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Petite marée populaire : ce début de quelque chose que voit Jean-Luc Mélenchon est-il celui de... sa fin ?
©Zakaria ABDELKAFI / AFP

Marée basse

Les soixante organisations qui avaient appelé à manifester dans toute la France contre les orientations du gouvernement ce samedi ont réuni entre 100.000 et 250.000 personnes.

Atlantico : La gauche organisait ce samedi une "marée populaire" dans toute la France. Quel bilan tirer de cette manifestation, alors que la préfecture a annoncé 21 000 participants et les organisations syndicales 80 000 à Paris, et moins de 100.000 dans toute la France selon la police ?

Sylvain Boulouque : C'est un échec plus ou moins relatif en dépit des efforts d'unité entre les différents courants de la gauche traditionnelle qui s'était développés. Les chiffres sont têtus et visiblement la mobilisation militante n'était pas du tout présente. Est-ce que cela traduit un découragement, c'est possible. Est-ce que cela traduit un désintéressement pour la manifestation qui ne serait plus le moyen d'action privilégié, c'est également possible. Peut-être que les gens ne veulent plus aller manifester en se disant que cela ne sert pas à grand-chose. Cela ne veut pas dire que les luttes sociales sont terminées, évidemment, mais cela traduit un individualisme grandissant dans nos sociétés qui fait que, au moins pour l'instant, la manifestation n'est pas le moyen d'action privilégié. Qu'est ce qui pourrait y succéder comme moyen d'action ? On n'en sait rien. Les réseaux sociaux montrent une colère latente mais il n'y a aucun débouché à cette colère.

Jean-Luc Mélenchon à Marseille a appelé à "former ce front populaire dont le peuple a besoin" et l'unité des organisations a eu lieu. Toutefois cela n'a pas été suffisant car il manquait toute la gauche réformiste (le PS, la moitié des mouvements syndicaux). Même s'il y a eu convergence des organisations et chiffres mis à part est-ce que cette manifestation a traduit une convergence des luttes ?

Toutes les revendications sont mêlées mais ce ne sont que des minorités militantes qui manifestent (supporters de la ZAD, collectif pour Adama…) et il n'y a pas de convergence des luttes. Il n'y a pas du tout de fusion qui pourrait laisser entrevoir une grève générale. Cette mobilisation a été extrêmement fragmentée et fragmentaire et l'on ne voit pas, contrairement à ce qu'ils annoncent, un développement potentiel des luttes.

Le résultat de cette manifestation est donc une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron ?

Disons que pour l'instant, il peut continuer sur sa lancée car la marée humaine s'est transformée en vaguelette. Le rapport de force n'est clairement pas en sa défaveur. Il devra toutefois rester attentif à ces protestations aussi bien dans la rue que sur les réseaux sociaux car il n'est pas exclu que cette même colère se traduise à l'avenir par un vote en faveur de l'extrême droite. C'est tout à fait possible. Il n'est pas exclu non plus que, les militants voyant que les manifestations traditionnelles ne sont plus un moyen d'action efficace, on assiste à une radicalisation de ces derniers avec un développement des violences symboliques.

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