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De NDDL aux universités, Macron gagnera-t-il son bras de fer avec les fausses vaches sacrées du gauchisme à la française ?
©JACQUES DEMARTHON / AFP

L'heure de la fessée

Là où tous semblent avoir pris l'habitude de céder, Emmanuel Macron semble se refuser de jouer le jeu des mouvements de jeunes que ce soit à l'université ou à Notre-Dame-des-Landes.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

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​Atlantico : Des universités à Notre-Dame-des-Landes, Emmanuel Macron serait-il en train de réussir son pari consistant à passer au-delà de groupes prétendant incarner le peuple et la démocratie, alors que la France avait pu se faire une spécialité de leur céder ? 

Il est vrai qu'il y a un certain nombre de groupes sociaux en France qui ont représenté, depuis 20, 30 ans, des sources de blocage et qui ont abouti à ce que des gouvernements, des ministres, soient discrédités, soient obligés de quitter leurs fonctions ou de renoncer à des projets - de la loi Devaquet sur l'université en 1986 jusqu'à Manuel Valls en 2016 et la loi El Khomri, ce qui a durablement nuit à son image. Les ZAD ont, durant les mandats de Nicolas Sarkozy et François Hollande, incarné cette difficulté des différents gouvernements à rétablir un État de droit. La spécificité d'Emmanuel Macron est qu'il est confronté à l'opposition d'un peu tout le monde en même temps, à savoir une partie des universités en grève, les cheminots et l'évacuation de la principale ZAD, à Notre-Dame-des-Landes. 
S'il devait réussir, certains disent qu'il aurait un boulevard pour mettre en place les réformes qu'il souhaite. On peut supposer - à l'instar de ce qu'il s'est passé avec Margaret Thatcher et les mineurs en 1984 ou avec Ronald Reagan et les contrôleurs aériens en 1981 -, qu'il y a effectivement des points de blocage et qu'une fois qu'ils sont levés, ça déroule, pourrait-on dire.
Gagner ce bras de fer et dérouler les réformes, je ne suis pas certain que Macron ait voulu le faire, comme l'affirment certains de ses opposants à gauche. Quoi qu'il en soit, s'il devait gagner cette "bataille", ce serait beaucoup plus facile pour lui après. L'enjeu principal sera la bataille de l'opinion.

Où en sont les autres forces politiques sur cette question, que cela soit le Front national ou Les Républicains, alors que Nicolas Sarkozy était parvenu par exemple à imposer le service minimum ? 

Ca dépend. Quand on regarde aujourd'hui dans la sphère politique, la gauche, du Parti socialiste jusqu'à l'extrême gauche trotskiste, essaie de revenir dans le jeu en surfant un peu sur ce mécontentement social. Du côté des sympathisants du Front national, lorsqu'on regarde les enquêtes, il y a un soutien pour certains de ces mouvements sociaux. Et en ce qui concerne Les Républicains, ils vont attendre que le pouvoir - qui incarne aujourd'hui une modernité, une réforme -, échoue. Donc chacun attend son heure. Si Emmanuel Macron devait l'emporter dans ces différents bras de fer, ça continuerait à affaiblir les oppositions. 

Quels seront les déterminants d'un succès du chef de l'Etat sur cette question ? 

C'est la bataille de l'opinion, on le voit bien du côté de la ZAD comme sur tous les autres sujets. En ce qui concerne les cheminots, par exemple, Brice Teinturier (directeur général de l'institut de sondage Ipsos, ndlr) a accordé un entretien à France Télévisions, expliquant qu'une majorité de Français était plutôt opposée au mouvement social des cheminots en raison de l'impact des grèves sur leur vie quotidienne - on va le voir encore avec les vacances scolaires qui arrivent -, et autour de l'idée que, finalement, les cheminots défendent des intérêts corporatistes avant de défendre les intérêts du service civique ou l'intérêt général. 
Sur ces différents fronts, ce sont les sondages qui vont décider comme ça a été le cas pour la loi El Khomri. Ça ne veut pas dire que si une majorité se dégage en faveur du pouvoir, le mouvement sera terminé. Mais en tout cas, cette "bataille de l'opinion" est certainement la bataille décisive pour les mouvements sociaux et le pouvoir actuel. 
Dans cette bataille de la communication, il y a un enjeu très important. Ca été l'un des problèmes en 2016, lorsque des violences avaient été commises : beaucoup de vidéos ont été postées sur les réseaux sociaux, montrant des violences policières. Et ça a été particulièrement dommageable pour l'image de la police et ça a galvanisé les manifestants les plus radicaux. C'est l'un des aspects de cette "bataille" : maîtriser la communication. Et il y a aussi la maîtrise du message : le gouvernement doit faire preuve de pédagogie par rapport aux réformes qui sont appliquées et montrer aussi de la fermeté. C'est le message qu'Emmanuel Macron a essayé de faire passer jeudi à TF1 et celui qu'il tentera sans doute de faire passer également dimanche (sur BFMTV, ndlr). Donc gagner la bataille de l'opinion veut dire : à la fois faire preuve de pédagogie en termes de communication et aussi, maîtriser les évènements et la façon dont on les relate. C'est toute la maîtrise de ces images qui semble importante, parce que si vous ne faites que réagir à des scandales qui se multiplient, à des vidéos virales postées sur les réseaux sociaux, vous êtes totalement dépassé par les évènements.  

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