Debrief du 1er tour
Pourquoi la campagne de l'entre-deux tours sera violente
Des débats TV ternes ce dimanche soir, deux gagnants (Hollande et Le Pen), beaucoup de perdants et un entre-deux tours qui s'annonce musclé.
Christian Delporte
Christian Delporte est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin et directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines. Il dirige également la revue Le Temps des médias.
Son dernier livre est intitulé Les grands débats politiques : ces émissions qui on fait l'opinion (Flammarion, 2012).
Il est par ailleurs Président de la Société pour l’histoire des médias et directeur de la revue Le Temps des médias. A son actif plusieurs ouvrages, dont Une histoire de la langue de bois (Flammarion, 2009), Dictionnaire d’histoire culturelle de la France contemporaine (avec Jean-François Sirinelli et Jean-Yves Mollier, PUF, 2010), et Les grands débats politiques : ces émissions qui ont fait l'opinion (Flammarion, 2012).
Son dernier livre est intitulé "Come back, ou l'art de revenir en politique" (Flammarion, 2014).
Atlantico : Quels sont les principaux points à retenir selon vous des débats post premier tour de ce dimanche soir ?
Qui sont les gagnants ? Les perdants ? L'élection est-elle jouée ?
A quoi va ressembler selon vous l'entre deux tours ?
Que penser de la proposition des trois débats de l'entre-deux tours ?
Elle est illusoire et inacceptable pour Hollande. Sarkozy le sait très bien, du reste. La proposition est tactique : elle vise à montrer que Hollande se dérobe et a peur. C’est de bonne guerre, Giscard avait agi de même en 1981, en demandant, à l’époque, deux débats.
On pourra toujours rétorquer au Président qu’il demande à Hollande ce qu’il n’avait pas demandé à Royal en 2007, c’est-à-dire à l’époque où, lui, était favori des sondages. Sarkozy pense-t-il à l’exemple américain ? Là-bas, c’est vrai, il y a deux ou trois débats entre les favoris (à vrai dire, on retient surtout le premier !), mais ils s’étalent sur un ou deux mois et se situent loin avant l’élection. Sarkozy, qui aime la télévision et est devenu le challenger, a tout intérêt à demander plusieurs confrontations ; mais Hollande, désormais favori, a plus à y perdre qu’à gagner. Or, dans ce contexte, c’est le favori qui a la main.
Bref, soyons réalistes : il y aura un débat et un seul. Il sera solennel, nourri de dramaturgie, alimenté d’escarmouches et de petites phrases. Il sera très suivi, car les Français aiment ces combats singuliers. Mais il sera unique. C’est bien pour cela qu’il sera le grand moment de l’entre-deux-tours.
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