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Syrie : face à l’emballement entre États-Unis et Russie, quelle place pour la crédibilité occidentale... et pour la France ?
©GEORGES GOBET / AFP

Compte à rebours

Dans un contexte marqué par la probable riposte à venir des Etats-Unis, de la France et du Royaume Uni, au franchissement de la ligne rouge chimique par le régime syrien, l'occident se trouve confronté à une palette de mauvaises solutions

Thierry Coville

Thierry Coville

Thierry Coville est chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran. Il est professeur à Novancia où il enseigne la macroéconomie, l’économie internationale et le risque-pays.
 
Docteur en sciences économiques, il effectue depuis près de 20 ans des recherches sur l’Iran contemporain et a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur ce sujet.
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Jean-Sylvestre Mongrenier

Jean-Sylvestre Mongrenier

Jean-Sylvestre Mongrenier est docteur en géopolitique, professeur agrégé d'Histoire-Géographie, et chercheur à l'Institut français de Géopolitique (Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis).

Il est membre de l'Institut Thomas More.

Jean-Sylvestre Mongrenier a co-écrit, avec Françoise Thom, Géopolitique de la Russie (Puf, 2016). 

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Dans un contexte géopolitique marqué par la probable riposte des Etats-Unis, de la France et du Royaume Uni, ou encore de l'Arabie saoudite aux attaques menées par le régime syrien, comment articuler une réponse qui permettrait aux occidentaux de se positionner ? Face à ce qui ressemble à un spectre de mauvaises solutions, comment l'Occident peut-il agir ?

Jean-Sylvestre Mongrenier : Plutôt que de méditer notre positionnement, ayons en mémoire le « challenge and response », modèle par lequel le grand historien anglais Arnold Toynbee explique le genèse des civilisations. Cette crise internationale gravissime met en jeu une règle de droit fondamentale : celle qui porte sur l’interdiction d’utiliser des armes chimiques (cf. la Convention internationale sur l’interdiction des armes chimiques, 1993). Des limites ont été posées et des engagements ont été pris par le régime syrien, lorsque Damas a rejoint les 192 Etats signataires de ladite convention (2013). Le Kremlin s’est alors porté garant de Bachar Al-Assad, son client et protégé au Levant. Or, ces armes ont été utilisées à plusieurs reprises, en tout premier lieu par le régime dudit personnage (des groupes djihadistes aussi, mais nous les combattons déjà). Le rapport élaboré par le « Mécanisme conjoint » (Joint Investigate Mechanism) chargé de l’enquête, sous l’égide de l’ONU et de l’OIAC (Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques), est formel sur ce point. Les conclusions déplaisant au pouvoir russe, celui-ci s’est opposé au renouvellement de ce « mécanisme » (novembre 2017). Le 10 avril dernier, l’ambassadeur de la Russie au Conseil de sécurité a de nouveau opposé son veto à un organisme du même type.
Après l’accalmie qui avait suivi la frappe commandée par Donald Trump, en avril 2017, l’usage d’armes chimiques a repris depuis le début de l’année en cours, comme si les auteurs de ces crimes de guerre voulaient tester les lignes rouges à nouveau posées par les Occidentaux (après la dérobade de Barack Obama, en septembre 2013). L’« honnête homme » ne peut raisonnablement souscrire aux explications acabradantesques et scénarii de collégiens présentés par la diplomatie russe et ses affidés (tout ne serait que mises en scène et conjuration universelle contre la Russie et ses clients géopolitiques, destinées à doper les ventes d’armes américaines, à dominer l’Europe, voire à faire oublier les infortunes du Brexit). En regard de cette propagande, les thèses de Lénine sur l’« impérialisme, stade suprême du capitalisme », lesquelles n’expliquent pourtant pas la Première Guerre mondiale et la situation internationale de l’époque, apparaîtraient presque comme un modèle de théorie historique. Ceux qui s’imaginaient la Russie comme bastion de la tradition et de la Chrétienté découvrent un pouvoir « post-moderne » pour lequel la vérité n’existe pas : seuls comptent discours, représentations et propagande mensongère. Malheureusement, ce type de discours trouve un écho dans des sociétés post-moderne où images, réseaux sociaux et bulles médiatiques contribuent à « déréaliser » l’existence. Serait-ce triomphe posthume de Baudrillard et des situationnistes?
Avant la question du « comment » se pose celle du « pourquoi » (pourquoi agir ?). Il importe se saisir que le droit international – en l’occurrence la partie de ce droit qui bannit la possession et l’usage des armes chimiques -, a des tenants et des aboutissants concrets. La banalisation des armes chimiques et de leur usage ouvre la voie à des « guerres hors limites ». Les interdits posés au fil du temps et le droit de la guerre (jus ad bellum), plus précisément le droit dans la guerre (jus belli), volent en éclats. A quand l’usage de telles armes sur un champ de bataille à la périphérie de l’Europe, voire jusque dans nos rues ? A cet égard, il faut comprendre les grandes inquiétudes levées par l’usage d’une arme chimique dans la ville de Salisbury. Les sophistes argueront d’autres situations où le droit international n’est pas respecté, mais pourquoi donc l’imperfection du monde justifierait-elle le pire ? La perfection est souvent l’ennemie du convenable. Il est donc urgent de préserver ce qui peut l’être et de rétablir la capacité de dissuasion des puissances occidentales. En l’état des choses, cela implique une action militaire : des frappes sélectives sur tout ou partie des installations chimiques du pouvoir syrien, de son aviation, voire de sa flotte d’hélicoptères.
Thierry Coville : Il me semble que le "narratif" proposé par le Président Français est le plus adapté au contexte. Les autorités françaises, du fait de la Convention internationale sur l'interdiction des armes chimiques de 1993, et des avertissements passés donnés au gouvernement syrien sur les conséquences de l'utilisation de telles armes, veulent agir pour "punir" Bachar El Assad. L'objectif est clair, c'est de donner une légitimité internationale à une possible action militaire. Néanmoins, on voit tout de suite les failles d'une telle stratégie
1) Pratiquement, cette stratégie revient à frapper militairement un pays détruit par une guerre civile qui dure depuis 7 ans et a fait des centaines de milliers de morts. Quel est dans ce contexte le sens d'une telle intervention, surtout s'il y a un risque de tuer des civils.
2) Agir de concert avec les Etats-Unis dans ce cadre est à mon avis un très mauvais message envoyé par la France dans la région. La politique américaine depuis l'élection de Trump a plutôt consisté à faire monter les tensions dans tous les conflits présents (Israël et palestiniens, Iran et Arabie Saoudite) en prenant partie pour un des deux camps de manière extrême. Une frappe militaire commune de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni en Syrie pourrait faire perdre de la légitimité à justement ce qui recommençait à faire  la force de la position française depuis l'élection d'Emmanuel Macron, vouloir apparaître comme un pays indépendant qui parle à tout le monde et qui a donc la capacité de faire diminuer les tensions. En Iran, par exemple, une telle intervention française va évidemment être récupérée par les "durs" sur l'air de "on vous l'avait bien dit", la France est un "supplétif" des Etats-Unis.
3) La communication des autorités françaises sur le lien entre utilisation des armes chimiques et action punitive ne peut pas cacher le manque de légitimité d'une telle action. De quel droit, ces trois pays occidentaux décident à la fois d'être juges et appliquant des peines dans ce domaine ? Est-ce qu'il ne serait plus plus rationnel de faire d'abord tous les efforts nécessaires pour qu'une enquête soit effectuée par un organisme complètement indépendant ? la question classique de "qui garde les gardiens ?" est de nouveau posée ici. Qui garantit que ces trois pays sont les plus légitimes pour faire respecter la Convention internationale sur l'interdiction des armes chimiques de 1993 ? On peut rappeler quand même que les gouvernements américain et français n'ont pas dit un mot dans les années 1980 quand Saddam Hussein, leur allié à l'époque dans la guerre Irak-Iran a procédé à des centaines d'attaques chimiques contre l'armée iranienne ...

En quoi le déroulé de cette crise peut-il ressembler à une forme d'épreuve de vérité pour les occidentaux, après les précédents de 2013 en Syrie, de 2014 en Ukraine, ou relativement aux dernières attaques chimiques de 2017 et de ce début d'année 2018 ? Quelle place pour l'Occident dans un tel contexte ?

Jean-Sylvestre Mongrenier : Dans la présente crise, les trois puissances occidentales sont membres permanents du Conseil de sécurité, et donc investies de responsabilités spécifiques. Il faut ici rappeler que le droit de veto a été pensé comme le corrélat d’un surcroît de responsabilités sur le plan international. Les membres permanents du Conseil de sécurité sont censés garantir la paix et la sécurité du monde. Les concepteurs du projet des Nations unies, Franklin D. Roosevelt en premier lieu, ont tiré les leçons des déficiences de l’ancienne Société des Nations. Ils ont mieux pris en compte les rapports de puissance et ce dans toutes leurs implications. Les pays les plus importants bénéficient donc de privilèges  - un siège de membre permanent et un droit de veto -, mais ils sont censés mettre leur puissance au service des fins de ce système de sécurité collective qu’est l’ONU. Songeons à Pascal : « Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ». L’alternative ne réside pas dans un monde meilleur mais dans la loi de la jungle (la « guerre de chacun contre chacun » de Thomas Hobbes).
De telles fins excluent une diplomatie du niet consistant à faire usage du veto pour préserver ses seuls intérêts de puissance, au péril de l’ensemble du droit (droit naturel et normes supérieures du droit, droit coutumier, Droits de l’Homme, convention d’interdiction des armes chimiques, etc.). Elle exclut aussi la fausse modestie et l’hypocrisie (« Nous n’avons pas de leçons à donner ») ou encore une géopolitique de Thénardier (« Ne nous mêlons pas des affaires du monde », « restons chez nous »), et autres recommandations des partisans du rétrécissement de la France. Par définition, une puissance cherche à modeler son environnement et ne saurait être mue par de seuls intérêts, définis de manière étroite et restrictive. Elle vise plus haut. Que ceux qui conçoivent le rôle de la France de manière restrictive cessent donc de nous parler du « roman national », du « rôle positif de la colonisation », de la mission de la France sur la scène mondiale, ou de Versailles et de l’universalité de la langue française. En toute bonne logique, si la France se pensait comme une simple « tribu » parmi d’autres, avec de seuls « intérêts » à défendre, il lui faudrait renoncer à son siège de membre permanent au Conseil de sécurité et à bien d’autres attributs de la puissance. 
Dans le présent contexte – i.e. une nouvelle guerre froide dont la Syrie est l’un des théâtres -, il s’agit bien d’une d’épreuve de vérité. Depuis le début de la guerre en Syrie, les puissances occidentales se sont tenues en retrait. Désireuses d’accompagner le « Printemps arabe », plutôt que de l’orienter ou de le chevaucher, elles ont privilégié la préparation de la phase suivante, en se centrant sur les questions politiques et diplomatiques (la transition politique et le futur d’une nouvelle Syrie). L’idée était de ne pas répéter les erreurs commises en Irak. De surcroît, quand il eût fallu fixer un cap, définir des objectifs, décider et agir enfin, l’Administration Obama préféra sur-analyser la situation. Le summum, si l’on peut dire, a été atteint en septembre 2013, lorsque le président américain a renoncé à faire respecter la « ligne rouge » qu’il avait fixée. Cette reculade a ébranlé la crédibilité et les positions des Etats-Unis. Dès lors, il ne restait plus à la Russie, alliée au régime chiite-iranien, qu’à occuper le vide et faire ce que l’Administration Obama n’avait pas voulu faire (verrouillage de l’espace aérien dans l’ouest de la Syrie, appui armé direct à son « client », concession d’une zone-tampon à la Turquie dans le nord-ouest de la Syrie). On peut aussi penser que le recul américain de 2013 a enhardi Vladimir Poutine et incité à intervenir militairement en Ukraine. En résumé, les Occidentaux ont reculé pour plus mal sauter. Désormais, il leur faut agir pour faire respecter le droit et rétablir leur capacité à dissuader. Au-delà, l’enjeu est de modifier la balance des forces en Syrie, d’ouvrir la voie à un règlement du conflit (la « triplette » Moscou-Téhéran-Ankara n’y est pas parvenue), tout en refoulant les ambitions du régime chiite-iranien. Cela suppose une stratégie d’ensemble au Moyen-Orient, consistante et inscrite dans la durée. Si Dieu nous en laisse le temps !
Thierry Coville :  Comme je viens de le dire, il me semble que le Moyen-Orient a surtout besoin de paix et de stabilité. Je pense que la meilleure politique est d'agir pour diminuer les tensions et donc d'éviter de "rajouter la guerre à la guerre" et même d'en initier comme en Irak en 2003.

Comment anticiper les réactions, en fonction de l'ampleur des opérations menées -et si celles-ci ont lieu - des principaux protagonistes que sont la Syrie, l'Iran, et la Russie ? 

Jean-Sylvestre Mongrenier :  La réaction de l’axe Moscou-Damas-Téhéran ne doit certainement pas être sous-évaluée. Bachar Al-Assad a déjà démontrée par le fait qu’il était prêt à mettre son pays à feu et à sang afin de se maintenir au pouvoir. « Moi ou le chaos » proclamait-il en 2011. Nous avons les deux et le « trou noir » syrien menace d’engloutir le Moyen-Orient ainsi qu’une bonne partie du monde. Quand on songe que certains en sont encore à se demander s’il faut parler ou non de « guerre froide » pour qualifier l’état actuel des rapports Est-Ouest ! Il semble que les Occidentaux aient été pris au piège de la science politique moderne, celle-ci prétendant bannir les jugements de valeur (voir l’oubli de la question du meilleur régime) pour tout ramener au quantifiable et aux « intérêts ». Ainsi expliquait-on que les dirigeants des puissances considérées étaient « rationnels » (ils ne sont pas suicidaires) et qu’il cherchaient simplement à accroître leur pouvoir de négociation, pour défendre leurs intérêts et s’assurer une plus large place au « grand banquet de la nature » (Malthus). En leur cédant quelque peu, il devrait être possible de trouver un bon arrangement. In fine, les relations interétatiques et rapports de puissance sont supposés fonctionner sur le modèle du marché. En fait, nous voyons le monde non pas tel qu’il est, mais tel que nous sommes : les citoyens-consommateurs des démocraties occidentales et leurs classes politiques, ces dernières faisant souvent carrière en échangeant des promesses de dépenses publiques contre des bulletins, projettent leurs catégories sur le monde.
En raison de ce biais cognitif, les mobiles et motivations de puissances comme la Russie ou l’Iran n’ont pas toujours été correctement intégrés. En l’occurrence, ce sont les passions, au sens antique du terme, les ressentiments accumulés au cours d’une longue hégémonie occidentale ainsi que la volonté de revanche de ces pays qui ont été négligés. Ces pays sont des puissances révisionnistes qui, persuadées du déclin de l’Occident, ont le sentiment que leur heure est venue. Leur objectif global est d’accélérer le cours de l’Histoire, de précipiter les échéances et de faire basculer l’ordre mondial, afin de prendre le relais. Schématiquement, le Kremlin entend reconquérir tout ou partie de l’aire autrefois soviétique et de sa zone d’influence dans l’ancien tiers-monde, en Méditerranée, au Moyen-Orient mais aussi en Afrique où les Russes posent des jalons. Le régime chiite-iranien considère qu’il doit dominer l’ensemble du Moyen-Orient, du golfe Arabo-Persique à la Méditerranée orientale. Il faudrait également prendre en compte la République populaire de Chine dont les ambitions ne se limitent pas à l’Asie orientale mais couvrent un espace qui va de l’Arctique à la Méditerranée. Sur le rôle de ces passions, qualifiées de « tristes » par un commentateur de Spinoza, je ne peux que renvoyer le lecteur à l’œuvre de Pierre Hassner.
Au total, ces puissances révisionnistes se posent comme des « Aufbrecher ». Carl Schmitt désignait ainsi ceux qui veulent provoquer une rupture, bouleverser l’équation du pouvoir mondial. L’objectif est grandiloquent. De fait, il peut être poursuivi de manière méthodique et rationnelle. Simplement, la raison que l’on évoque dans ce cas n’est certainement pas celle d’une philosophie ou d’une sagesse tournée vers le bonheur de l’Homme. Il s’agit d’une « rationalité instrumentale » qui agence les moyens à des fins relevant de la volonté de puissance et d’idéologies conquérantes. Pour le dire autrement, ne confondons pas pragmatisme et modération. En conséquence, bonnes raisons, conseils de sagesse et concessions tactiques ne suffiront pas à arrêter les puissances considérées. Au vrai, tout cela a été tenté au cours des dernières années : passage par pertes et profits de la Géorgie (2008) ; tentative de rebâtir une politique russe sur le dos de l’Ukraine, au nom d’un improbable « reset » (2009) ; reconnaissance du chimérique droit de l’Iran à enrichir l’uranium (2015) ; quasi concession de la Syrie à la Russie, en espérant qu’elle gendarmera le Levant et contiendra l’Iran (2015). Rappelons que la semaine dernière encore, Donald Trump évoquait le départ à brève échéance des forces spéciales américaines présentes à Manbij et dans le Nord-Est de la Syrie ! Il faudrait aussi traiter de la « politique du polder » pratiquée par Pékin dans la Méditerranée asiatique (mer de Chine du Sud) et des atteintes à la liberté des mers. Avec le recul, il appert que ces reculades ont enhardi nos « Aufbrecher ».
En conclusion, il est urgent de manifester sa résolution, de ne pas s’interdire ce que la Russie ne cesse de faire en Syrie depuis deux ans et demi (sans autres succès que tactiques), et d’établir un nouveau rapport de force avec les puissances considérées. Sans oublier que ce rapport des forces doit être global (une grande stratégie met en œuvre les différentes dimensions et facettes de la puissance), et qu’il s’inscrit dans « la longue, inépuisable durée des civilisations » (Fernand Braudel). Ces temps longs de l’Histoire laissent penser qu’une simple réaction sur le théâtre syrien ne suffira pas à modifier en profondeur l’équation du pouvoir et à infléchir durablement la conduite diplomatico-stratégique des puissances révisionnistes. Il y faudra plus de temps et d’énergie. Une « Grande Idée » aussi. Au-delà des erreurs stratégiques qui ont pu être commises, l’individualisme narcissique des sociétés post-modernes, le dédain du temps long et l’oubli de la métaphysique expliquent l’affaissement de l’Occident. A l’évidence, quelques salves de missiles ne suffiront pas à la tâche.
Thierry Coville : En ce qui concerne l'Iran, il faut voir dans quel contexte interviendrait une telle opération militaire occidentale. Plusieurs militaires iraniens viennent d'être tués dans le récent bombardement en Syrie mené par Israël. Les autorités iraniennes font face à un front "Etats-Unis - Arabie Saoudite - Israël" qui accuse l'Iran d'être la source de tous les problèmes du Moyen-Orient. La politique américaine, si confuse par ailleurs, a au moins une ligne claire, surtout depuis les nominations de Mike Pompéo au secrétariat d'Etat et de John Bolton, à la tête du Conseil de National de Sécurité, c'est de vouloir un changement de régime en Iran. Il est donc évident que toute action militaire occidentale en Syrie touchant les forces iraniennes en Syrie renforcerait la position des durs en Iran qui refusent tout compromis et renforcerait les tensions entre l'Iran et l'occident en Syrie et dans la région.

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