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Michel Mercier : 
"Nicolas Sarkozy devra s'adresser 
autant aux électeurs centristes 
qu'à ceux du Front national"
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Vu du centre

Interview avec le garde des Sceaux, en congé du MoDem.

Michel Mercier

Michel Mercier

Michel Mercier a été sénateur du Rhône (1995-2009) et président du groupe Union centriste au Sénat (2002-2009). En novembre 2010, il est nommé garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés.

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Atlantico.fr : Quels enseignements tirez-vous de ce premier tour ?

Michel Mercier : Le premier enseignement, c’est que les résultats montrent que les choses sont très ouvertes pour le second tour, parce que les deux candidats sont vraiment au coude à coude. De plus, il y a beaucoup de candidats qui font plus de 10 points, ce qui fait beaucoup.

Je pense qu’on va maintenant entrer dans le cœur du sujet : il va falloir que les deux candidats s’expliquent entre eux pour que les Français voient la différence qu’il y a entre les deux projets et entre les deux hommes. Parce qu’on vote pour un projet, mais aussi pour un homme ou une femme.

On l’a bien vu : Nicolas Sarkozy a été élu en 2007, et puis la crise est arrivée un an après. Ce n’était plus le même projet, mais c’était le même homme. L’homme qui s’est révélé dans la tempête comme étant celui qui est capable de tenir le timon de l’Etat.

Le vote d’aujourd’hui n’est-il pas un vote de rejet ?

Je ne crois pas ! Depuis le temps que vous annonciez ce vote de rejet dans les médias... Avoir à peu près le même score que François Hollande à un point près, je ne vois pas où est le rejet.

Pourtant, c’est la première fois qu’un président sortant n’est pas en tête du premier tour à l’élection présidentielle …

Il faut aussi remarquer que certains présidents sortant ont obtenu un score bien inférieur à 27%, et ont été réélus. Et il faut aussi examiner la situation à travers le prisme de la crise financière. Lors des élections dans beaucoup d’États voisins, les sortants ont été sortis. Le Président de la République n’a pas été sorti. Il est là, au cœur du jeu.

Quelle campagne lui conseillez-vous pour le second tour ? Comment doit-il axer sa campagne ?

Il mène une campagne de rencontre avec les Français, c’est à lui de déterminer la façon dont il va leur parler. Au premier tour, chacun exprime à la fois des préférences, des questions, des inquiétudes. Au second tour, on choisit entre deux qualifiés et on doit en éliminer un. Je ne pense pas que Nicolas Sarkozy sera éliminé. C’est à lui trouver les réponses aux questions et aux angoisses des Français, et je suis sûr qu’il peut le faire.

Un pays ne peut pas être indépendant  s’il n’a pas la maitrise de ses finances publiques. C’est la lutte contre les déficits, le premier problème que soulèvent les centristes depuis 2007. Je crois que Nicolas Sarkozy apporte la meilleure des réponses à cette question-là. Cette année, on a réduit le déficit plus que ce qui était annoncé.

Je ne suis pas sûr que ce soit en créant 60 000 postes de fonctionnaires que l’on va réduire le déficit. C’est sur des questions comme celle-là que l’on peut juger le projet. Je crois que Nicolas Sarkozy propose un projet qui est exigeant et qui demande des efforts.  C’est le prix pour sauver notre pays et garder notre indépendance.

Comment jugez-vous le score de Marine Le Pen ?

Je pense que Marine Le Pen obtient les voix de gens qui adhèrent au Front National d’une part, et d’autre part de ceux qui trouvent que le Front National est le bon moyen de poser des questions. Je crois qu’il faut répondre à ces électeurs qui posent des questions sur la sécurité, sur l’immigration. Par exemple, la question du vote des étrangers aux élections locales, c’est une question criante, qui inquiète nos concitoyens, donc ils votent Front National.

Faut-il suspendre les accords de Schengen ?

Il ne s’agit pas de suspendre les accords de Schengen, il s’agit de les rendre efficaces.

Allez-vous lancer un appel officiel à François Bayrou ?

Non, je ne lancerai d’appel à quiconque. François Bayrou est un ami. Mais il a dit ce qu’il pensait tout au long de la campagne, du programme présenté par François Hollande. C’est à lui de trouver la formule qui lui convient pour pouvoir peser demain dans la vie politique française et participer à la reconstruction du centre.

A ce propos, pensez-vous que le centre va se reconstituer ?

C’est une question qu’on me pose à chaque fois. Je sais qu’il n’y a peut-être pas forcément de force centriste, mais il y a des électeurs centristes. C’est à ceux-ci que Nicolas Sarkozy doit s’adresser.

Plus qu’aux électeurs du Front National ?

Non, pas plus, mais autant. Les électeurs du Front ne sont pas tous adhérents aux thèses du Front. Il ne s’agit pas d’adhérer aux thèses du Front national, il s’agit de répondre aux inquiétudes des Français qui ont voté pour le Front national, sans adhérer à ses thèses.

Il faut répondre aux attentes des Français sur l’Europe, sur les finances publiques, sur l’Etat impartial.

Propos recueillis par Anita Hausser

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