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Les bons élèves, les cancres et les autres… Comment le gouvernement utilise la méthode des classements et du "name and shame"
©MICHEL EULER / POOL / AFP

Business

Nouvelles réformes, nouvelles méthodes. Importée des Etats-Unis, le "name and shame", ou la méthode du bonnet d’âne, fait des émules au gouvernement.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jeudi 8 mars : journée des droits de la femme etjour d’annonce, pour le gouvernement, du nouveau plan d’égalité salariale. Annonce effectuée au sein de l’entreprise Gecina, jugée exemplaire en la matière. La bonne élève affiche un taux de femmes de 60% dans l’entreprise, une grande féminisation des postes de direction, dont la direction générale, et un écart de salaire de seulement 3% entre les femmes et les hommes – contre 10% en moyenne dans le pays. Gecina a donc largement été mise à l’honneur lors de ce nouveau plan de réforme. Utiliser la communication pour faire appliquer les réformes, un réel pari d’Emmanuel Macron

Il l’avait annoncé pendant la campagne et il est persuadé de son efficacité.

La méthode du « name and shame » est d’ailleurs plébiscitée par beaucoup d’acteurs.  Littéralement, il s’agit de nommer les entreprises et de les « afficher », pour leur faire honte, en général sur un site internet officiel du gouvernement, et donc une liste logiquement reprise dans la presse.

« La stigmatisation fait changer les comportements. Personne n’a envie d’avoir le bonnet d’âne en la matière (…) alors que les gens aiment être valorisés », explique le président de la République.

Et Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, de rajouter de faire en sorte « que les entreprises qui n’ont pas de résultats soient obligées de s’expliquer et à terme soient sanctionnées ». Une sorte de conseil de classe où les récalcitrants, mis devant leurs erreurs, devront établir un plan d’actions.

Pour établir le classement des bons et des moins bons élèves : un tout nouvel logiciel de calcul, venu de Suisse et capable de mesurer les écarts de salaires entre hommes et femmes. Et pour toutes les entreprises, une enveloppe de rattrapage des salaires devra être réservée aux salariées victimes de discrimination salariale, qui pourront demander une compensation pendant 3 ans.

Mais ce qu’on constate, c’est que le « name and shame » semble s’être généralisé au sein de l’équipe gouvernementale. Et les ministres l’utilisent à toutes les sauces : Bruno Le Maire pour les entreprises ne respectant pas les délais de paiement - reprenant Emmanuel Macron ministre de l’économie en 2015, mais aussi Muriel Pénicaud sur la question des travailleurs détachés, Gérald Darmanin au budget pour épingler les grands fraudeurs fiscaux et même Stéphane Travert pour l’agriculture dans la relation entre agriculteurs et distributeurs.

Dans ce domaine, ces actions ont déjà porté leurs fruits.  Alors que le ministre de l’Agriculture avait communiqué sur les enseignes ayant accepté d’augmenter leur prix d’achat aux fournisseurs au moment de la pénurie de beurre, celles qui n’avaient pas été citées ont eu vite fait de rattraper leur retard et de communiquer rapidement sur leurs hausses de prix.

« On a beaucoup donné aux entreprises. Le respect des règles va de pair » estime Edouard Philippe.

Finalement, on est dans un système où le consommateur, salarié, est non seulement pris à témoin, mais est aussi juge. Car s’il considère que l’entreprise est fautive, le risque concerne la réputation de l’entreprise et la sanction immédiate est un ternissement de son image. A l’heure des réseaux sociaux, toute enseigne aimerait éviter d’être la cible d’un #Balancetonentreprise…

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