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En 2032, un Le Pen se battra-t-il pour stopper l’émigration ?
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Zone franche

Empêcher les gens d’entrer, c’était fastoche. Les empêcher de sortir risque d’être une autre paire de manches.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le fiston de Marine Le Pen, lorsqu’il se présentera à l’élection présidentielle de 2032, devra peut être élaborer son programme en cachette de sa vieille maman. Ses « dix propositions pour stopper l’émigration », et singulièrement celle des enfants et petits-enfants d’immigrés, risquent en effet de la faire sacrément hoqueter.

Ériger des barrières pour empêcher les gens d’entrer, formidable... Mais pour les retenir, quelle idée ?

Aux États-Unis, où l’on est réputé avoir quelques années d’avance sur la vieille Europe, les Le Pen juniors planchent pourtant déjà sur le sujet. Et pour cause :  de l’autre côté de la mare aux canards, le « brain drain » à l’envers a commencé. Autrement dit, le départ vers le pays de leurs parents de jeunes ambitieux, attirés par une croissance à deux chiffres et des opportunités à l’avenant.

Un article du New York Times ― à prendre avec précaution au sens où il recense essentiellement des cas d’espèce, mais prospectif tout de même ― interroge ainsi une kyrielle d’Américains d’origine chinoise, indienne ou brésilienne qui, diplôme en poche, disent bye bye à l’Eldorado d’hier.  

Fatigués de faire des « likes » sur les pages Facebook de leurs cousins restés à Mumbai, Rio ou Shanghai pour les féliciter d’avoir déniché un job encore mieux payé que celui d’avant, de brillants alumni des meilleures universités abandonnent sans regret les stages non-rémunérés, les comptoirs à hamburgers et les envois de CV par paquet de 100.

Et nous parlons du pays de la Silicon Valley et des success stories instantanées, hein, pas d’une contrée en noir et blanc remplie de châteaux-forts et de musées des arts et traditions populaires !D’ailleurs, suggère le quotidien, « cette émigration n’est pas nécessairement une mauvaise chose pour les Etats-Unis : ces personnes acquièrent de l’expérience à l’étranger et y forment des réseaux professionnels. C’est la circulation des cerveaux plutôt que leur fuite ».

« Tss... Tu parles ! » semble répliquer Alwyn Didar Singh, un ancien haut-fonctionnaire au ministère des Indiens de l’étranger : « rien qu’en 2010, les arrivées de descendants de citoyens indiens ont franchi la barre des 100 000 ». « Nous sommes bien au-delà de l’anecdote », renchérit Edward J. W. Park, directeur du programme Asian Pacific American Studies Program à l’université Loyola Marymount de Los Angeles : « ces migrations sont stimulées par les efforts de certains gouvernements étrangers pour attirer des talents étrangers (...). Et il ne s’agit donc pas seulement d’individus prenant ce genre de décisions mais bien de gouvernements mettant en place des stratégies en ce sens ».

Jonathan Assayag, un Américain de 29 ans, d’origine brésilienne et diplômé de Harvard ayant préféré lâcher son job au Starbucks pour monter une startup à Sao Paulo, se marre et confirme : « Je parle la langue, je comprends la culture, je comprends la façon dont les gens y font des affaires ».

Hé hé, Le Pen junior on lui souhaite bien du plaisir... Dix années de croissance blairiste avaient déjà fait lorgner pas mal de jeunes diplômés des cités vers la perfide Albion. Deux ou trois décennies de boum économique en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient, on n’ose même pas imaginer le résultat.

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