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Attention aux parcs à trampoline, les blessures y sont de plus en plus nombreuses
©Flickr

Boing

Les "trampoline parks" se multiplient depuis quelques années partout en France. Une activité ludique et sportive dont on oublie souvent la dangerosité. A Dunkerque, le 17 février, un jeune homme y laissa sa vie.

Jérémy Vaugoyeau

Jérémy Vaugoyeau

Diplômé de l'UFR STAPS management des organisations sportives, Jérémy Vaugoyeau a été directeur adjoint d'un trampoline park et directeur adjoint d'exploitation d'un parc aquatique.

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Atlantico : Un article de la BBC alerte sur la hausse du nombre de blessures survenues dans les parcs de trampoline en Angleterre. Aujourd'hui qu'appelle-t-on communément un "trampoline park" et qu'est-ce que leur multiplication dans l'Hexagone pose comme questions ?

Jérémy Vaugoyeau : Les trampoline parks existent depuis une dizaine d'année en France et connaissent un développement récent depuis quelques années avec la multiplication de ces derniers à travers la France, généralement près des grands bassins de population. Ce sont concrètement des parcs de loisir dans lesquels s'organisent plusieurs activités organisées autour du trampoline (Basket dodgeball…). Le succès de ces parcs s'explique assez simplement car ils proposent des activités novatrices et des loisirs originaux pour les familles, les jeunes, et ils s'inscrivent dans la mode actuelle qui est de pratiquer des activités sportives qui se pratiquent traditionnellement à l'extérieur, en intérieur (on peut citer à ce titre les salles d'escalade).

Pour avoir une idée de l'ampleur du phénomène, on devait compter en fin d'année 2017 à Paris quatre ou cinq entreprises de trampoline parks, certaines d'entre elles disposant de plusieurs centres. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir dans les business plan de ces entreprises des prévisions d'ouverture de centre tous les six mois.

Les accidents fréquents ne sont pas tant liés à la multiplication des parcs, même s'il est logique de constater une hausse du nombre d'accidents plus ou moins grave au fur et à mesure que le phénomène prend de l'ampleur mais il y a un réel besoin de s'interroger aujourd'hui sur la gestion de ces parcs de loisirs.

Les activités basées autour du trampoline sont évidemment accidentogènes. Si vous ne savez pas vous comporter sur un trampoline il est très facile de vous faire mal. Le problème c'est qu'en plus de ce paramètre viennent se greffer de mauvaises habitudes de gestion qui viennent encore renforcer la possible dangerosité de ces centres.

Quels disfonctionnements ou mauvaises habitudes sont les plus courants dans ces parcs de loisir ?

Il convient de distinguer ce qui relève de la responsabilité individuelle et de la responsabilité des exploitants dans les accidents.

D'abord au niveau individuel il faut comprendre que les trampoline parks sont conçus comme des parcs de loisirs ce qui fait que les gens ont tendance à négliger les règles élémentaires qui relèvent souvent du simple bon sens car il y a un sentiment de sécurité qui laisse à penser que l'activité est sans risque. On pense que les installations sont faites de manière à ce qu'il soit impossible de se faire mal et c'est une erreur. Le pratiquant doit être conscient de ce qu'il peut faire mais aussi de ses limites. Ce qui suppose un minimum de renseignement sur l'activité si on ne l'a jamais pratiqué.

L'encadrant de son côté doit normalement expliquer à chaque visiteur ce qu'il peut faire et ce qu'il faut éviter. Le problème est qu'il est difficile de le faire convenablement au vu des effectifs d'encadrants présents sur le centre par rapport au nombre de clients. Là c'est un problème qui est souvent conjoncturel mais on ne cachera pas qu'il y a aussi une logique de réduction des coûts derrière. Cela va créer des situations aberrantes dans lesquelles on peut parfois voir un seul "coach" qui sera en charge de surveiller une centaine de personnes. Impossible dans ces conditions d'expliquer convenablement les règles de sécurité aux usagers qui arrivent tout en gardant un œil sur tous ceux qui sont déjà là.

Autre problème, cette fois structurel, les normes de sécurité sont souvent en contradiction avec les obligations de rentabilité des centres. De manière très concrète il ne doit pas y avoir plus d'une personne par trampoline mais s'il n'y a qu'une personne par trampoline le parc ne sera pas rentable.

Ce mélange de négligences personnelles et de mauvaise gestion (couplé aux logiques de rentabilité parfois zélées de certains exploitants) font qu'il ne faut pas s'étonner du nombre d'accidents dans ces parcs de loisir. J'ai déjà été témoin d'un centre dans lequel les pompiers devaient se déplacer une fois par jour pour venir récupérer des gens qui se blessaient, pour le plus grand agacement des pompiers d'ailleurs.

Enfin, quelles préconisations peut-on faire aux usagers mais aussi aux exploitants ?

Il y a des règles. Elles ne sont pas faites pour rien et il faut les observer. Une personne par trampoline, respecter les parcours de saut pour éviter les collisions, éviter de courir, ne pas sauter en arrière… Encore une fois cela relève du bon sens mais c'est le manque de respect de ces règles qui cause la plupart des accidents. C'est une bonne chose de s'amuser mais c'est mieux de repartir entier.

Ensuite il faut se renseigner. Ne serait-ce que pour savoir si l'âge des enfants est compatible avec l'activité. Un enfant de quatre ans n'a pas sa place sur un trampoline park. Encore une fois cela peut paraître évident mais j'ai déjà, à titre personnel, dû expliquer à une dame que son enfant de 1 an ne pouvait pas accéder aux installations.

Ensuite à mon sens, mettre en libre accès un espace de trampoline est trop accidentogène. Peut-être faudrait-il réfléchir à un nouveau concept qui permettrait un vrai encadrement. Le problème de cette idée est encore une fois la contradiction manifeste avec l'obligation de rentabilité de ces entreprises.

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