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États-Unis : comment Mitt Romney peut battre Barack Obama
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Trans Amérique Express

La campagne pour la Maison Blanche est maintenant ouverte entre le leader républicain et le président sortant. Mitt Romney n’est pas favori, mais il peut l’emporter s’il adopte quatre préceptes…

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Cette fois la vraie course peut commencer. Les primaires ne sont pas achevées, mais il est acquis, depuis le retrait de Rick Santorum, que Mitt Romney sera le candidat républicain qui affrontera Barack Obama le 6 novembre.

Dans la campagne pour la Maison Blanche qui débute, Romney ne part pas favori. 

Statistiquement un président sortant a six chances sur dix d’être réélu. Au cours des cinquante dernières années, seuls deux présidents ont été battus à l’issue de leur premier mandat, George Bush père en 1992 et Jimmy Carter en 1980. Lyndon Johnson et Gérald Ford n’ont pas fait de second mandat, non plus, mais le premier avait renoncé à se représenter, et le second n’avait pas été élu.

Néanmoins Romney peut cependant l’emporter et devenir le 45e Président des États-Unis. Pour cela il doit suivre une stratégie en quatre points. Et espérer un petit coup de pouce du destin.

Premier point : mobiliser la base radicale du parti républicain, sinon derrière lui, du moins contre Obama. Deuxième point : se concentrer sur les « swing states », ces États, au résultat encore indécis, susceptibles de faire la différence. Troisième point : mettre en avant son expertise économique et mener campagne principalement sur ce terrain. Quatrième point : choisir un vice-président de campagne, c’est-à-dire quelqu’un capable de l’aider à remporter l’élection, pas gouverner à sa place.

Le petit coup du destin, viendra de la conjoncture économique et, dans une moindre mesure, internationale. Tout embellissement de l’activité joue en faveur d’Obama. Tandis qu’une crise de l’euro, ou une poussée de tension avec l’Iran ou la Corée du Nord, peuvent le desservir.

Cibler Obama dans ses attaques

Lorsqu’un président se présente pour un second mandat, l’élection est inévitablement un référendum sur son premier. Romney doit convaincre ses concitoyens de ne pas accorder quatre années supplémentaires à Obama. Pour cela il lui faut focaliser l’attention du public sur Obama et son bilan. Après avoir été la cible des attaques de ses adversaires républicains, il doit faire d’Obama la cible de ses attaques. Plus que de faire des propositions précises, sa priorité doit être de dénigrer sans cesse le bilan du président sortant (au passage, ce qui vaut pour les États-Unis, vaut pour la France ; c’est cette stratégie que François Hollande a adopté contre Nicolas Sarkozy).

Pour cette tâche Romney dispose d’alliés de taille, les radicaux républicains. Ils sont une centaine au Congrès, élus en 2010, portés par la vague des Tea Parties. Ils sont des millions sur le terrain, activistes, militants, bloggeurs et faiseurs d’opinions, qui souhaitent un changement radical. Romney n’est pas leur candidat rêvé. Les « libertariens » lui auraient préféré Ron Paul. Les conservateurs et les fondamentalistes, Rick Santorum. Mais ils ont en commun un rejet formel d’Obama. Romney doit convaincre cette base de se mobiliser en sa faveur le 6 novembre.

L’élection présidentielle américaine se déroule au suffrage universel indirect. Le vote populaire est comptabilisé au sein de chaque état qui dispose d’un nombre de « Grand Électeurs » déterminé par sa population. Le Montana, peu peuplé en a trois, la Californie, cinquante-cinq. L’attribution se fait en bloc. Remporter un état de quelques suffrages suffit pour empocher tous ses grands électeurs. Ceux-ci se réunissent ensuite au sein d’un Collège Electoral de 538 sièges. Il en faut donc 270, pour être élu. Les projections actuelles donnent 212 sièges acquis à Obama et 181 à Romney. Les 145 restants étant « indécis ». Ils se répartissent sur douze états que l’on appelle les « swing states ». C’est dans ces douze états que va se jouer l’élection. Ils sont : (avec entre parenthèse leurs sièges au collège électoral) : la Caroline du Nord (15), le Colorado (9), la Floride (29), L’Iowa (6),  Missouri (10), le Nevada (6), le New Hampshire (4), le Nouveau Mexique (5), le l’Ohio (18), la Pennsylvanie (20), la Virginie (13),), le Wisconsin (10). C’est là que Romney doit mettre son énergie.

Et marteler le seul message où il dispose d’un avantage sur Obama : l’expertise économique. Sur l’économie, 49% des Américains font confiance à Romney contre 39% à Obama, selon l’institut de sondages Rasmussen. Or l’économie demeure le sujet de préoccupation numéro un pour 82% des électeurs américains. Devant la santé, les impôts, l’énergie, l’enseignement ou l’immigration... Seulement 11% d’entre eux estiment que l’économie « va bien ». 62% pensent, au contraire, que le pays est « en récession ». Or, les Américains veulent des emplois, pas des allocations. Ils sont moins sensible au message « d’équité » d’Obama, qu’à celui « d’opportunités » de Romney. Cet argument, ainsi que la réussite économique démontrée entre 2003 et 2007, en tant que gouverneur du Massachusetts, sont la meilleure carte qu’il puisse jouer.

Sa carte secrète, son atout caché, sera le vice-président qu’il se choisira. La désignation intervenant sans doute fin août, avant la Convention Républicaine. Car c’est traditionnellement un « ticket » que les partis proposent aux électeurs américains : un président et son suppléant. En cas de malheur… Dès lors deux considérations déterminent le choix du « vip » : privilégier quelqu’un capable de gouverner, ou quelqu’un capable de vous faire gagner. C’est cette seconde considération qui doit suivre Romney. Le favori actuel s’appelle Marco Rubio, jeune sénateur de Floride, fils d’immigrés cubains. Il pourrait rallier le vote hispanique et faire gagner Romney, dans cet Etat crucial. Mais il est jeune et sans expérience. Une femme pourrait aussi aider Romney à combler son retard auprès de cet électorat. Sarah Palin, très populaire parmi les Tea Parties et les Fondamentalistes n’est cependant pas considérée comme « fiable »…

Au final, comme souvent, c’est un impondérable qui fera la différence, à savoir la conjoncture économique. Jusqu’à récemment les indicateurs allaient dans le sens d’Obama. Le chômage revenu à 8,5%, le retour de la confiance chez les consommateurs, une croissance en hausse, se traduisaient par une hausse de sa popularité et des intentions de vote en sa faveur. Les derniers chiffres ont cependant déçus, notamment sur le front de l’emploi. La machine économique américaine apparaît toujours grippée. Les six mois qui restent avant le scrutin présentent de nombreux écueils. A commencer par une possible nouvelle crise au sein de la zone euro…

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