Austérité : ce qui marche, ce qui ne marche pas. Le bilan de 40 années de données économiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Cette étude nous permet de distinguer les choix politiques qui s’offrent à nos dirigeants, et attire l’attention sur la nature même de l’austérité proposée.
Cette étude nous permet de distinguer les choix politiques qui s’offrent à nos dirigeants, et attire l’attention sur la nature même de l’austérité proposée.
©Reuters

Encore un effort

Une étude menée par le CEPR (Centre for economic policy research) reprend plus de 40 ans de données pour établir les politiques les plus efficaces en matière d'austérité. Le "comment" semble plus important que le "combien", la méthode plus cruciale que les montants.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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La publication récente des travaux menées par Alberto Alesina, professeur d’économie politique de l’Université de Harvard, et Francesco Giavazzi, professeur d’économie de l’Université Bocconi, tous deux membres du CEPR (Centre for economic policy research), met en avant une recherche basée sur 40 années de données des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), mesurant l’efficacité des politiques d’austérité. Cette étude nous permet de distinguer les choix politiques qui s’offrent à nos dirigeants, et attire l’attention sur la nature même de l’austérité proposée.

Une politique d’austérité peut être menée par deux voies bien distinctes, la voie de la hausse d’impôts, et celle de la réduction des dépenses, ou bien évidemment par un savant mélange des deux. Une lecture neutre et non partisane de cette base de données laisse apparaître très clairement que la voie de la baisse des dépenses est à privilégier. « Les ajustements réalisés par la voie des baisses des dépenses sont moins récessionnistes que celles opérées par les hausses d’impôts», et peuvent à la marge avoir un impact positif sur la croissance. De plus, cette voie a pu permettre aux États d’abaisser leur ration de dette sur PIB.

Ce même rapport site les publications du FMI (Fonds monétaire international), révélant les causes de cette efficacité. Les effets sur la confiance sont essentiels dans les politiques proposées, et permettent à eux seuls d’expliquer la force de ces mesures. La réduction des dépenses étatiques tend à relever le niveau de confiance dans un État, permettant un enchaînement d’effets vertueux, baisse des taux d’intérêts, stabilité du taux de change, favorisant ainsi un retour de la croissance. « Si les investisseurs perçoivent correctement que seuls les ajustements des dépenses permettront une consolidation permanente du budget, ceci favorisera la confiance, la baisse des taux d’intérêts et des plus hauts niveaux sur les marchés financiers ».

La comparaison établie avec les mesures de hausse d’impôts sont édifiantes, notamment sur leur impact sur la confiance et la croissance. Ces mesures entraînent une baisse du moral des entrepreneurs, abaisse la volonté d’investissement, impacte la croissance, et de cette façon, n’ont aucun effet positif sur le rapport de dette sur PIB. « Les pays Européens, dont le ratio de recette fiscale est proche de 50% du PIB, n’ont pas la marge de manœuvre nécessaire pour pouvoir augmenter efficacement  leurs revenus ». En effet, l’augmentation de la pression fiscale devient contreproductive dès lors que le niveau de recette est déjà élevé, l’impact négatif sur la croissance efface les recettes supplémentaires, ou aggrave le niveau de dette sur PIB. « selon tous ces éléments, nous devons cesser discuter de l’ampleur des plans de rigueur. Une hausse, même minime des impôts pouvant être plus récessionniste qu’une plus large baisse des dépenses ».

Les deux économistes poursuivent en analysant les mesures ayant eu l’impact le plus probant sur les finances publiques au cours des 4 décennies de données à leur disposition. Trois propositions ont retenues leur attention. La première évoque le transfert d’une partie de l’impôt sur le revenu vers la TVA, à savoir, une TVA sociale, la seconde indique l’importance de l’allongement de durée de cotisations aux retraites, la troisième, insiste sur la nécessité d’abaisser le nombre d’emploi publics.

Cette recherche nous invite réellement à nous concentrer davantage sur la méthode, plutôt que sur les montants. Les propositions faites permettent en effet de pouvoir agir avec la plus grande efficacité, en minimisant les effets négatifs d’une politique d’austérité, favorisant un retour de la croissance. Une telle politique permet en effet d’abaisser les niveaux de tension sur les taux, réduisant de fait la charge des intérêts, et permet un abaissement réel du ratio de dette sur PIB. Des choix politiques différents, mais égaux dans leurs montants affectent différemment l’économie d’un pays. Les choix ne sont pas neutres, et la voie de la réduction des dépenses permet d’alléger le poids de l’austérité grâce à son effet positif sur la croissance.

Les conclusions de ce rapport sont accablantes, pointant les règles du « fiscal compact » européen. Ceci en raison d’un manque de précision quant aux mesures d’austérité à mener au sein des Etats de l’Union. « Les économies européennes resteront stagnantes, si elles ne retombent pas en récession, si les ajustements sont réalisés majoritairement par la voie de hausses d’impôts, et les ratios de dette ne baisseront pas. Et, comme cela a été le cas avec le pacte de stabilité et de croissance, les règle seront finalement abandonnées ». 

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