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Notre empathie naturelle s’explique-t-elle par… nos gènes comme tente de l’établir une nouvelle étude scientifique menée sur 46 000 personnes ?
©STREETER LECKA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Comportements humains

Une étude menée par l'université britannique de Cambridge conclut à une corrélation, chez l'Homme, entre la génétique et l'empathie.

Pierre  Roubertoux

Pierre Roubertoux

Pierre Roubertoux est professeur de génétique et de neurosciences à Marseille. Il a créé et dirigé le laboratoire "Génétique, neurogénétique, comportement" du CNRS et a travaillé au laboratoire "Génomique fonctionnelle, comportements et pathologies" du CNRS, à Marseille. Il mène aujourd'hui ses recherches au sein du laboratoire de génétique médicale de l'Inserm.  Ses travaux sur la découverte de gènes liés à des comportements lui ont valu le prix Theodosius Dobzhansky, aux États-Unis.

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Atlantico : Une étude menée par des scientifiques de l'université de Cambridge, au Royaume-Uni, conclut à une corrélation d'environ 10% entre la génétique et l'empathie chez l'Homme, est-ce ce que vous en concluez, également ?

Pierre Roubertoux : Il y a une corrélation qui est significative, c'est-à-dire différente de zéro. En réalité, il y a une confusion (dans l'étude, ndlr), entre héritabilité et génétique. Comment ont-ils procédé ? Ils ont envoyé, par courrier électronique, des questionnaires aux 46.000 participants. Ils ont ensuite récupéré ces questionnaires et les ont mis en corrélation avec les résultats de la génétique. Mais qui vous dit que les questionnaires ont été remplis par les personnes à qui ils ont été envoyés ? Qui vous dit que les participants ont compris les questionnaires ? Et, interrogation la plus importante : qui vous dit que les questionnaires mesuraient ce qu'ils étaient censés mesurer ? Je mets en cause la méthodologie et l'interprétation des résultats.

Est-ce qu'on peut expliquer biologiquement les différences importantes constatées entre les hommes et les femmes ? Peut-il s'agit, pour ces différences, de facteurs non-génétiques ?

Je pense que ce sont des facteurs culturels. Quand vous entendez des femmes intervenir sur des questions de violence, elles sont moins belliqueuses que les hommes, peut-être parce qu'elles sont plus réfléchies. Ca fait partie de leur culture. 

Si l'empathie est partiellement déterminée par la génétique, cela veut-il dire qu'une partie de nos comportements sociaux sont prédéterminés ?

Il y a déjà une étude qui a été publiée dans la revue scientifique Nature Neuroscience en 2010 sur la génétique et l'empathie sur la souris. Ce qui posait problème, alors, c'était la définition de l'empathie. Parce que l'empathie, dans ces travaux sur la souris, c'est tout simplement l'apprentissage par l'observation d'autrui. Je ne sais pas si une partie de nos comportements sociaux sont prédéterminés, et personne n'en sait rien. Mais ce qu'on sait, c'est qu'il y a des comportements sociaux qui sont dus à des anomalies génétiques. On sait que dans l'autisme, il y a des gènes qui ont été bien identifiés. 

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