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"Tyler Cross, tome 3 : Miami" : moins de flics que de jolies filles
©Reuters

Atlanti-Culture

Dans la série Tyler Cross, qui a créé un petit tremblement de terre dans l'univers de la BD, le tome 3 est un polar très polar et très accrocheur. Mais où sont passés les flics à Miami?

Dominique  Clausse pour Culture Tops

Dominique Clausse pour Culture Tops

Dominique Clausse est chroniqueur pour Culture Tops

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BD

Tyler Cross, tome 3 : Miami

Textes : Nury, dessins : Brüno

Ed. Dargaud

90 pages 

16.95 €

RECOMMANDATION

EN PRIORITE

THEME

Tyler Cross est de retour, pour le troisième volet de ses aventures, et c’est une sacrée bonne nouvelle.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce personnage, Tyler Cross est un malfrat, un truand, un de ceux de la pire espèce, qui tue, qui fait mal… Et c’est le « héros » de l’histoire. Je n’emploierais plus ce mot dans cette chronique, car ici, il n’y a pas de héros, pas de gentils, ici, on est dans cette tradition du polar américain désabusé, à la « James Ellroy ». Si quelqu’un semble gentil, on peut s’attendre, soit à ce qu’il meurt dans les pages suivantes, soit à ce qu’il devienne rapidement pourri à son tour.

Pour cette troisième aventure, Tyler Cross se retrouve sous le soleil de Floride, en plein dans une histoire de magouille immobilière, dont il devra sortir indemne.

POINTS FORTS

- Ce troisième tome confirme le talent éclatant des auteurs. Fabien Nury maîtrise son histoire, sans le moindre temps mort, distillant les cadavres comme s’il en pleuvait, et réussit l’exploit de nous rendre le personnage de Tyler Cross presque sympathique. Il bâtit un scénario complexe - James Ellroy encore -, où l'on risque cent fois de se perdre dans les méandres de rebondissements captivants. Il amène le lecteur en permanence au bord du décrochage. Mais, de décrochage, il n’y en a jamais, car Nury est un orfèvre du récit, et il nous ramène toujours au milieu de sa route.

- Brüno bonifie son dessin à chaque tome. Ses cadrages, dignes des films noirs des années 50, sa gestion des visages et des émotions, la beauté formelle des pires horreurs, tout est parfait pour nous entraîner dans cette danse effrénée et sanglante. Chaque case mérite le détour, que ce soit pour une recherche esthétique (ce visage qui s’estompe dans le béton, page 5), pour ses cadrages (petit faible pour la page 88) ou pour le rythme de ses enchaînements (la beach party est déjà une scène anthologique).

POINTS FAIBLES

Je me pose une question, à la lecture de ces trois tomes déjà parus : n’y a-t-il pas un risque de tourner en rond ? La recette de chaque album est un peu la même à chaque opus et la noirceur des histoires semble enfermer Tyler Cross dans une boucle infernale d’horreur et de violence. Que va faire Nury de ce personnage si singulier ? Et comment éviter la lassitude qui pourrait s’emparer du lecteur ? On attend la prochaine aventure avec impatience pour esquisser une réponse.

EN DEUX MOTS

AMES SENSIBLES S’ABSTENIR, TYLER CROSS EST EN PLEINE FORME

Vous l’aurez sans doute compris, Tyler Cross n’est pas une BD à mettre entre toutes les mains. Elle vise un public adulte, amoureux des polars américains, mais elle convaincra aussi les puristes du dessin. Le polar devient, de plus en plus, un genre à part en bande dessinée. Le fauve polar, remis tous les ans à Angoulême pour récompenser la meilleure BD du genre, est un signe qui ne trompe pas.

Mais, alors que les héros récurrents de ce genre sont souvent des détectives privés (Nestor Burma de Tardi, Black Sad de Guarnido et Diaz Canales, les innombrables versions de Sherlock Holmes,…), l’idée de créer le personnage atypique et peu agréable de Tyler Cross donne une saveur à part à cette série, un peu dans la lignée du Tueur de Matz et Jacamon qui mettait en scène un tueur à gage.

UN EXTRAIT

« Menu du soir : un classique. T-Bone pour lui, salade Caesar pour elle. Champagne français, amphétamines et sexe.

Hôtel Fontainebleau, chambre 914, une suite avec balcon. Vue imprenable sur la piscine et Miami Beach.

Parfait pour un suicide »

LES AUTEURS 

(d’après BD Gest):

- Brüno est né le premier mars 1975 en Allemagne, d'un père militaire et d'une mère au foyer. Après le bac, il passe un an à l'école Estienne à Paris, puis déménage à Rennes, où il obtient une maîtrise d’arts plastiques. En 1996, premières parutions aux éditions La Chose. En 2007, il rencontre Appollo, avec qui il signe chez Dargaud. Ensemble, ils réalisent Biotope (un diptyque de SF), puis la série Commando Colonial dans la collection Poisson Pilote. Il collabore une première fois avec Fabien Nury, pour Atar Gull, sélectionné pour de nombreux prix, dont celui du meilleur album à Angoulême.

- Passionné de cinéma et de BD, Fabien Nury a démarré sa carrière de scénariste avec Xavier Dorison. Ensemble, ils créent la série W.E.S.T. chez Dargaud avec Christian Rossi. Seul au scénario, Fabien Nury réalise « Je suis légion » chez Humanoïdes Associés avec le dessinateur John Cassaday; puis chez Dargaud le diptyque Necromancy dessiné par Jack Manini. En 2007, il lance avec Renaud Garreta la saga familiale le Maître de Benson Gate. Parallèlement, avec Sylvain Vallée au dessin, il avance son autre saga « Il était une fois en France » chez Glénat.

Il a aussi réalisé sa version de « la Mort de Staline », avec Thierry Robin au dessin, version qui a été adaptée au cinéma tout récemment.

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