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Comment remettre la SNCF sur les bons rails
©Reuters

Edito

Il ne peut plus être question de maintenir le statu quo, la situation du rail français étant calamiteuse par rapport à ses voisins.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les Français ont l’amour des trains et cette passion ne se dément pas depuis qu’il existe des chemins de fer. Elle a donné lieu à toute une littérature et de nombreux films. Face aux contraintes de la circulation automobile, elle n’a vu que croître le nombre de ses adeptes. Au risque de l’entraîner dans des dérapages catastrophiques en raison de l’ampleur d’un endettement provoqué par un fonctionnement en marge des activités traditionnelle de marché et parce que les responsables politiques de tous bords voulaient avoir leur gare, voire être desservi par un TGV. Régulièrement, la SNCF connait des crises chaque fois que l’on prétend la réformer. Les grèves de 1995 sont encore dans toutes les mémoires. Le 22 mars de cette année a engendré une mobilisation massive de cheminots pour protéger leur statut que le gouvernement entend réformer en le présentant maladroitement comme un privilège d’une autre époque ne correspondant plus à l’économie d’aujourd’hui. Avec un tiers des effectifs qui ont cessé le travail, la famille du rail a montré sa cohésion et éclipsé les manifestations de la fonction publique qui ont paru presque dérisoires en comparaison.

Mais cette unité manifestée à la SNCF est aussi une prise de conscience de la gravité de la situation d’une entreprise qui se trouve le dos au mur. Car il ne peut plus être question de maintenir le statu quo que défend bec et ongle la CGT, qui joue aussi sa survie dans ce conflit. Ce qui pouvait continuer à être accepté dans un cadre national, malgré son coût exorbitant ne l’est plus dès lors que la concurrence va déferler d’ici deux ans sur l’hexagone. Or, la situation du rail français est calamiteuse par rapport à ses voisins. Les Etats soutiennent à hauteur de 40% ce secteur pour tenir compte de l’ampleur des dépenses d’infrastructures notamment, mais en France, la proportion atteint 75%. Comme si chaque usager contribuait seulement pour 25% au prix de son billet. La dette du régime de retraite atteint déjà 45 milliards et augmente chaque année.  Les investissements ont été délaissés au profit des budgets de fonctionnement, se traduisant par des incidents de plus en plus nombreux sur les parcours avec une ponctualité dans les trajets de plus en plus déficiente.

La SNCF a pourtant les capacités de se réformer. Elle enregistre de grands succès sur les marchés étrangers en raison de la qualité de ses prestations. Il n’y a aucune raison de lui refuser à l’intérieur du pays ce qu’elle réussit brillamment à l’extérieur. L’obstacle principal réside dans les rigidités qu’il faut vaincre : d’abord, obtenir que les syndicats abandonnent la stratégie du refus au motif que tout effort demandé au personnel constituerait une atteinte au service public, un changement de comportement aussi des élus pour qu’ils renoncent à un esprit de clocher électoraliste permanent en favorisant au contraire l’intérêt général. Transformation aussi dans le mode de fonctionnement de l’entreprise, où les métiers ultra spécialisés bloquent tout changement. On pourrait s’inspirer de la Poste qui a entamé une mutation profonde, qui s’est traduite par une grande mobilité, où d’autres métiers ont pu être appris, tels que ceux de la banque ou des services de proximité. Aujourd’hui le temps presse. Il est indispensable que le dialogue reprenne pour éviter la grève perlée à partir du 3 avril qui serait catastrophique. Le gouvernement a déjà fait savoir qu’il allait lâcher u peu de lest, en réduisant l’ampleur de son plan de réformes, qui reste pourtant mesuré. Comme souvent en France, le blocages naissent à la suite de symboles : l’essentiel dans l’immédiat est de faire sauter l’anathème provoqué par un seul mot, le « statut » des cheminots.

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