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Larcher, Sarkozy, Wauquiez : la droite face au défi des pièges de la réforme constitutionnelle
©Reuters

Lutte de pouvoirs

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy s’est exprimé à huis clos au Sénat, mardi, concernant le projet de réforme de la Constitution.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Nicolas Sarkozy était mardi soir, l'hôte du groupe de travail sur la réforme constitutionnelle au Sénat (-groupe composé de sénateurs de toutes tendances). L'ancien Président était invité à s'exprimer dans le cadre d'une réunion consacrée au bilan de la Réforme de 2009 qu'il avait initiée. La réunion qui s'est déroulée à huis clos, était ouverte à tous les sénateurs souhaitant y assister. Le président de l’Assemblée Nationale, François de Rugy, et son prédécesseur, Bernard Accoyer étaient également présents.

Aujourd'hui la réforme Macron est lancée avec les consultations des chefs de partis et responsables parlementaires par  Edouard Philippe, et le président du Sénat, Gérard Larcher  est considéré comme "l'homme qui détient la clef de la réforme". Lourde responsabilité pour le troisième personnage de l'Etat, qui préfère, par nature,  la négociation au passage en force. Car, pour modifier la Constitution, il faut les trois cinquièmes des voix de députés et sénateurs réunis en Congrès à Versailles. Et malgré l'élection de plus de trois cent députés LREM, le compte n'y est pas pour l'exécutif. Pour obtenir les 3/5es des voix, Emanuel Macron a besoin des suffrages d'une partie des élus LR, notamment des sénateurs, celles des députés LR, n'étant  guère espérée. En 2009, Nicolas Sarkozy avait  gagné avec une voix d'avance, celle de  Jack Lang, alors élu PS. Professeur de droit public, l'ancien ministre de la Culture avait alors choisi de ne pas suivre la consigne de son camp car il approuvait la réforme. Il était d'ailleurs présent hier soir pour témoigner.

Si Nicolas Sarkozy a été convié ainsi en grande pompe au Sénat, pour faire le bilan de "sa" révision constitutionnelle, ce n'était évidemment pas pour que l'ancien président se livre à une autocritique de "sa" réforme, même s'il a pu ça et là admettre quelques imperfections -qu'il avait l'intention de corriger s'il avait été réélu. A commencer par la venue du chef de l'Etat devant le Parlement réuni en Congrès : il peut  leur délivrer son adresse, mais pas entendre les interventions des parlementaires, ni leur répondre... L'ancien président s'est en revanche félicité du renforcement des droits de l'opposition, avec les  QPC (question prioritaire de constitutionnalité), le contrôle de l'Elysée par la Cour des Comptes, "une rupture" à l'époque, la nécessité de l'approbation par le Parlement de l'engagement de nos troupes à l'extérieur... Si l'ancien chef de l'Etat s'est abstenu de critiquer le projet que l'on prête à Emmanuel Macron, -dont toute la teneur n'est pas connue, il a, en creux  lancé  quelques flèches à l'équipe actuelle, à propos du gouvernement par ordonnances qu'il "n'aurait jamais imaginé" de son temps. De même a-t-il exprimé ses réserves sur l'utilisation du référendum, (- dont les conditions sont assez restrictives). Pour Nicolas Sarkozy, qui a renvoyé au Général de Gaulle, il faut "une question simple" pour un  référendum. Parmi les réformes dites constitutionnelles envisagées par l'exécutif, il en est qui ne relèvent pas directement du texte sacré, notamment le nombre de parlementaires. On prête à Emmanuel Macron l'intention d'interroger les Français sur cette question, très populaire dans l'opinion, mais un brin populiste, parce qu'il est de bon ton de taper sur les élus...

L'ancien chef de l'Etat qui reste présent dans la vie politique en dépit de son statut de " retraité", prendra-t-il la parole publiquement pour donner son point de vue lorsque le projet précis du gouvernement sera connu, ou va-t-il se contenter de conseiller ses amis  qui viennent le consulter régulièrement ? Public, ou rapporté par des voix autorisées, son avis va compter, bien plus que celui des responsables du parti aujourd'hui dirigé par Laurent Wauquiez. L'ancien Chef de l'Etat se forge une stature ...

Pour l'heure, les chefs de Partis ne sont pas consultés, mais uniquement les patrons des groupes parlementaires. Les responsables des groupes LR ont promis de faire bloc, pour le moment ...Ils n'affichent pas les mêmes casus belli... Le président Sénat s'est montré très réticent au projet de limiter à trois à la suite, le nombre de mandats électifs (-à l'exception des maires des communes de moins de 3500 habitants). Obtiendra-t-il gain de cause en échange d'autres concessions? Fera-t-on appel à Nicolas Sarkozy pour établir un  consensus?

"La clef de voûte de la 5e république c'est le scrutin majoritaire. Ce qui permet d'avoir un gouvernement stable en France, c'est cela ...A partir du moment où on y touche, il y a  risque d'instabilité, voyez ce qui se passe en Italie, ou ce qui s'est passé en Allemagne ", explique de son coté Christian Jacob, le président des députés LR, vent debout contre le projet  d'introduction d'une dose de proportionnelle dans le mode d'élection d'une partie des députés. Le patron  des députés LR exprime également " de grandes réserves" sur le projet d'inscrire la spécificité de la Corse dans la constitution. Moins public, mais  également sur la table, la réforme du travail parlementaire afin d'accélérer la mise en oeuvre des réformes. L'assemblée et le Sénat ont présenté leurs propositions pour réformer leurs méthodes de travail qui nécessitent un sérieux  dépoussiérage, mais on prête aujourd'hui au gouvernement l'intention  de limiter le nombre d'amendements...au prorata de la taille des groupes. Sacrilège pour les députés. Pas très grand public, mais éloquent sur la volonté de l'exécutif de mettre fin aux tergiversations souvent inutiles, mais  souvent éclairantes. Une chose est sûre, la réforme constitutionnelle donne lieu à un jeu de lutte de pouvoirs serrée entre l'Assemblée et le Sénat, les partis et les groupes parlementaires. Emmanuel Macron va-t-il les contourner  en convoquant un référendum? 

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