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Pourquoi, malgré les grèves, les marchés font confiance à la France
©Reuters

Edito

Pour l’instant, les marchés ne s’inquiètent pas outre mesure de la situation sociale. Ils connaissent le travers français par rapport aux autres grands pays.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La France est aujourd’hui au milieu du gué. Le conflit du rail auquel on assiste depuis quelques jours ne concerne pas seulement le cas des cheminots qui réclament le maintien de leur statut hérité de la Libération. Cette grève « à saute-moutons » comme la qualifient certains observateurs en raison de son caractère perlé, illustre bien la situation dans laquelle se trouve le pays : une hésitation à maintenir une fois de plus un statu quo hérité de l’histoire, ou se lancer dans les réformes qu’ont accomplies nos voisins et qui suscitent tant de craintes comme s’il s’agissait d’un bond dans l’inconnu. Au demeurant, comme en témoignent les sondages, l’opinion est partagée. Il y a d’un côté le poids de ceux qui prêchent à la résistance, les partisans que l’économiste Alfred Sauvy qualifiait déjà à l’époque d’adeptes du » passé béni », que l’on retrouve parmi les pessimistes d’aujourd’hui et qui s’accrochent à un modèle social qui prend eau de toutes parts et laisse la France avec une croissance plus faible et un chômage plus fort que la plupart des grands pays industriels, alors que le refus de vivre à l’heure de son temps conduit à un endettement de plus en plus lourd pour l’avenir.

De l’autre côté, il y a ceux qui veulent engager le changement. Paradoxalement, le mouvement trouve un fondement solide à l’étranger, qui prêche en faveur de la réforme, mais qui témoigne aussi d’une confiance dans les forces vitales de notre pays, dont nous doutons peut-être trop. Ainsi, au moment où la SNCF s’engouffrait dans la grève, les marchés financiers donnaient un gage positif à la politique gouvernementale. L’agence France Trésor lançait une sorte de pied de nez aux grévistes en procédant à une émission d’un emprunt à trente ans de sept milliards et demi d’euros à l’un des taux les plus bas enregistré : 1,58%. Pratiquement, le crédit de la France reste presque aussi bon que celui de l’Allemagne, dont on connait au contraire l’extraordinaire excédent commercial. Alors que le montant de sa dette approche de cent pour cent du produit intérieur brut. Mais l’élection d’Emmanuel Macron a apporté une modification radicale dans l’image du pays, qui témoigne de l’importance des facteurs psychologiques, dont on prend conscience chaque jour, avec notamment le retour des investisseurs étrangers en France et la confiance retrouvée après une longue période de doute.

Pour l’instant, les marchés ne s’inquiètent pas outre mesure de la situation sociale. Ils connaissent le travers français par rapport aux autres grands pays. Avec une sorte de culture du conflit, liée en partie à la faiblesse de la représentation syndicale et à ses divisions. Alors qu’en Allemagne, on épuise tous les aspects de la négociation avant de déclencher une grève, on commence en France à se croiser les bras avant d’aborder les discussions. On mesure aussi les risques de ce comportement, au moment où les partisans de l’immobilisme soufflent sur les braises du mécontentement qui agitent des secteurs aussi variés que les étudiants, le personnel hospitalier, voire les avocats, etc.

Pourtant, nul n’ignore que le monde a changé : l’anniversaire de mai 1968, que certains voudraient continuer d’ériger en modèle de contestation, a été célébré de manière plutôt discrète ; de même la référence à 1995 où Jacques Chirac avait retiré piteusement son projet de réforme de la SNCF, ne correspond plus au problème de l’heure. Comme souvent, les Français font appel à leur sens de la « débrouille », aidés en cela par les ressources que procure internet. L’essor du covoiturage, des bus urbains ou interurbains offrent des palliatifs utiles. Ils témoignent aussi du souci de populations à trouver des solutions concrètes et pragmatiques aux problèmes, en renonçant à tout transformer dans des conflits idéologiques surannés qui sont à l’origine des retards français.

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