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Attiser les pulsions révolutionnaires dans un système démocratiquement bloqué (pour eux) : ce piège dans lequel s’enferment La France Insoumise et le FN
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Pari risqué

Les deux partis profitent d'une posture, leur permettant jusqu’ici d’être "anti-système" tout en l’intégrant "à leurs corps défendant" et en profitant d’une certaine légitimité.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

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Atlantico : Un an après la présidentielle, le Front National et la France Insoumise sont-ils pris au piège des partis extrêmes dans un système démocratique ?  

Sylvain Boulouque : Ils sont effectivement dans une posture et un jeu de rôle avec le gouvernement, puisqu’ils captent tout le débat d’opposition, Les Républicains se situant maintenant en troisième position. Cette posture leur a permis jusqu’ici d’être « anti-système » tout en l’intégrant « à leurs corps défendant » et en profitant d’une certaine légitimité.

Le discours radical de la France Insoumise et du Front National ne trouve-t-il pas ses limites face aux mouvements activistes tels que Génération Identitaire pour le FN et les mouvements d'extrême gauche pour la FI ?

La situation est différente pour les deux partis. Marine Le Pen conserve des liens avec Génération Identitaire et arrive à en tirer profit, comme on l’a vu récemment avec lors de leur action au Col de l’Echelle contre les migrants. Ces mouvements ne sont pas hostiles au FN et à partir du moment où ils ne tiennent pas de propos directement racistes ou illégaux, Marien Le Pen peut composer avec cette forme de contestation. Par ailleurs, le FN bénéficie d’un électorat stable et beaucoup moins volatil, voire versatile, que celui de la France Insoumise.

Jean-Luc Mélenchon alimente le discours contestataire et oppose au gouvernement élu la force des manifestations et du « peuple », tout en jouant le jeu des élections. Cette posture est-elle tenable à terme ?

Jean-Luc Mélenchon, contrairement à Marie Le Pen, est détesté par les mouvements d’extrême gauche. Les Black Blocs le considèrent comme faisant partie du système et il fait face à une forte hostilité des plus radicaux. Sa réaction, qui a consisté à les assimiler à l’extrême droite, montre qu’il est mal à l’aise avec cette mouvance. D’autant plus que les frontières sont poreuses et qu’il est tout à fait possible que des électeurs de la FI aient rejoint les Black Blocs lors du défilé du 1er mai.

A l’épreuve des faits, ces partis sont-ils dans une impasse ? Comment peuvent-ils alimenter un discours de rejet tout en se pliant au jeu électoral qui n’en a jamais fait des partis de gouvernement ?

C’est un phénomène assez étrange mais d’une part Mélenchon contourne le sujet en se positionnant dans un projet de « nouvelle république citoyenne », d’autre part ils bénéficient tous les deux d’un réservoir de voix important. C’est un argument de poids au regard du score d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle, et de l’inquiétante montée de la contestation dans la société française. On peut espérer que dans cette période très explosive, ces partis soient utiles et parviennent encore à canaliser la violence de ces mouvements et à remplir leur fonction de représentation des marges.

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