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Paris Habitat invite le père Ubu au cœur du Marais
©JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Foucades et argent public

Le romancier et poète Alfred Jarry (1873-1907) n’avait pas osé en rêver, mais ça y est, c’est sûr : de sa Pologne adoptive, le père Ubu a élu domicile à Paris, dans le Marais, au 51 rue des Archives plus précisément, presque en vis-à-vis de l’altier et vénérable portail de l’hôtel de Clisson, englobé aujourd’hui dans le massif des Archives nationales.

Célestin Euvrard

Célestin Euvrard

Célestin Euvrard  est un essayiste français. 

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L’immeuble du 51 rue des Archives (75003) se compose de trois bâtiments solidement construits au début du XXe siècle, annonçant déjà par leur style architectural l’Art nouveau. Depuis quelques années, l’ensemble qui abrite une petite cinquantaine de logements sociaux, un restaurant très fréquenté ainsi qu’une galerie d’art et un salon de beauté, est géré par le premier bailleur social de la Ville de Paris, Paris-Habitat.

Le site internet de  cet acteur majeur du logement social[qui]dans un souci constant d’équité  magnifie au gréd’une symphonie de formules dithyrambiques  les compétences et le savoir-faire de cet organisme philanthropepour loger, construire, réhabiliter, renouveler les territoires (sic), attribuer des logements, assurer un cadre de vie agréable … on peut le supposer… au grand nombre de ses locataires, car dans son élan onirique l’auteur de ces déchirantes périphrases marmoréennes oublie d’en mentionner l’existence.

Depuis la mi-décembre, les habitants du 51 vivent au quotidien l’expérience du « vivre-ensemble » avec Paris-Habitat, qui a pris la décision de rénover à très grands frais un immeuble en parfait état.

Vraiment, l’histoire pourrait être comique, voire vaudevillesque, adjectif entré à point nommé dans Larousse.

Notre père Ubu, ayant eu vent de l’affaire, s’est donc précipité des rives de la Vistule pour s’installer dans une réplique des écuries d’Augias remarquablement installée dans le jardin intérieur de l’immeuble, où, selon l’agence locale du bailleur, croissait miraculeusement une mousse assez rare sur le sol parisien, l’helxine soleirolia, empêchant au nom des sacro-saints principes de l’écologie,toute intervention mécanique ou chimique du jardinet.

En quelques jours tout fut saccagé, les détritus s’amoncelèrent dans ce havre bucolique avant que des baraques de chantier ne finissent par accroître de plus belle la pagaille et que le local poubelle ne vomissent ses déchets un peu partout.

Mais dans son extravagance courtelinesque, Paris-Habitat avait vu grand : installation de VMC dans tous les appartements, suppression des colonnes de vide-ordures dans les escaliers, ravalement des façades, destruction d’un mur mitoyen, jointage des moellons d’un mur pignon et, pour financer l’opération –l’écologie a quand même ses limites- l’installation d’une antenne parabolique sur le toit, etc.

Dans un immeuble ouvert à tous les vents, et sans égard à la sécurité des appartements comme des habitants, en plein hiver, le maelström fut conduit tambour battant tout azimut, à la grande stupéfaction des ces derniers pris de court qui n’avaient désormais plus qu’un seul droit : celui de se taire.

Dans une unanimité presque totale, les locataires voulurent faire entendre raison : la pose de VMC s’avérait inutile en raison de la présence de larges fenêtres dans chacune des pièces de l’immeuble ; la destruction de vide-ordures ne s’imposait pas puisqu’aucun appartement n’avait jamais été infecté d’insectes nuisibles ; les façades conservaient encore toute leur fraîcheur. Rien n’y fit. Sommations, visites domiciliaires, menaces remplacèrent la belle profession de foi du bailleur.

La saleté des cages d’escalier, l’insalubrité du jardin et du local poubelle, les dégats en tout genre occasionnés par les travaux dans les parties communes laissées à l’abandon, les plafonds éventrés dans chaque appartement, des bruits infernaux en haut, en bas, à côté, plus loin…,  les dizaines de courriers adressés aux gestionnaires de Paris-Habitat… n’ont pas eu l’heure d’ébranler les  responsabilités sociétales(sic)  de cet  acteur majeur du logement social parisien.

Mais qu’on se rassure, Ubu règnera en maître encore longtemps au 51 de la rue des Archives. Le chantier, qui va se prolonger au moins six mois, vaut le détour. Dans leur détresse commune les locataires sont prêts à proposer des horaires de visite !

Mais déjà, dans l’aveuglement dont il a le secret, Ubu roi a délicatement déposé quelques premières cerises sur ce gâteau dégoulinant de bêtises et d’argent public gaspillé !

  • Les échafaudages ont été élevés sans autorisation administrative… bloquant la poursuite des travaux sur rue !
  • La façade sud de la cour, ravalée à présent depuis 6 semaines, ayant gardé un échafaudage devenu inutile et ayant du affronter des travaux faits aux alentours est aujourd’hui davantage souillée qu’il y a six mois : les garde-corps repeints comme les rebords de fenêtre sont recouverts de ciment poussiéreux !
  • Quant à la soufflerie de la VMC,  On vient de se rendre compte, n’y a pas assez de place pour l’installer comme prévu sur le toit de l’immeuble !

A qui profite le crime ? diront certains,

poser la question, n’est ce passans doute déjà y répondre !

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