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Cybersécurité : comment se (re)développe la "société de confiance"
©Reuters

Bonnes feuilles

On assiste aujourd’hui à l’explosion d’une délinquance cyberorganisée, inventive et sans frontières. Résultat : les incidents se multiplient et engendrent une perte massive de confiance des consommateurs. La confiance, voilà donc la clé pour avancer sereinement dans le cybermonde. Celle-ci dépend, notamment, de la capacité des États et des entreprises à renforcer leur collaboration et à rendre attractive cette filière pour les meilleurs talents. Extrait de "La Cybersécurité face au défi de la confiance" de Philippe Trouchaud, publié chez Odile Jacob le 9 mai.

Philippe  Trouchaud

Philippe Trouchaud

Philippe Trouchaud est associé au sein du cabinet PwC où il est responsable des activités de cybersécurité pour la France et membre du comité de direction mondial dédié à cette activité. À ce titre, il conseille les directions de groupes internationaux et des entreprises du CAC40. Son précédent ouvrage La Cybersécurité au-delà de la technologie (Odile Jacob) a reçu le prix du Forum international de la cybersécurité 2017. 

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Tout au long de l’histoire économique, c’est bel et bien la confiance qui a permis de favoriser l’éclosion de l’économie marchande. Sa position centrale a même été telle que le concile de Trente en 1545 a condamné l’homme trop confiant car justement habité par une trop grande « capacité à se fier à ses propres lumières », motivé « par la volonté de suivre son propre pouvoir de prévision » et qui agit avec « une énorme confiance en lui », le détournant ainsi des choses de la spiritualité religieuse. C’est cette nouvelle dimension d’esprit qui a aussi engendré la Renaissance et le développement de l’économie marchande. Cette société de confiance, qui a été dominée par ce que certains appellent l’« ethos de confiance » (Alain Peyrefitte1 ), a été celle de la Renaissance, mais aussi celle des révolutions industrielles. L’« ethos », au sens grec, désigne les manières d’être et les habitudes d’une personne. Peyrefitte souligne, lui, les habitudes et l’état d’esprit qui régnaient au moment de la Renaissance. C’est cela l’ethos de confiance, cette croyance des individus de la Renaissance en un avenir meilleur et en un humanisme plus puissant encore.

Alain Peyrefitte dans ce livre paru en 1995 ne s’arrête pas là. L’auteur y forge le concept de « société de confiance » et lui donne sens. Ainsi, le développement économique – et plus largement le développement humain – est-il le produit de cette société de confiance, dont l’ethos se définit par la liberté, l’innovation, l’adaptation, le risque contrôlé et la responsabilité. Pas éloigné, finalement, des outils qui peuvent permettre aujourd’hui de faire émerger une société numérique au risque cyber raisonné. Mais poursuivons, encore un peu, avec la pensée d’Alain Peyrefitte. Selon  lui, le  développement crée une société entrepreneuriale génératrice de progrès. En somme, par un cercle vertueux, le développement renforce la confiance qui ellemême renforce le développement.

Autre élément intéressant : Peyrefitte et avec lui de nombreux historiens observent qu’au xve   siècle, dans toute l’Europe, alors que la Renaissance (encore elle) démarre, une « vibration économique » se fait sentir. Dans cette vibration, les outils nouveaux, les nouvelles connaissances et la possibilité d’une nouvelle donne. L’imprimerie en fera partie. Développement historique qui rappelle une chose : une « vibration économique » forte qui rebat complètement les cartes de ce que nous connaissions auparavant ; c’est le cas de celle actuelle du numérique. L’homme a deux choix : le repli et la peur ou la confiance et l’invention. Nous en sommes là. Reste à savoir quel chemin nous choisirons collectivement.

De fait, c’est parce que les hommes avançaient avec cette confiance chevillée au corps qu’ils ont réussi à déplacer des montagnes. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », écrivait Mark Twain. Or la situation actuelle de l’avènement du numérique est aussi importante que la situation économique des révolutions industrielles. Oui, le développement et l’accroissement toujours plus grand d’Internet constituent un bouleversement social et sociétal profond qui rebat l’ensemble des cartes de l’économie. La différence avec le passé est peut-être dans la vision que l’on peut aujourd’hui avoir de l’avenir. Quand les machines à vapeur et l’électricité adviennent, leurs apports apparaissent rapidement évidents. Surtout, ce sont des « inventions finies » en ce sens qu’une fois adoptées elles ne sont plus en mouvement. Tout l’inverse de la connectivité qui – par essence – veut toujours s’étendre et tisser sa toile. En ce sens, nous ne parvenons pas à imaginer l’avenir. Il reste liquide, flou et complexe. Nous y sommes. Voilà pourquoi, il nous paraît important de parler à nouveau de la confiance. Et de tenter d’en brosser les nouvelles formes.

Aujourd’hui, les entreprises ont profondément adopté le numérique. Jamais l’humanité n’a produit autant de données stratégiques. Jamais les entreprises n’ont autant investi dans la technologie. Chaque année, les entreprises mondiales dans leur ensemble investissent l’équivalent de 3 800 milliards de dollars dans le numérique et la technologie. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, un investissement aussi colossal n’avait été aussi indispensable à la survie de l’économie. En plus d’être un investissement crucial pour toutes les entreprises de tous les secteurs économiques, l’investissement technologique est un moyen de donner confiance à ses potentiels clients. En effet, selon une étude OpinionWay, 61 % des Français considèrent que de voir une marque se développer dans l’économie numérique augmente la confiance qu’ils lui accordent.

Dans le même ordre d’idées, selon cette même étude, 57 % des Français affirment que de voir une entreprise développer de nouveaux usages numériques augmente la confiance qu’ils ont en elle. Toutefois, le paradoxe d’Internet intervient alors.

Extrait de "La Cybersécurité face au défi de la confiance" de Philippe Trouchaud, publié chez Odile Jacob le 9 mai

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