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Une tempête solaire doit frapper la Terre ce mercredi alors que les protections magnétiques de la planète sont affaiblies par l’équinoxe
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Orage

Une importante tempête solaire pourrait toucher la terre en ce 14 mars, ce qui coïnciderait avec une période d'affaiblissement du champs magnétique terrestre intervenant pendant l'équinoxe.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Une importante tempête solaire pourrait toucher la terre en ce 14 mars, ce qui coïnciderait avec une période d'affaiblissement du champs magnétique terrestre intervenant pendant l'équinoxe. Théoriquement, quels sont les risques d'une telle tempête solaire ? Quels sont les points de vulnérabilité pouvant être affectés ? 

La tempête solaire en question est estimée par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) de catégorie G1, soit mineure. Pour information, cette échelle des tempêtes magnétiques issues de notre Soleil va jusqu'à G5. Même avec l'affaiblissement du champ magnétique que vous évoquez, et qui est un phénomène cyclique normal, les perturbations attendues sont jugées mineures par cette agence fédérale américaine. Typiquement, le fonctionnement de certains satellites, y compris ceux en charge du GPS, pourrait être perturbé. Toutefois cela ne devrait pas dépasser leur capacité à résister à ce type d'orage magnétique. Au sol, quelques réseaux électriques plus vulnérables en raison de leur position géographique (nord de l'Amérique du Nord essentiellement) doivent faire preuve de vigilance pour éviter une surcharge susceptible d'entraîner des pannes. Surtout, c'est une aubaine pour les observateurs d'aurores polaires qui devraient bénéficier d'un superbe spectacle. Selon la NOAA, les régions favorisées par ces superbes draperies célestes, qui résultent de l'interaction des particules chargées venues du Soleil avec notre atmosphère, seront le nord des Etats-Unis (surtout le Michigan et le Maine).

Du point de vue de la surveillance, est-il possible d'anticiper de tels phénomènes et ainsi d'en contenir les effets, notamment sur les satellites ou autres points de vulnérabilité ?

Oui, une surveillance est possible et elle est même effective. Plusieurs moyens de surveillance sont chargés d'épier l'activité de notre étoile afin de prévoir les orages magnétiques les plus puissants. Ainsi, des satellites de plusieurs agences spatiales, dont la NASA et l'Agence Spatiale Européenne (ESA), ont été spécifiquement conçus pour observer notre étoile et fournissent aux spécialistes de nombreuses données qui permettent de faire une véritable météo spatiale (on dit "space weather" en anglais). L'avantage est que les soubresauts de notre étoile, les éruptions solaires principalement, n'ont pas un impact immédiat sur notre planète : l'orage magnétique qui en résulte met plusieurs jours à nous atteindre. Donc, en scrutant le Soleil, on peut prévoir avec une bonne fiabilité l'importance de la perturbation et quand elle nous atteindra. L'information est alors transmise aux autorités concernées afin que des mesures de prévention soit prises. On notera que dans de nombreux cas, la perturbation ne nous concerne pas car la Terre n'est pas sur le trajet de celle-ci.

Ce phénomène de tempêtes solaires est-il suffisamment pris en compte par nos sociétés, et nos industries ?

Il y a eu des progrès, mais il reste beaucoup à faire. Au chapitre des progrès accomplis, on peut remarquer qu'on dispose aujourd'hui de plusieurs observatoires et satellites qui scrutent en permanence notre étoile pour disposer d'une météo spatiale fiable. Mais cette infrastructure doit être entretenue, ce qui se traduit par des budgets pour construire puis lancer de nouveaux satellites qui prendront le relais des actuels et de quoi financer les moyens au sol. Or, la tendance est à la baisse des dépenses de l'Etat... L'autre axe est de mieux comprendre le fonctionnement du Soleil afin de disposer de modèles théoriques permettant de prévoir avec plus d'avance les soubresauts du Soleil.

Dans cette logique, en juillet prochain, la NASA va lancer la sonde Parker Solar Probe qui étudiera notre étoile en s'en approchant à seulement 6 millions de kilomètres (un record !). On peut au passage "s'embarquer" à bord de la sonde en enregistrant son nom sur internet (http://www.cite-espace.com/actualites-spatiales/ticket-soleil-2018/). L'Agence Spatiale Européenne (ESA) a prévu de son côté sa propre mission, qui sera complémentaire, et qui s'appelle Solar Orbiter. Son envol est prévu pour 2019. L'autre axe d'effort, et sur lequel il y a beaucoup de retard, consiste à modifier les infrastructures fragiles afin qu'elles soient plus résistantes. Plusieurs études montrent qu'en cas d'orage magnétique de très forte puissance les réseaux électriques pourraient subir des dommages importants qui se traduiront par des mois de réparation avant un retour à la normale. Ceci aura un impact important sur l'activité économique. De même, nos équipements informatiques s'avèrent vulnérables. Là aussi, une politique de prévention devrait aboutir à un renforcement des protections pour éviter des pertes de données ou des interruptions prolongées de services essentiels qui reposent sur l'informatique. Une étude avance par exemple que pour que le réseau électrique des Etats-Unis soit suffisamment protégé, la facture s'élèverait à 30 milliards de dollars. Une somme importante, mais au final elle pourrait être ridicule si une puissance économique comme ce pays voit une partie de ses moyens de production paralysés suite à une panne électrique de grande ampleur. Pour comprendre, on estime que si New York est privé d'électricité une journée, le coût économique s'élève déjà à 1 milliard de dollars ! La prise de conscience est donc là et les moyens de prévention sont identifiés. La suite est entre les mains des politiques.

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