissance, formellement splendide, défendu par un trio d’acteurs d’une sobriété, d’une intelligence et d’une retenue exemplaires.
                         RECOMMANDATION: EXCELLENT
- 3 jours à Quiberon d’Emily Atef- avec Marie Baümer, Charly Hübner, Birgit Minichmayr…
1981. Un an avant sa mort, la très vulnérable Romy Schneider part en cure de thalasso à Quiberon pour tenter de sortir de cette dépression chronique qui la fragilise toujours plus d’années en années. Elle qui accorde peu d’interviews à la presse allemande accepte exceptionnellement de répondre positivement à une demande d’entretien du magazine Stern. Parce que le journaliste la poussera dans ses retranchements, la star, si fragile, retournera aux démons qu’elle est venue tenter de fuir au bord de la mer, l’alcool et les tranquillisants. En l’espace de deux jours, on va voir l’artiste Schneider s’effacer pour laisser toute la place à la femme Romy. Une Romy  désarmée, désarmante surtout, dans son impudeur si… pudique,  qui, outre ses confidences,  va offrir au photographe du magazine allemand venu accompagner son confrère rédacteur, une série de photos à tomber…
Pour qui aime et admire Romy Schneider il est impossible de sortir indemne de ce film, qui tient à la fois du biopic (tous ses personnages sont interprétés par des acteurs) et du documentaire (le scénario a été construit et écrit à partir du Stern qui publia l’interview et des photos de la comédienne réalisées à Quiberon).  
Trois jours à Quiberon n’aurait pas  dégagé cette puissance émotionnelle sans celle qui incarne la star allemande, la comédienne Marie Bauer, d’une ressemblance  hallucinante avec son modèle. Elle en a le regard, la morphologie, la beauté,  mais surtout, la luminosité, la fragilité, la vulnérabilité et la sincérité.
                       RECOMMANDATION: EXCELLENT

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