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Italie : pourquoi le gouvernement français ne s’inquiète pas outre-mesure
©CréditVINCENZO PINTO / AFP

Pas de panique

Et en tous cas on ne le montre pas, mais les choses pourraient changer, en fonction de la mise en oeuvre du programme du nouveau gouvernement transalpin, et de ses conséquences sur les marchés financiers.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Et en tous cas on ne le montre pas, mais les choses pourraient changer, en fonction de la mise en oeuvre du programme du nouveau gouvernement transalpin, et de ses conséquences sur les marchés financiers. Personne ne croit à une sortie de l'Europe de l'Italie, et tout le monde refuse la comparaison avec le Brexit. Cependant au fil des réflexions on constate que l'inquiétude est latente et on voit pointer une once d'autocritique : l'absence de solidarité européenne face à la vague migratoire qui a submergé l'Italie n'est-elle pas  en partie à l'origine du vote des électeurs italiens? "L'Europe les a bien laissés tomber  avec la vague migratoire", pointe un ténor de la majorité. Mais  si les scenarii les plus sombres sont évoqués, c'est pour être mieux récusés.

Pour l'heure tout le monde veut se rassurer en invoquant à la fois les différents " verrous" qui existent dans les institutions italiennes et...la fragilité de la coalition qui est en train de se mettre en place  en Italie." Ce n'est pas comme si Marie Le Pen avait été élue à la présidence de la République", avance un membre de la majorité, pour mieux souligner le manque de stabilité de la vie politique transalpine. L'ancien journaliste économique Gilles Le Gendre, aujourd'hui député LRM,  rappelle que l'Italie n'a jamais été dans les " clous" européens. Il garde un souvenir précis d'une rencontre avec Jean-Claude Trichet, le gouverneur de la Banque de France à  l'époque (avant l'an 2000), où se préparait le passage à l'euro: "il me montrait des courbes des graphiques  pour me démontrer que " jamais l'Italie ne fera partie des premiers pays de la zone euro". La politique a eu raison des courbes et des graphiques car il était impensable que l'un des pays constitutifs de l'Union Européenne en soit exclu". La " politique", aura-t-elle une fois de plus raison  de la crise qui menace ?

De toutes les conversations que nous avons eues avec des personnalités de la majorité, il ressort qu'il est urgent d'attendre tout en se montrant vigilants, qu'il convient de tenter de se prémunir (-comment ?), voire d'anticiper ( - ou souhaiter), une méga crise européenne qui obligerait les états membres à repenser les institutions...

 "Pas besoin de se faire peur, on jugera sur les actes" explique-t-on à Bercy, où l'on fait observer que "la structuration bancaire n'est pas optimale de l'autre coté des Alpes". A Bruxelles, où il se trouve pour négocier "le paquet bancaire" et travailler sur l'avenir de la zone euro, Bruno Le Maire a  tenu à rappeler, comme si cela était nécessaire que "l'Italie est un partenaire essentiel de la zone euro". Et le Ministre de l'Economie pensait forcément à l'Italie lorsqu'il a déclaré que "chacun voit bien aujourd’hui, au regard de la situation internationale, des difficultés européennes, qu’il y a une nécessité absolue à renforcer la zone euro", avant de préciser  "Nous avons tous noté de manière positive les premières déclarations du Président du Conseil Italien, qui s’est engagé justement à respecter les règles européennes... nous voulons travailler de manière constructive avec l’Italie". Deuxième piqure de rappel .Gilles Le Gendre, un des porte parole du groupe LRM appuie :"Tout ce qui se passe là donne entièrement raison à Emmanuel Macron "( ndlr :dans sa volonté de réformer la zone euro )"et ... rend sa tâche encore plus compliquée". Point de vue nuancé par le centriste Jean-Louis Bourlanges qui relève que " nous ne sommes pas bien placés pour leur donner des leçons, tant que nous n'aurons pas assaini nos finances publiques". Jean-Louis Bourlanges, qui est l'un des meilleurs connaisseurs des arcanes européennes pour avoir siégé au Parlement de Strasbourg pendant plus de dix huit ans, veut croire à l'efficacité des  verrous  qui peuvent prévenir une dérive du programme de la coalition gouvernementale, le premier étant le président de la République, Sergio Mattarella , qui dispose de moyens constitutionnels pour bloquer certains projets, même si ses  pouvoirs ne sont pas aussi étendus que ceux de son homologue français ; pour lui Mario Draghi, le président de la Banque Centrale européenne, jouera un role essentiel. Mais surtout, pour bien connaitre la vie politique italienne, il  ne croit guère à la longévité de la coalition et pense que des divisions apparaitront assez vite. Cette coalition est certes baroque mais les électeurs italiens ont majoritairement réclamé une politique anti-austérité pas vraiment compatible avec l'assainissement des finances publiques, et une politique sécuritaire, anti-immigration." Si les électeurs italiens devaient à nouveau se rendre aux urnes, cela pourrait engendrer une situation encore plus confuse" fait observer un membre de la majorité . Et si tout cela menait finalement  à une grande crise institutionnelle en Europe , interrogent certains ? " Réponse de Jean-Louis Bourlanges :"Il y a un moment où on va donner un coup de pied au fond de la piscine" (-parce qu'on sera tombé au fond et qu'il faut sortir la tête de l'eau) ...

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