Rencontre au sommet : mais pourquoi kim Kardashian ne devrait-elle pas être prise au sérieux quand elle rencontre Donald Trump pour lui parler prison ?

Great meeting with @KimKardashian today, talked about prison reform and sentencing. pic.twitter.com/uOy4UJ41JF

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 30 mai 2018

Atlantico : Très influente, Kim Kardashian est probablement la personnalité qui sait le mieux user de sa célébrité à des fins promotionnelles. Preuve à l'appui, son empire la plaçait en 2017 à la 42ème place du classement Forbes "The World's Highest-Paid Celebrities" en 2016. Mais quand elle prend une cause, peu importe son importance, son rôle d'icône féminine l'éclipse. Est-ce lié à l'image globale que renvoient les femmes aujourd'hui ?

Isabelle Alonso : Aujourd'hui ? Toujours ! Bien sûr que la misogynie se déclenche dès qu'une femme agit différemment de ce qu'on attend d'elle. KK n'est pas différente. Mais faire parler d'elle est son fond de commerce. Son "influence" concerne-t-elle autre chose que les produits qu'elle promeut ? Je ne suis pas spécialiste.

L'ascension de Trump est la preuve du phénomène. Il était irrésistible à la télévision pendant la campagne 2016. Il l’est toujours. Il devient président. Kardashian est l'archétype féminin moderne, corps dénudé sur les réseaux sociaux, chevelure soyeuse, elle est sans âge, et elle glorifie la maternité. Sa politique est traitée comme une blague. Cette réaction burlesque de la part des médias et du grand public ne représente-t-elle pas l'idée que nous nous faisons du leadership masculin et féminin ?

Le parallèle Trump / Kardashian parait quelque peu capillotracté. Trump a un énorme pouvoir politique, acquis par triche et manipulation. Alors "irrésistible", non. Juste un symptôme de déréliction sociale. KK a de l'influence, pas de pouvoir. Elle est un cliché sur patte et sait en tirer profit. Mais cela lui enlève évidemment de la crédibilité, toujours inversement proportionnelle à la surface d'épiderme exposée. Il est toujours difficile d'être prise au sérieux, dans son cas c'est quasi mission impossible.

Les défenseurs de la réforme pénitentiaire n'ont pas été séduit par l'idée de cette rencontre comme l'appuie Kristen Clarke, président du Comité des avocats pour les droits civils sous la loi, qui a écrit l'email suivant à nos collègues de chez Vox : "La réforme pénitentiaire est une question complexe qui nécessite une expertise et des connaissances sur les plus grandes disparités raciales. Je ne suis pas au courant que Mme Kardashian West apporte l'expérience requise (...) En bref, cette réunion proposée est scandaleuse et montre clairement que cette administration ne considère pas la réforme pénitentiaire comme une réelle priorité." En somme, l'absurdité de cette rencontre proviendrait-elle, du sexe de la porte-parole ou de l'inexpérience de cette dernière comme le souligne Mr Clarke ?

La question qui se pose est la sincérité de KK. Si elle est sincère et qu'elle peut faire quelque chose de positif dans le contexte de l'enfer pénitentiaire américain, bienvenue à elle. Si c'est juste une très cynique instrumentalisation de la détresse d'autrui, ça craint. Je n'ai aucun moyen de savoir ce qu'il en est.