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Pourquoi nous n’arriverons à rien en Asie, tant que nous miserons sur la Chine.
©Greg Baker / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

La politique de la France devrait se concentrer sur l’union avec des pays comme Taïwan, la Corée, le Japon, et l’unir progressivement à des pays d’Europe.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La Chine. Tout le monde rêve d’un eldorado qui ne nous veut pas. Tout le monde rêve d’un marché dont il sera évincé, à un moment ou un autre. Tout le monde rêve de volumes que nous pourrons frôler, mais jamais détenir. La Chine n’est pas pour nous, la Chine ne pense qu’à elle. La Chine a pour but ultime de reprendre ce qu’elle a temporairement donné.

La politique de la France et de l’Europe, faite de naïveté et de fantasmes n’est pas à la hauteur. Trump montre peut être maladroitement les muscles, mais au moins il les montre au lieu de rester, comme nous, au chaud, terrorisés, sous la couverture. Pour montrer sa force, il faut la détenir. Nous sommes faibles. Et désunis. Nous nous appliquons à respecter des règles qui nous desservent et nous handicapent. Si nous voulons faire, nous le pouvons encore, mais d’égal à égal, sans état d’âme. Sans naïveté.

Puisque l’Europe est incapable d’une politique économique commune, sauf pour récupérer l’argent d’éventuelles sanctions, toujours destinées aux USA d’ailleurs (même si c’est à raison souvent), alors il nous faut prendre une autre voie. Celle de l’union des « faibles », celle de l’union des « petits ».  Les « nains unis » peuvent tenir tête aux géants, Chine incluse. C’est pourquoi la politique de la France devrait se concentrer sur l’union avec des pays comme Taïwan, la Corée, le Japon, et l’unir progressivement à des pays d’Europe. Former un « cartel » de la réussite numérique et industrielle, qui appliquerait des règles proches de celles de la Chine (investissement massif, pas de pitié avec la concurrence, un égoïsme fort, au moins dans un premier temps, la constitution d’un marché fort…). Assembler l’infiniment petit afin de paraître, et devenir, infiniment grand.

Taïwan est certainement l’univers qui nous ressemble le plus. Des Chinois « d’origine » qui ont eu la chance d’échapper à la grande sœur et son contrôle politique étouffant, pour vivre dans une République, démocratique, où la critique est permise. On pourrait croire que la France l’aurait déjà reconnue depuis longtemps, au nom de ces droits de l’homme et de ses « valeurs républicaines » dont elle se gargarise si souvent, en toute occasion. Et pourtant. Non ! On préfère la dictature à la démocratie. Sûrement l’effet de la distance, les valeurs se diluent au rythme des kilomètres. Etrange. Quand il s’agit d’argent, on trace un trait, en « typo gras », sur ses valeurs.

Taïwan avait choisi le « made in pas cher », l’assemblage, et n’a pas su se doter d’une intégration qui lui aurait permis de capter la valeur. Nous avons choisi le pouvoir d’achat qui garantit le chômage, et renié la qualité, pour ne surtout pas parler de prix élevés. Ils ont du mal à choisir les énergies renouvelables. Comme nous. Ils peinent encore sur le numérique. Comme nous. Ils subissent la Chine et les USA. Comme nous. Tout nous rapproche sauf la reconnaissance de cette gémellité. Dommage.

Nous y avons une équipe remarquable, qui se donne du mal sur tous les fronts, et manque souvent de reconnaissance et de soutien. Il ne faudrait pas froisser la grande Chine. Pourquoi ? Aucune idée. On pourrait penser que ce serait par crainte de représailles commerciales. Mais la Chine a encore besoin (quelque temps au moins) de nos productions, de nos technologies, du savoir-faire de nos grandes industries. Mais en avons nous besoin ? Notre production, avec l’aide de l’imprimante 3D devrait permettre de faire à nouveau en France, nombre de productions de masse. Nos technologies, pourquoi continuer à les vendre à un pays qui une fois qu’il les a comprise, dénonce les accords et les fait sienne en « virant » le partenaire ? Notre savoir-faire, pourquoi le donner ? En conclusion, avec la Chine, le bénéfice revient toujours au même. Alors prendre autant de précaution, pour ne gagner que des coups en échange ? On appelle cela du sadomasochisme, pas de la diplomatie ! Arrêtons cette lâcheté doublée de naïveté et redevenons « des hommes ». Au moins, si nous voulons nous moquer de Trump, montrons que l’intelligence n’impose pas la faiblesse. Sinon je vais finir par préférer un président stupide à un président faible. Comme beaucoup, d’ailleurs !

En tant qu’entrepreneur, j’ai pris un vrai plaisir à la rencontre de Taïwan. Et de nos équipes locales. Des entreprises incroyables, dont Foxconn, 150 milliards de dollars et 1.7M d’employés, investisseur dans Devialet aux côtés de Jacques Antoine Granjeon de Vente Privée (et Xavier Niel). Mais l’exemple de la Corée, pourrait aussi être cité, avec Line, l’application la plus populaire dans les « petits » pays Asiatiques, qui a mis 200 millions sur la tête brune de Fleur Pellerin, afin de miser sur des start-up françaises capables de se développer en Asie. L’exemple à suivre est là. Ajoutons les bientôt 100 millions du Vietnam, les 52 millions de la Corée, les 100 millions des Philippines, nous avons presque 300 millions d’habitants prêts à accueillir Qwant pour remplacer Google, et qui n’ont pas pour obsession de nous dépouiller, mais plutôt de coopérer.


Alors à quand une nouvelle politique du « petit gros » ?

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