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Grève des cheminots : 36 jours sans voir de trains (air connu)
©Reuters

Vessies et lanternes

Le Petit Larousse est formel. Lorsqu'ils sont privés de train dans le cadre d'un conflit où ils n'ont rien gagner et tout à perdre, les usagers des transports sont bel et bien pris en otages.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Parce qu’il n’est plus très convenable (sauf à passer pour, au mieux, un poujadiste manquant de sens des proportions ou, au pire, un crétin intégral) de comparer une grève des trains à une « prise d’otages », j’ai demandé son avis à un ami dictionnaire et il m’a fait la proposition suivante :

Prise d’otages : « Personne dont on s'empare et qu'on utilise comme moyen de pression contre quelqu'un, un État, pour l'amener à céder à des exigences ».

D'accord, elle n’arrive qu’en seconde position, cette définition. Et juste après celle qui concerne les questions plus directement criminelles, mais tout de même…

Les cheminots sont depuis longtemps passés maîtres dans cet art délicat qui consiste à transformer la défense de leur bout de gras catégoriel en un combat pour l’intérêt général mais, pour tout le respect qu’un tel sens de la stratégie inspire, priver plusieurs dizaines de millions de personnes de transports pendant plus d’un mois juste pour faire plier Macron peut difficilement être qualifié d’altruiste.

Mais de « prise d’otages » façon Petit Larousse, en revanche...

Pour un tas de raison parfois légitimes (le métier était dur, au sortir de deuxième guerre mondiale), parfois moins (il valait mieux rester en bons termes avec la CGT histoire de mettre un peu d'huile dans les rouages), le personnel de la SNCF s’est retrouvé doté d’un statut ultra-dérogatoire au droit commun du travail.

Tant que ça roulait, si l’on ose dire, tout le monde s’en contrefichait royalement. Et l’on ne songeait guère à leur chercher des poux dans la tête parce qu’ils partaient plus tôt en retraite que le commun des mortels ou empilaient les primes absurdes sur leurs fiches de paye (je dis ça pour faire court ; la suppression de la fameuse prime de charbon dès 1970, on est au courant...).

Les vaches maigres venues, pour autant, il a bien fallu que l’on se préoccupe de remettre d’équerre une boîte aussi essentielle au fonctionnement du pays. Et surtout chercher des moyens de réduire son endettement colossal tout en continuant d’investir massivement dans son développement.

Les cheminots le savent. Les usagers le savent. Même la CGT parle désormais de la nécessité d’une réforme...

Bah, c’est comme ça. Qu’ils finissent par rentrer dans le rang ou, au contraire, le pire n’est jamais sûr, qu’il fasse reculer Jupiter jusqu’à son Olympe, il faudra bien que nous nous passions de transports pendant 36 jours, prisonniers d’un interminable conflit sur lequel nous n’avons aucune prise. Prisonniers ? Otages, quoi...

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