Les PME : à l'honneur dans les discours des candidats... mais pas dans les actes<!-- --> | Atlantico.fr
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Jamais les PME n’auront été autant à l’honneur qu’en cette campagne présidentielle 2012.
Jamais les PME n’auront été autant à l’honneur qu’en cette campagne présidentielle 2012.
©Reuters

SOS entrepreneurs

Souvent évoquées par les différents candidats à la présidentielle, les PME peinent à voir les contraintes fiscales qui pèsent sur elles levées.

Nicolas Doucerain

Nicolas Doucerain

Nicolas Doucerain est entrepreneur. Depuis l’âge de 20 ans, il préside le cabinet Solic, spécialisé dans le conseil en ressources humaines et en recrutement.

Il anime par ailleurs la plateforme « Nos PME ont du talent », qui regroupe des acteurs du monde de l’entreprise désirant faire progresser la cause entrepreneuriale en France.

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Jamais les PME n’auront été autant à l’honneur qu’en cette campagne présidentielle 2012. Les candidats ne tarissent pas d’éloges à leur égard, et tous y voient la clé du redressement économique de la France. Les PME doperont la croissance française à proportion de leur développement, c’est écrit.  Sauf qu’à y regarder de plus près, il n’est pas certain, en l’état actuel de la réglementation, qu’une PME française ait intérêt à grossir et prospérer.

Ne soyons pas bégueules. Entendre chaque semaine des candidats à l’élection présidentielle se soucier de l’avenir des PME, lire chaque jour les analyses d’experts s’interrogeant sur la meilleure façon de soutenir le développement et la croissance des entreprises françaises : voilà de quoi mettre du baume au cœur des petits patrons qui, comme moi, se lèvent chaque matin pour faire vivre leur rêve entrepreneurial.

D’autant que la sincérité des candidats ne fait guère de doute. Qu’il s’agisse de la banque publique d’investissement prônée par François Hollande, du versement anticipé du crédit d’impôt recherche proposé par Nicolas Sarkozy, des synergies accrues entre grands groupes et PME préconisées par François Bayrou : toutes ces mesures ne manquent pas de pertinence, et pourraient même s’avérer utiles pour inciter les chefs d’entreprise à pousser un peu plus loin leurs ambitions.

Car, et le constat n’est pas nouveau - il l’est d’ailleurs si peu qu’on a fini par l’oublier -, il faut un sacré courage, une sacrée envie, une sacrée détermination pour souhaiter faire prospérer une PME en France. Non pas seulement parce que l’environnement économique serait plus incertain aujourd’hui qu’hier, que la mondialisation obligerait à se disputer plus chèrement les meilleures places. Pour l’immense majorité des entrepreneurs, le problème est ailleurs. Et beaucoup plus terre à terre.

Je résumerais ainsi la difficulté première du monde entrepreneurial français : il reste aujourd’hui peu souhaitable pour une petite entreprise de se développer et de créer des emplois. Le constat se veut provocateur ; il n’en recouvre pas moins une réalité concrète, que connaissent bien les entrepreneurs ayant cherché à faire grandir leur PME : plus celle-ci se développe, plus augmentent les contraintes pesant sur l’entreprise et son patron. Sans prise en considération ni traitement préalable de cet état de fait, aucun dispositif  réglementaire, économique ou financier ne favorisera un développement réel et pérenne des PME françaises.

La première de ces contraintes est liée aux effets de seuil, véritables freins au développement des PME : combien d’entreprises n’osent en effet pas dépasser les seuils de 9, de 19, de 49 salariés, pour éviter que leur taux de cotisation explose, hors de toute proportion ? Une contrainte que redouble la complexification bureaucratique engendrée par le passage d’un seuil à l’autre : nouvelles normes de gouvernance, nouvelles taxes, nouvelle fiscalité. Une complexité que l’écrasante majorité des PME n’ont pas la possibilité de démêler, de soulager, ni même d’exploiter – dans le cadre d’une stratégie d’optimisation fiscale par exemple. A la différence des grands groupes.

Pour une PME, grandir est source de contraintes. Cela représente aussi et surtout un risque colossal pour le chef d’entreprise qui, par prudence excessive des banques, doit de se porter caution solidaire des investissements nécessaires au développement de son entreprise. Illustrons ce fait à travers mon exemple personnel : pour permettre à mon entreprise de services, Solic, d’ouvrir de nouveaux bureaux en France et à l’étranger, et donc créer de l’emploi, j’ai dû me porter caution personnelle à hauteur de 1,2 million d’euros – une somme dont je ne disposais évidemment pas en totalité, et susceptible de devoir être remboursée jusqu’à la fin de mes jours… et ceux de mes enfants ! Sans cette prise de risque, démesurée, aucune chance qu’une banque, publique comme privée, prête l’argent nécessaire au développement de ma PME.

Plutôt que de s’inquiéter des moyens d’accélérer le développement des PME, commençons par leur donner une raison de se développer, en supprimant ces effets de seuils sociaux et fiscaux paralysants, en simplifiant considérablement les normes encadrant l’exerce d’une activité entrepreneuriale, en accompagnant enfin les chefs d’entreprise dans leur prise de risques. Au moins sera-t-il légitime et pertinent, dans ces conditions, d’exiger plus de leur part.

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